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EN ALAN AR MEURVOR
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12 mai 2009

LES FRUITS DU LABEUR

[Le mot breton pour désigner le jardin, liorzh, est issu d’un ancien *lu-horz, l’enclos des plantes. J’imagine le mot « lu » en rapport avec le moderne « louzoù » qui désigne les plantes herbacées. Quant au mot « horz », il est facile de le rapprocher du latin hortus, lui-même cousin de garden ou garten. D’ailleurs le brittonique possède aussi ce mot sous une autre forme « garzh » en breton (la haie) et son proche cousin « gardd » en gallois (jardin). Quant au français « jardin », on voit bien qu’il est plus germanique que latin dans sa forme. Il est issu du francique « gart », clôture.  Un invariant en tout cas dans toutes ces langues européennes : le jardin est par essence un lieu clos (même si les paysagistes anglais du dix neuvième siècle ont travaillé sur l’interpénétration de la campagne et du jardin sur sa périphérie). Pour le protéger des ravageurs ou y enfermer ses rêves ?]

Au printemps 2004, fort de l’acquisition récente d’un appareil photo numérique et profitant d’une floraison exceptionnelle, j’entrepris de fixer les images de mon jardin dans sa saison de gloire. Je me souviens de la délectation avec laquelle je visionnais les vues de plus en plus nombreuses. Cela commençait enfin à ressembler au paradis.

Inconsciemment, lorsque je pense à mon ancien jardin, ce sont toujours ces images du printemps 2004 qui me viennent à l’esprit. La mémoire, quelle insidieuse maquilleuse du passé ! De douze années, seuls quelques mois de quintessence  me restent, comme le court orgasme d’un long accouplement avec la terre. Deux mois si beaux qu’ils justifient un si long labeur. Le jardin de ma mémoire n’a existé que deux petits mois. Avant, il manquait de maturité, après, il entrait en sénescence. Ce ne sont pas que des mots. On ne trace pas un jardin comme on planifie une cathédrale. La cathédrale est immuable. Lorsqu’on aménage l’espace horticole, on a en tête des gabarits, on imagine les plantes en leur taille et forme adultes. Mais l’imagination du jardinier, pourtant plus apte en ce domaine que le politicien, peine à se projeter assez loin dans l’avenir. Son jardin sera tel qu’il l’a voulu au bout de dix, quinze années. Au-delà, il lui échappe.

Le film est une succession d’images et donne l’illusion du mouvement. Le passé aussi et la mémoire n’en retient qu’une.

J’ai désiré présenter de nouveau ici ce catalogue d’images d’une réalité fugace. Pour en écrire ce texte de présentation, j’ai regardé la date des photographies dans l’ordinateur. Je l’avais oubliée. 2004 ! J’avais peine à le croire. Je n’avais jamais mesuré (je suis si peu datique) l’ironie de la chronologie. Ma vision archétypique de mon ancien jardin date du dernier printemps de l’ancienne vie. L’été qui suivait, je condamnais son avenir dans le lit des garçons.

Aujourd’hui, ce jardin me trotte dans la tête. Non pour des raisons de nostalgie, depuis bien longtemps dissipée, mais car je désire continuer à le cultiver sur papier. Une idée saugrenue m’était venue en plein jardinage, bien avant 2004, dont j’avais pensé qu’elle pourrait bien nourrir une nouvelle, ou un roman. C’était du temps où ce genre d’extravagances de la tête était remisé dans l’oubliette des choses farfelues que je ne ferais jamais. Cette idée était née, je pense, pour exorciser les craintes liées à l’incertitude du futur, comme on imagine sa mort pour vainement s’y préparer. Plusieurs années ont passé et je suis frappé de son caractère prémonitoire. Je suis frappé aussi de constater que ça n’est pas la catastrophe escomptée. Et puis, il y autre chose. Depuis quelques années aussi, j’ose mettre mes idées farfelues sur le papier… alors, le jardin va-t-il renaître de ses ronces ?

On m’assure que le mois de mai verra aussi des floraisons en librairie, donc il est temps de songer à la suite.

L’illustration de ce texte est un album photo que vous trouverez en haut à gauche. J’ai commenté certaines photos, sans règle ni logique, de manière aléatoire. Ca n’est pas un inventaire botanique !

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Commentaires
K
Mais Dame Fom n'oublie certes pas ses nouvelles fonctions, ni de faire des courbettes (sans tomber, mar plij) à sa nouvelle et sérénissime présidente!
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C
Tant qu'elle est simple membre, ça va. Le pire serait qu'elle en devienne trésorière.
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K
Cornus > Et encore je parie que tu ignores le pire ! Fromfrom fut un temps membre d'une association forte de 3 adhérents, dont le but était de perpétuer le souvenir ému et transcendant des prouesses miraculeuses du couple (hihihi) K and K, formateurs émérites ! Elle s'en vante pas, hein !
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C
Ah cette Fromfrom, elle trempe vraiment dans toutes sortes d'histoires. Moi je dis qu'il faut la surveiller, sinon on va la retrouver à la tête de la CTBFC (Choco-Trans-Britto-Flandrian-Connection).<br /> Bon encore n'importe quoi, je vais me coucher.
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K
Le soir même du jour où je rédigeais cet article, je trouvai dans ma boîte à lettre un courrier de la sous-préfecture de Morlaix. Une lettre méritoire d'être parvenue à bon port, car mon nom prénom y était tronqué (ce qui équivaut à me nommer comme mon père)et l'adresse se résumait à "le bourg", alors que j'habite dans un village, certes peu distant du dit bourg. L'objet du courrier était de me faire savoir que je n'étais plus le président de l'association M-F (ça vous concerne, ma chère From), pour cause de dissolution. L'association n'existe plus. Cette association avait pour but de promouvoir la connaissance des plantes horticoles d'ornement et d'en vendre. Dans ce cadre une pépinière fut acquise à grand frais, qui fut un fiasco. Grâce aux tarifs professionnels auquels nous avions droits et aux relations avec des collègues collectionneurs nous avions pu ainsi "meubler" le jardin à moindre frais. Voilà, l'aventure M-F, était très liée à l'histoire de ce jardin et la coïncidence des dates n'a pu, une fois encore, que me frapper. Cette présidence (dormante) était accessoirement aussi, le dernier lien administratif qui subsistait avec mon ex compagne.
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