Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
EN ALAN AR MEURVOR
EN ALAN AR MEURVOR
Publicité
Derniers commentaires
Archives
15 août 2009

CATHEDRALES

De l'archéologue Karagar

wme1

Bien sûr, il en eut ! Plus que je ne l’escomptais. A tel point que certaines furent ignorées, comme celle de Toulouse sacrifiée à Saint Sernin  wt1(la plus grande église romane de France et le modèle de Santiago !) et à l’église des Jacobins, sans doute une des églises gothiques les plus originales qui se puisse voir avec sa nef unique séparée d’une file de piliers médians autour du dernier desquels tourne une étonnante voûte en palmier, sorte de version occitane des chapter houses d’outre-manche. wt2

J’ignorai aussi celle d’Astorga pour une raison que j’expliciterai lorsque j’aurai décidé que l’été est fini. ww3

Oviedo n’eut droit qu’à un rapide coup d’œil un peu dédaigneuxww1, quant à celle de Bayonne, je n’en aperçus que les flèches dominant la rivière, d’une façon quelque peu « corentinienne », du chemin d’un retour qui ne tolérait plus de halte.

A l’inverse, il en fut une qui s’invita contre toute attente, Burgos, dont je n’avais pas prêté attention qu’elle était sur notre route, décidément compostelloise sans le vouloir.

J’avais noté par contre, que la route qui nous menait d’Avignon aux Pyrénées, effleurait la cité de Narbonnaise, ville de haute antiquité. Il s’y dresse une cathédrale dont je voulais mesurer l’effet plastique en trois dimensions car elle se trouve être une géante inachevée dont la voûte talonne Amiens – une sorte de Beauvais du sud – et ses arcs-boutants gigantesques présentent une caractéristique unique : ils sont reliés par un chemin de ronde crénelé. Malgré le manque de recul nécessaire face à une telle géante, je goûte à la croupe narbonnaise et devine un bel étagement. Mais à l’intérieur, en dépit de proportions hardies, le chœur a la sècheresse de toutes ces cathédrales méridionales bâties sur le modèle du gothique du nord, dans la lignée de Clermont et Limoges. Je reste froid.

w1w3w2

Si l’image d’une cathédrale doit me venir en tête à l’énoncé de « cathédrale espagnole », c’est bien Burgos. C’est que, à l’âge tendre où les cathédrales me fascinaient déjà mais où la documentation dont je disposais était clairsemée, j’avais vu une image de Burgos qui m’avait fait un choc. Impression de complexité et de baroque avant l’heure. Par ailleurs, ma mère donnait des cours de français à une voisine espagnole qui un jour déclara, qu’elle avait visité Burgos et n’avais jamais rien vu de plus beau. Il m’était si rare d’être le témoin d’un tel enthousiasme pour une cathédrale, cela me touche toujours beaucoup. C’est pourquoi je fus heureux de constater que la « bête » était sur notre route.

Burgos est une cathédrale d’une apparente complexité au premier regard. C’est que, comme beaucoup d’édifices ibériques, à la croix latine toute classique du plan originel, se sont greffées quantité d’ « annexes », qui dans le cas présent, sont particulièrement monumentales. A l’intérieur, on est surpris de deviner sous les rhabillages postérieurs, une église d’un gothique assez primitif venu directement de France, mais plus timoré dans son expression. Bien sûr, un immense retable baroque, empêche toute vision d’ensemble. Une cathédrale dont on ferait vite le tour (architectural) ne seraient-ce ces protubérances octogonales dont elle est hérissée, au premier rang desquelles, la tour lanterne, d’une telle surcharge décorative de flamboyant mâtiné de renaissance qu’on s’en émouvrait presque. Mais une chapelle latérale et la chapelle d’axe sont surmontées aussi de ces lanternes octogonales, plus sobres et où l’on peut voir une chose unique que je découvrais alors : la voûte lumière. Les anglais m’avaient déjà habitué à ces voûtes entièrement habillées d’un réseau, tel des fenestrages, seulement ici la lumière passe. Voilà un des rêves gothiques – la lumière omniprésente – poussé ici à l’un des ses extrêmes.

w1

w4

ww2

w2

w3

w5

w12

w9

w10

w11

w14

w13

Le cloître, à deux niveaux, d’un gothique rayonnant français d’une rare orthodoxie, est un autre grand moment de plénitude de la visite, portés que nous étions par une étonnante musique expérimentale.

w15

w16

Le portail du transept sud, notamment son tympan et voussures, me ravit aussi par la grâce de ses personnages.

w6w7w8

La cathédrale que j’attendais, celle qui était le point d’orgue architectural du périple, était celle de Leon. Cet édifice est une sorte de pièce rapportée en pays espagnol, un vaisseau du plus pur rayonnant français, sans toit ! Si l’on excepte le chœur de Cologne, et bien que toute l’Europe adopte le gothique du domaine royal, je ne connais pas d’autre édifice non français (au sens médiéval du terme) où soit tentée une réplique parfaite de l’opus francigenum. Je suis plutôt friand des expressions particulière du gothique dans tel ou tel pays que je visite, mais ce qui m’attirait à Leon, est que les photos que j’avais vues me donnaient à penser que cette cathédrale était une des grandes réussites du rayonnant français, bien que bâtie par un espagnol. Et de fait, mon intuition était bonne. Leon, malgré un extérieur un peu hautain et sec, est un des grands vaisseaux rayonnants, elle flirte avec Saint Denis, et offre même sur cette dernière l’avantage d’avoir gardé ses vitraux médiévaux !

Cependant, hélas, je devine l’excellence de cette architecture plus que je la savoure ! Ici de nouveau, un immense retable casse en deux cette espace qu’on s’est donné tant de mal à rendre unitaire et le chœur est lui aussi coupé en deux, verticalement cette fois, par un plancher pour restauration. Heureusement, le transept s’offre sans entrave et fait fantasmer la cathédrale libre de ses verrues. L’œil avisé s’amuse de certains détails. L’architecte a fait son marché en France. L’imitateur est toujours plus libre. Il fait cohabiter dans un même bâtiment des détails empruntés de ci de là et qui lui ont plu mais qui moi me paraissent anachroniques. (Telles les rosaces de style chartain voisinant avec les à-jours gracile de Saint Denis, de quarante ans leurs cadets…)

La gratuité de la visite n’est pas la moindre de des qualités de l’église épiscopale, qui nous permet de revoir le vaisseau à d’autres moments. Le soir notamment, avant la clôture, c’est sur nous que se referme la porte…

wl7

wl3

wl6

wl5

wl2

wl1

wl4

La ville, malgré la pluie qui semblait annoncer déjà l’ouest, nous a beaucoup charmés…

wl9

wl10

wl11

wl8

Publicité
Publicité
Commentaires
K
Cornus> Comment "une fois n'est pas coutume, sont tout bien comme il faut" ???? Hein ????
Répondre
C
Vraiment extraordinaire ces catandrales, avec évidemment, une mention spéciale pour Burgos. Et tes photos, une fois n'est pas coutume, sont tout bien comme il faut.
Répondre
L
Je n'avais encore jamais vu de cloître "à deux niveaux". C'est impressionnant. Il en existe, en France ?
Répondre
K
Oh la "voûte lumière" c'est d'une beauté ! Et elle colle avec 3 phrases que j'osais, avant de l'avoir aperçue ici, mettre dans la bouche d'un de mes personnages...Rassurant pour la béotienne que je suis encore hélas.<br /> Pour le reste je reviendrai m'user les yeux plus tard.<br /> Mais mon oeil s'est quand même posé d'emblée, va savoir pourquoi, sur un joueur d'orgue portatif bien intéressant.<br /> Quand à la chaîne-chapelet à tête de mort,ça fait frémir.
Répondre
Publicité