VACANCES NORD IBERIQUES : MAISON ET EGLISES
Après l'assaut des sommets, nous resterons modestes ce jour, en nous appliquant à faire un peu mieux connaissance avec la micro région où nous résidons et dont Potes, la petite ville voisine, est la "captitale" : la comarque de Lièbana, connue pour son climat favorable à differentes cultures fruitières, dont les pommiers.
Mais peut-être commencerons-nous par quelques vues de l 'endroit où nous habitions, un appartement rural dans un petit village. La maison est appuyée à une colline et sous notre studio passe une ruelle (qu'on ne voit pas sur les photos).
Le nom de la région est associé au monastère Santo Toribio de Liébana qu'on a déjà vu, mais aussi à la petite église Santa Maria de Lebeña, située dans le défilé de la Hermida et donc entourée de hautes parois rocheuses. C'est surtout une église préromane, d'influence mozarabe et visigothique, quelque chose qui n'a pas d'équivalent dans l'hexagone.
Les modillons sont aussi très intéressants car tous les bâtiments ruraux traditionnels que j'ai vus gardent en mémoire cette forme et les reproduisent à l'infini (avec un décor plus simple). Cette permanence sur 1000 ans est stupéfiante.
Pour en voir plus, il faut attendre l'heure d'ouverture, payer un prix modique et s'assoir pour écouter la présentation de la guide, un peu revêche.
Le discours est sans fin et je ronge mon frein attendant le moment où je pourrai voir l'église. Quand elle a fini, on la sent pressée de faire entrer les prochaines personnes qui attendent à la porte. Mais ça vaut le coup de déambuler, malgré le stress de manquer de temps. La caractéristique de cette architecture est qu'il n'y a pas de hiérarchisation des espaces et ni d'orientation évidente du bâtiment, dont le plan est centré, contrairement à l'art roman en général. Il en résulte un effet "labyrinthique" puisque toutes les cellules se ressemblent.
L'autel est contemporain de l'église, c'est une grande plaque de pierre sculptée de décors symboliques. Les photos de l'intérieur sont volées, donc mal foutues, car interdites et bien sûr je me fais gauler.
Nous allons ensuite à Santa Maria de Piasca, autre village de la région, qui est l'église d'un ancien monastère de femmes puis d'hommes. Une église romane tardive, voire protogothique (fin du XIIème, soit le début des grandes cathédrales gothiques en île de France), pleine de charme.
Elle est ornée d'époustoufflantes sculptures. Aux portails (métiers, musiciens... admirez la tendresse du baiser)
Un groupe en façade
Au chevet, sous forme de modillons et sablières. Jamais je n'ai vu une telle charge sculpturale à la naissance du toit d'une église.
Il faut patienter à l'extérieur, car la Fromfromgirla de la Sprevos qui officie dans l'église ne laisse entrer les visiteurs qu'au compte gouttes. La visite commentée ne semble pas optionnelle, malgré mon handicap linguistique. (Vladimir lui, avait travaillé son castillan tous les jours de l'année en prévision). La différence d'avec la guide précédente est que la jeune femme était charmante et sympathique (une Fromfrom, vous avais-je dit !) et que l'invitation à l'écouter était difficilement déclinable. De plus, étant ses seuls auditeurs, elle fit un effort. Et que croyez-vous qu'il advint? Je ai tout compris et je posai même une question en espagnol !
Le choeur et transept romans ont été re voûtés à l'époque gothique. Les explications de la guide étaient concentrées sur les chapiteaux du choeur, qui gardent des traces de polychromie. Assez curieusement ces chapiteaux romans sont coiffées d'une arcature gothique. Réfection ultérieure respectueuse de l'ancien? Autant dire que la visite de cette église fut un agréable moment.
Il est temps d'aller faire un tour en ville ! J'ai nommé Potes. Dominée par la Torre de l'Infantado (XVème), c'est un dédale de vieilles rues, traversé par la rivière enjambée de trois ponts d'époques différentes. Tout cela a beaucoup de charme sans trop verser dans le Locronan ou les Beaux de Provence. Je goûte la boisson locale : du cidre !
Enfin, comme c'est notre avant dernier jour dans les Picos, nous nous offrons le restaurant, conseillé par notre logeur, dans un tout petit village perdu. Nous y retrouvons une petite église du style local, avec des cloches que je vais expertiser. Je reparlerai des cloches plus tard dans le voyage.
Nous devions manger en terrasse avec cette vue...
... mais le temps menace et il fait un peu frais. A l'intérieur nous mangerons un cocido lebaniego.
Les locaux autour de nous, etant venu manger leur steack-frites, nous regardent, amusés, nous coltiner le lourd plat typique.