LA BOTTE A NICK
Dans mon jardin, il y a six troènes à bonne allure,
Et un frêne, pour les ralentir,
J’ai aussi six roses qui ont mal au foie,
Et silène pour leur tenir chaud.
Avec les citrons j’ai fait un petit bois.
Mais à ma terre c’est un chêne qui me retient,
A moins que ce ne soit son charme.
Ne comptez pas sur moi pour vous dire qui,
De mon mari et moi,
Est un peuplier ou fait le bouleau.
De hêtre il n’y a point,
Car mon ami William hésite encore :
Il y met une condition avec son if,
Mais saurait-il me dire houx ?
Le liquidambar attend mes amis assoiffés,
Pour qu’ils s’y livrent à leur pêcher.
L’océan furieux et tout proche,
M’inspira le noyer plutôt que l’abricotier,
Car la vague peut être lame,
Et quand le vague est à l’âme,
Je mets l’ancolie au saule pleureur.
Les prunelliers sont exposés sud,
Car c’est au soleil que les baies de l’épine noire sont les plus grosses.
Pour embellir j’ai des pensées sans compter,
Et des camélias près du champ de cannabis.
Vous direz sans doute que j’ai mauvais goût,
Mais les nains faits à Taïwan sont si jolis au milieu de la mare.
Rien d’autre ne vient d’Asie, car j’ai tant de lapins,
Que ne n’ai pas besoin des râbles du Japon.
Pas d’aucubas non plus, incapables de produire cet excellent cacao.
Un étrange jardin, en effet. Me croirez-vous si je vous dis :
La menthe rit ?
Mais que mon ami blogueur se rassure, les cornus y ont leur place,
Prenant en défaut l’adage, qui veut que
La cornouille soit rare en Cornouaille.
Mais puisque nous parlons essences, venons-en à l’essentiel,
Les rhododendrons ! J’ai mis ces soiffards en terre humide,
Car là, rosages se passent de tuyau.
J’ai trop jardiné, occupons-nous de la maison !
J’y ai des souris qui demandent un chat teigneux.
Allez, un chat ne suffit pas, je vois déjà la pelouse constellée de gras minets !