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EN ALAN AR MEURVOR
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27 mai 2011

KERNOW 2 : PORTHYNYS

L’arrivée en Cornouailles fut d’abord un choc thermique. Une sorte de retour à la normalité d’un climat océanique que nous ne percevons plus guère ici, il faut bien le reconnaître, depuis près de trois mois maintenant. Curieusement, le soleil régna en maître jusqu’à ce que les côtes du Devon soient en vue, ce qui ne manqua pas de donner à cette traversée de la Manche (la première que j’effectuais de jour et de surcroit si tard dans la saison) des allures de croisière.  Je m’offris le luxe d’une somnolence à même le pont supérieur, près de l’aire d’atterrissage pour hélicos, aidé en cela par la courte nuit que j’avais passée. A ce moment, d’ailleurs, une réflexion me traverse. Le navire est au milieu de la Manche – une sorte d’autoroute pour porte-conteneurs de tout gabarit – et pas la moindre terre, ni brittonique, ni britannique, n’est en vue d’aucune part. Je ne l’avais jamais observé et cette idée me travaille depuis longtemps. Mais sans doute le ferry est-il trop gros pour que l’encerclement marin ait la force évocatrice nécessaire et j’estime alors l’expérience à renouveler autrement. La dualité entre le rêve de mer et la réalité de la mer m’obsède depuis longtemps, dans ses ressorts romanesques j’entends. Une heure avant l’arrivée, je connais ce détail  que le hasard m’avait fait découvrir depuis vingt ans, nous passons au droit d’Eddystone lighthouse,  w1qui a remplacé une première tour construite par l’ingénieur Smeaton et qui fut le premier phare en mer jamais bâti. Celle-ci, transférée sur la terre ferme,  est devenue monument historique. w2Derrière Plymouth, las hauteurs de Dartmoor, bien-sûr, mais aussi un ciel ennuagé dont je n’ai plus l’habitude et qui présage du temps pluvieux que j’aurais sur ma route vers le far-West. J’apprendrai plus tard qu’il y a déficit de pluie ici aussi mais les effets en sont moins visibles. La verdeur règne encore et les ruisseaux cascadent. Quand j’arrive à Mousehole, il fait presque froid pour le frileux que je suis devenu. Vladimir a repéré un parking gratuit et m’attend là, sur le bord de la route. Nous rejoignons notre hôtel. w3

De manière un peu extraordinaire, certains endroits vous convoquent de multiples façons. C’est le cas de ce petit port sur la baie du Saint Michael’s Mount. Lorsque j’avais lu, il y a longtemps de cela, l’album pour enfant d’Antonia Barber, où le chat d’un pêcheur calmait la tempête de son ronronnement, j’étais loin d’imaginer, tant les dessins semblaient relever du cliché, tant ces deux jetées encadrant cet étroit passage me paraissaient improbables, que cet endroit existait vraiment.w6 Lorsque j’entendis parler de Dolly Pentraeth pour la première fois, la dernière personne dont le cornique, l’idiome le plus proche du breton, était la langue maternelle, j’ignorais qu’elle avait vécu  au même endroit que le célèbre chat imaginairew19 et qu’elle était enterrée un peu plus haut, à Paul.w22w23 Concernant l’album, je l’avais compris en traversant le port en voiture sur la route de Land’s End, il y a deux ans. Cela peut paraître anodin, et ça l’est sans doute, mais voir devant ses yeux un lieu que l’on pensait imaginaire est une étrange expérience. Les rues du village sont si étroites que stopper ou rebrousser chemin avait alors été impossible, nous étions d’ailleurs un peu pressés, c’était notre dernière journée, et nous sommes revenus réparer ces négligences.

 

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Entre les deux jetées, St Michael's Mount :

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La seule maison ayant resisté aux espagnols:

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Une série de jardins minuscules surplombait la mer :

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En déambulant, je ne pouvais, de temps à autres, m'empêcher de sursauter... w11Plusieurs choses restent inexplicables. Pourquoi cet endroit s’appelle-t-il Mousehole ? Son nom cornique, Porthynys (= porzhenez) est beaucoup moins sibyllin, car un ilot de récifs fait face au port. Pour moi c’était l’étroitesse de l’entrée du port qui lui avait valu le nom anglais, mais rien n’est moins sûr.w4 On parle d’une grotte marine un peu plus loin, ou bien de la déformation d’un toponyme cornique dont le première élément serait « fille » et donc on pense au breton « maouez » dont la prononciation n’est pas éloignée de l’anglais « mouse ». Pourquoi aussi, ce village aux ruelles étroites, aux nombreuses arrière-cours, ne semble-t-il peuplé que de… chats, qui apparaissent à chaque angle de rue comme par magie ?

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Enfin, pourquoi les fuchsias sont-ils des arbres ici ?

 

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Commentaires
K
Lancelot> On n'aurait pas dû être dépaysé par ce type de ciel, mais cette année si, la fraîcheur et la pluie étaient presque exotiques :)
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L
J'aime beaucoup le mélange gris-couleur sur toutes tes photos, l'un et l'autre se partageant sans cesse le premier plan et l'arrière plan, de façon totalement imprévisible. Ah l'Angleterre...
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L
Rhooo... je re-regarde, et le chat blanc avec ses moustaches qui se détachent sur son cou noir, il est trop beau !
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C
Non non, pas du tout bien au contraire, mais j'ai l'impression d'avoir déjà rêvé le fait de vouloir faire rentrer un bateau comme le Quenn Mary 2 dans ce port. C'est difficile à exprimer (y compris pour moi-même), mais quelque part, je ressens comme une responsabilité personnelle d'avoir prévu un port et une entrée trop petite.
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K
Cornus> Tu trouves vraiment cet endroit cauchemardesque??
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