DIWEZH
Ce post sera donc le dernier consacré à notre périple méridional. Nous avons passé la deuxième semaine dans un gîte trouvé par hasard et au dernier moment sur Internet et qui nous donna entière satisfaction. L'isolement était total puisqu'il fallait quitter la route et suivre une piste forestière très cahoteuse sur plusieurs kilomètres, au milieu d'ocres rouges.
Nos propriétaires s'avérèrent être anglais (nous l'ignorions) et la femme y a une petite exploitation maraîchère bio non labelisée. Nous achetions donc nos légumes sur place et mes le basilic pourpre. Le dernier jour nous fîmes l'honneur à la maîtresse de maison (enfin de serre) de visiter son potager. Nous fûmes surpris de constater, malgré la chaleur et une attention quotidienne, la maigreur des végétaux comparés aux nôtres. J'ai vraiment touché du doigt ce que voulait dire avoir une bonne terre. Voici notre petit gîte.
La route du retour nous faisait obliquer vers l'Atlantique et nous nous trouvâmes dans les mêmes parages que le premier jour quand nous avions fait escale au Pilat et la perspective d'une nouvelle cathédrale qui manquait à ma collection me fit dire : Bordeaux.
Vladimir m'en voudrait de ne pas rendre hommage à sa présence d'esprit et à son aïe phone. Il faisait très chaud malgré l'heure. Après nous être garé, nous nous entendons dire à la réception d'un hôtel d'une chaîne bien connue qui se décline sous plusieurs noms selon le standing qu'il était illusoire d'espérer trouver une chambre libre dans le centre ce soir là. Je repars en voiture pour m'éloigner du centre pendant qu'à mes côtés Vlad pianote, puis téléphone. Et voila une chambre trouvée, tout près de là où je roule, dans la ville historique, prix raisonnable. Très bon accueil et quand nous partons le lendemain, le patron me lance "Kenavo ar wech all".
Et nous partons pour visiter la cathédrale et sa tour isolée.
J'ai parlé dans le post précédent de la lignée de cathédrales de Jean Deschamps et consorts : Bordeaux en fait partie. Et je dois dire qu'elle est la première de la série qui me plaise. Une fois de plus la nef, très différente du choeur, magnifie la verticalité du sanctuaire et contribue peut-être à la seduction. Pas de passage du roman au gothique cette fois, mais d'une nef unique très large car prévue dans le style angevin (même si on la termine dans un autre style les proportions demeurent) au gothique rayonnant à la Deschamps. Le transept qui assure le passage entre les deux parties de largeurs très dissemblables a un plan assez fou qui donne le tourni (j'en mets plusieurs photos).
Nef (fin XIIème - XIIIème)
Choeur (fin XIIIème)
Chapelle d'axe et déambulatoire :
On remarquera que la façade harmonique à deux tours n'est pas à l'ouest où il n'y avait pas d'espace au Moyen-âge mais au croisillon nord du transept. Une autre tour, le véritable beffroi de la cathédrale, la célèbre tour Pey Berland, de style flamboyant, est un campanile isolé à l'est du choeur. Nous la gravîmes pour jouir d'une vue rare sur le chevet et sa forêt d'arcs-boutants.
De là je pouvais voir la tour, isolée aussi, de l'église Saint Michel, une géante de plus de 100 mètres, que je croyais néo gothique et dont j'apprends qu'elle est médiévale.
Le portail royal du XIIIème siècle n'était pas visible à cause de travaux. Celui du transept, au pied des flèches est du XIVème siècle. Si la structure des grand porches gothiques reste inchangée, le style n'a plus rien de commun avec celui du gothique "classique". Les statues gagnent en réalisme ce qu'elle perdent en monumentalité. Plus grand chose de transcendant dans cette cène, ni dans le maniérisme des uns et des autres anges.