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EN ALAN AR MEURVOR
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6 janvier 2010

TROVAN 3 : VISIONS EDENIQUES

A plusieurs occasions, alors que nous discutions des projets pour la journée, Vladimir, après que j’évoquais quelques plages possibles, me lançait : « on va dans la forêt. » ! Etait-ce la proximité relative de l’équateur qui inversait ainsi les données ? Mais ce monde à l’envers, tout surprenant qu’il fût, n’était pas pour me déplaire. Monsieur voulait des plantes, eh bien il en aurait, à satiété. Il faut dire que dès notre première et courte escapade au sein de la végétation luxuriante, mon cher et tendre était tombé en pamoison devant un plante et qu’il brûlait de la revoir. Par chance, j’avais pu, dès le premier coup d’œil, la nommer, sans grand mérite d’ailleurs, puisque cette dernière fait bonne figure dans les jardineries au rayon des dites « plantes vertes » - laissant étrangement supposer qu’il en est des bleues ! - : le philodendron. N’ayant de grec que ce que la botanique m’a enseigné, je pus, avec la même facilité, lui en donner la signification et Vladimir eut tôt fait de constater par lui-même le bien fondé du vocable car le philodendron assurément, aime les arbres, à tel point qu’il les fait disparaître sous ses manifestations amoureuses.w96

A deux reprises, nous traversâmes la forêt tropicale humide pour nous rendre au pied de célèbres cascades. Or, en 2004 eut lieu un tremblement de terre qui occasionna des glissements de terrain aux abords des chutes d’eau et les autorités locales condamnèrent alors les accès immédiats à ces dernières pour des raisons de sécurité. Cette impossibilité d’approcher les chutes est signalée dans tous les guides récents et autres offices de tourisme si bien que ces sites réputés trop fréquentés étaient déserts. Nous avions le confort de beaux chemins taillés au travers des arbres sans l’encombrement des visiteurs. Le paradis.w3 J’ai pensé alors, avec un brin d’étonnement, que la végétation tropicale par elle-même, n’exerçait pas un attrait suffisant pour justifier le déplacement des masses ! J’en eus d’ailleurs confirmation lors d’une de ces promenades. Un couple un peu bruyant s’était engagé à notre suite et je le regrettais. Mais au bout de quelques centaines de mètres, l’homme déclara qu’il n’y avait rien à voir et ils rebroussèrent chemin. Rien à voir ! Il me faudra vérifier la définition du mot « rien » dans le dictionnaire.

Que dire de cette forêt si ce n’est qu’elle un émerveillement à chaque pas. Toujours située en altitude où elle trouve les conditions pluviométriques nécessaires, il n’y fait jamais trop chaud, des nuages traînent souvent à proximité et le soleil n’y brille pas toujours. Des arbres, on ne voit généralement que le tronc - des troncs souvent étoilés de contreforts parfois très larges entre lesquels un homme pourrait facilement se nicherw5 - car le feuillage situé très haut est masqué par un manteau de plantes épiphytes abondantes.w3w31 Des philodendrons biens sûr, des lianes, des fougères, des orchidées – hélas sans fleurs – une espèce d’ananas pour ce que j’ai pu repérer. w7Les espèces de fougères sont innombrables et les tailles variées : des plus petites, dépassant à peine la dizaine de centimètres aux formes arborescentes.w6 Pour ces dernières, c’est cyathea muricata qui est représentée. Elle est plus grêle et moins imposante que la dicksonia antartica que l’on peut voir à Brest entre autre. w1w2w21En sous bois poussent quelques palmier, un sorte de bananier sauvage et autres plantes à feuillage monumental. Au fil de nos promenades, l’environnement, bien qu’en grande partie anonyme, me devient rapidement familier. Je constate, pour ce qui est évident, ou j’apprends plus tard pour d’autres, que bien des espèces sont introduites. Je dois dire qu’une zone dont la pluviométrie avoisinerait celle des Monts d’Arrée (1400mm/an) serait ici considérée comme les marches de la zone sèche. Il tombe au sommet du volcan 12000 mm/an ! C’est dire qu’humidité et chaleur rendent les cycles naturels rapides. Et je constate en effet, je l’avais entendu dire, que la couche d’humus est ici bien plus maigre que dans nos contrées malgré l’abondance végétale qui nous recouvre. Certaines feuilles sont si lourdes que leur chute est bruyante et inquiète. Pourtant, peut-être pour ne pas avoir vu d’insectes terrifiants ni de sous bois inextricables, cette forêt m’a semblé à chaque fois très accueillante et sereine. Passée la sensation d’étrangeté, j’ai assez vite ressenti très fortement ce sentiment bien connu qui m’envahit quand je suis en sous-bois, cette ambiance « cathédralienne » qui doit être, je pense, de toutes les forêts du monde.

(plantes introduites : le bambou, viser lepetit bonhomme au pied pour estimer la taille, ensuite nicolaia eliator, dite rose de porcelaine, feuilles et fleurs impressionnantes!)

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(ici la racine contrefort sert d'appui à un escalier du sentier)

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(mille pattes arborescent)

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A l’occasion de la première de ces balades, nous approchâmes la seconde cascade du Carbet où la rivière franchit une marche de 110 mètres de hauteur ! Celle là même devant laquelle s’était extasié C. Colomb en quête d’eau. Comme annoncé, quelques dizaines de mètres avant la chute, nous butons sur une barrière et une pléthore d’avertissements et interdictions placardées à l’entour. Autant dire un aiguillon pour l’esprit insoumis karagarien ! Il faut dire que la frustration était assez grande d’entendre le vrombissement des eaux si proche sans pouvoir vraiment jouir de la vue à cause de la végétation dense. Ensuite, après avoir examiné le terrain, il me sembla que, si glissement de terrain il devait y avoir ou tout autre activité sismique, nous n’étions pas moins exposé d’un côté ou de l’autre de la barrière. Enfin, craignant plus, au fond, les remontrances que les colères de la nature, je me dis que ce serait bien le diable si une quelconque autorité devait nous repérer au beau milieu de la forêt tropicale…

C’est ainsi que fut franchie la barricade et que nous suivîmes le lit du torrent en direction de la muraille immense et de son rideau d’onde. Nous touchions presqu’au but lorsqu’un tonnerre assourdissant retentit au dessus de nos tête. Un hélicoptère apparu et fit du sur-place pour nous dissuader de continuer. La situation tient en une phrase, mais je peux vous assurer que voir surgir cet insecte d’acier en pleine forêt tropicale, menaçant et si prêt de ma tête, fit remonter des souvenirs enfouis de films d’aventures, de chasse à l’homme du ciel. Et je m’attendais à entendre les coups de feu fuser d’un instant à l’autre. Je me précipitai sous le couvert des arbres pour sortir du champ de vision de ce monstre volant obéissant plus à un instinct incontrôlé qu’à la manifestation de la loi ! Il me fallut quelque temps pour retrouver mon souffle. Il faut ajouter que je fais des rêves récurrents de menace venant d’engins volants et que c’était là un de mes démons qui se manifestait en réalité.

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Karagar retint-il la leçon ? Que nenni ! Quelques jours plus tard nous nous dirigeons vers la troisième chute du Carbet, la plus en aval. Avec seulement 20 mètres de dénivelé, elle est plus modeste que ses deux grandes sœurs. Après la traversée de la forêt, de nouveau barrière et avertissement. Un jeune couple rencontré sur le parking (leur voiture et la notre uniquement) et que j’avais averti au sujet de l’accès interdit, ayant fait moins d’arrêts philodendronesques sur son parcourt, arrive avant nous. Nous les croisons alors qu’ils s’en retournent. Ils confirment. Barrière et surtout chemin effondré, passage impossible.

Quelques minutes après nous arrivons sur place. Nous restons quelques bonnes minutes à examiner la topographie. En effet, un pan de vallée s’est effondré, coupant le chemin en deux. Mais à bien y regarder, traverser la zone d’effondrement, ne semble pas plus difficile de d’atteindre certaines criques capistes. Karagar et Vladimir passent sans problème et gagnent le privilège de la chute et de son bassin pour eux seuls, en tenue d’Adam de Tarzan. Je dois faire des efforts sur moi-même (le filet d’eau d’une douche me faisait paniquer quand j’étais gamin et il fallait être deux pour me tenir pour me laver les cheveux), car le jeu en vaut la chandelle, je ne suis pas sûr de retrouver une telle occasion dans ma vie.

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Commentaires
L
Il nous manque quand même le cri de Tarzan avant qu'il ne plonge dans la chute ! Comme dans la série téléviésée avec Ron Ely, quand on était petits...<br /> Bon, lui, il portait un pagne.... :-)<br /> <br /> C'est magnifique.
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C
Inutile de dire que tout cela va renforcer l'idée qu'il faut que nous y allions, idée déjà soufflée il y a plus de deux ans à l'occasion d'un cadeau pas tout à fait innocent...<br /> Ces photos (des vraies, pas celles d'un livre) sont formidables et reflètent une réalité bien vécue. J'ai été étonné par le cumul annuel de précipitations en haut du volcan, même si je me doutais que cela ne devait pas être loins des 10 m. Sinon, c'est vrai qu'il y a de quoi se faire plaisir avec l'archiecture des végétaux et des forêts, très exotique, même si je les ai déjà vu représentés dans les livres spécialisés.<br /> Merci pour ce nouvel épisode.<br /> J'ai vu qu'il y avait au moins 3 espèces de Philodendron là-bas : sur ta première photo, par déduction, il pourrait s'agir du P. lingulatum...
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C
Le sentiment de se trouver dans une cathédrale me rappelle Baudelaire et son poème "Correspondance". Dans un tout autre sens, merci de la tienne qui nous fait revivre, en images, des vacances.
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K
Tout est beau le mot est bien faible, dendronesquement beau,et même qu'on trouve rien à dire.<br /> Mais j'adore vraiment le collage des 2 dernières photos. Non, sans rire, je les trouve super belles.<br /> Et pis alors regarder ça, vêtue de 2 pulls avec l'oeil sur la baie blanche...c'est dingue.J'en frissonne.
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