AMIENS SUBJECTIVE
La cathédrale d’Amiens tient une place à part dans le cortège des grandes églises gothiques. Je ne vous en livrerai ce soir qu’une vision toute personnelle, donc forcément grise. Grise comme la poussière des siècles, grise comme son beau nom, grise comme ses fenêtres qui ont perdus leurs vitraux, grise enfin comme les petites images de mon enfance que je collectionnais, collais, rapprochais telles les cartes d’un jeu de sept familles. J’ai appris à la préférer à ses concurrentes à la seule contemplation de ces minuscules photos grises. Le gris n’est pas ici synonyme de tristesse, mais aérien et diaphane comme de beaux yeux.
J’aime quantités de cathédrales, mais il n’y en a que deux dont je ne peux prononcer le nom sans m’émouvoir d’un trouble que seul l’amour, d’ordinaire, fait naître : Amiens et Quimper.
Deux cathédrale que tout oppose pourtant, l’une géante et l’autre petite, la première virtuose et la seconde charmeuse mais les deux me font pleurer, Quimper de ses clins d’œil de connivence, Amiens en me faisant voir l’inaccessible.