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EN ALAN AR MEURVOR
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18 novembre 2010

pilote

 

Pour vous récompenser de votre lecture assidue de l’interminable dernier chapitre du Noyé du grand pont, je vous offre ce soir, en avant première, le pilote du feuilleton de l’hiver.

 

LE CHAT DE KERVASKER 

 

Par Arzur Déconnant d’Oil,

écrivain non occitan

 

Chapitre 1 

 

Une lettre d’un vieil ami

 

 

La marquise de Fromulus avait une fois de plus connu un triomphe inégalé sur la scène de l’opéra Pastille, rue de Vichy. Depuis trois jours qu’elle avait regagné ses pénates, elle était toute occupée à décacheter les centaines de lettres d’admirateurs qui s’étaient accumulées dans son bureau de correspondance. De temps à autre elle relevait la tête et portait son regard au travers de la fenêtre de son appartement cossu de l’île Cinq Louis d’Or, s’assurant que le fleuve était toujours là et qu’elle était donc toujours, éternellement, sur Seine. La capitale était couverte d’un ciel gris uniforme et les toits luisaient d’une pluie fine que la marquise devinait froide. Elle resserra sur elle son peignoir au large col de renard bleu synthétique. (Elle n’entendait pas supporter la moindre responsabilité dans l’appauvrissement de la biodiversité).

La porte s’ouvrit à grand fracas et entra, un beau verre de cristal taillé à la main empli d’un nectar bourguignon, son mari de comte, j’ai nommé Pornus Copuli, ex star du X.

-         Ma Doue, ma Doue, (la marquise avait des origines armoricaines) mon amour, quel entrain !

Pornus attrapa tendrement les épaules de Fromulus :

-         Ma chère, les mois noirs sont sur nous, je me sens d’humeur à traquer l’étrange, à frissonner sur les landes, à flairer le fantôme.

-         Noooooooooooon, (contre-ut) je ne retournerai pas à Oxymoor !

-         Don’t worry, baby, Oxymore no moor (accent français prononcé), enfin l’inverse je veux dire ! Ecoute moi ça, plutôt :

Pornus brandit à bout de bras droit une missive. La comtesse y porta un regard circonspect. Elle connaissait les effets d’annonce de son homme. Il avait toujours une invitation pour justifier ses envies d’escapade.

-         Ooooh, mon Pornuset nappé de chocolat, je te vois venir, cela flaire la manœuvre à plein tuyau de biniou kozh.

Elle avait pris l’air outré de celle qui refuse qu’on la manipule, mais Pornus, qui ne la connaissait que trop bien, distingua derrière le masque théâtral de Fromulus un pli d’excitation au coin des yeux. Car celle-ci ne les avait point dans sa poche. Ne lui avait échappé ni la courbure du papier que tenait Pornus, vestige du rouleau de cire cacheté qu’il avait été, ni les lettres gothiques hypertrophiées qui se bousculaient en lignes ondoyantes, ni surtout, cette fragrance à nulle autre pareille, subtil alliance de moisissure, de terre de bruyère et de pâte brisée surdosée en beurre. Un seul homme pouvait en être l’auteur : Jehan-Marc’hkar.

« Ma très chère Koada cacaotée, mon adorable et burgondesque Pornus…

Pornus leva les yeux de la lettre en soupirant :

« Ah, quand Jehan-Marc’hkar écrira simplement, je veux bien boire du bordeaux ! »

Puis reprit :

« Quelle n’a pas été ma surprise de lire dans Grand Zoom, la revue des porn-stars en retraite – et oui, mes lectures sont éclectiques – sous la plume de l’excellent reporter Philippe Gwag, que vous êtes, mon cher ami, désormais quarantenaire et que vous l’avez dignement – et dans la plus stricte intimité – fêté en la cathédrale de Chastes ! Petit cachotier ! Vous me froissez ! Faut-il donc que les plus proches amis lisent la presse spécialisée pour apprendre ce qu’ils auraient dû savoir avant tout autre ? Allez, je vous pardonne. Mais il vous faudra payer cette indulgence plénière et accepter mon invitation à célébrer dignement ce 4 et ce 0 et Noël. Volaskell et moi passerons les fêtes de fin d’année dans notre manoir de Botyen…. »

 

-         Botyen ? Tu veux dire dans les monts Diarrée ? Oh, mon amour, ça me fait tant plaisir de retourner au pays !

Elle grimpa sur un fauteuil et emplit ses poumons :

-         Ni breizhiz a gaaaaalon, kaaaaromp hooor gwiiir vrrrroooo ! Bruuud….

-         Mon bourgogne ! Ton tapis d’orient !

Une fois de plus le cristal n’avait pas résisté. Heureusement, Clunich, chien fidèle du comte, en lapa jusqu’à la dernière goutte.

-         Ecoute, il y a un post scriptum : 

« PS : Ces derniers temps, on a trouvé deux cadavres sur la lande, non loin de Botyen. Outre que les corps étaient affreusement mutilés, se lisait sur les visages l’expression d’une indicible terreur. Pour tout vous dire, j’ai peur, et j’ai pensé que la marquise Fromulus, qui a montré d’extraordinaires talents en nous débarrassant de la créature d’Oxymoor, pourrait peut-être arpenter un peu la lande. »

-         La lande, hurla la marquise, qu’il n’y compte pas ! C’est un coup à se tordre la cheville et il n’est pas question que j’aille à Baille Reut en boitant !

 

(à suivre)

 

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Commentaires
C
Ah ben ça faisait longtemps qu'on n'avait pas entendu parler de ceux là. Mais qu'est-ce que j'ai ri. Pour une fois, c'est moi qui ai fait la lecture à voix (même si Fromfrom avait déjà lu ce matin) et je me suis étranglé de rire à chaque ligne. Mon dieu, mon dieu, qu'est-ce que vous êtes doués tous autant que vous êtes !
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K
Hibou ! Oxymoor le retour ! (le retour d'âge de l'inoxydable comte...) Aaah je sens qu'on va rigoler.<br /> Dis-donc, pour un mec hyper-occupé, t'es assez productif finalement...<br /> <br /> Oh ! les Monts Diarrée, ça, ça va se payer un jour ou l'autre !!!!!!!!!
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F
DBGC'H !!!!! Ca fait du bien avant de partir au boulot ! (enfin, quand j'aurai retrouvé mon souffle, perdu d'avoir pouffé !)
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