VACANCES NORD IBERIQUES : VERDURES BRETONNES?
Un petit incident intervint en cours de randonnée à la Ruta Del Cares: l'un des genoux de Vladimir, qui se signalait gentiment depuis plusieurs années lors des randonnées, devint soudain un peu plus récalcitrant. Il fallut désormais négocier un peu avec lui avant d'envisager les nouvelles randonnées.
C'est ainsi qu'il fut convenu qu'après les 20 km dans la gorge, le lendemain serait moins aventureux, d'autant que le temps bien bas, voire brumeux, n'incitait pas à viser les sommets. Mais même en restant modeste dans ses ambitions, n'esperez pas du plat dans les Picos.
Avant cela, non loin de l'endroit où nous résidions, se trouve le monasterio Santo Toribio de Liebana, couvent franciscain qui a plusieurs titre de gloire, dont celui d'avoir hébergé le moine Beatus et celui de posséder un morceau (le plus gros?) de la vraie croix (cupressus sempervirens, origine Palestine).
Le bâtiment est composite et l'église est essentiellement du XIIIème, d'un gothique rugueux qui n'est pas sans charme.
Le reliquaire de la vraie croix ! Nul doute on est en Espagne.
De là, nous poussons jusqu'à Brez (sic!), un village au pied de la montagne, pour notre petite randonnée.
L'itinéraire part de la très craquante église San Cipriano dont j'ignore tout de la période de construction. Son clocher, et sa forme générale, la présence d'un portique en bois au sud, sont des invariants qui donnent une silhouette semblable à toutes les églises rurales de la région et marquent le paysage comme le font églises et chapelles de Basse Bretagne.
C'est le départ d'un itinéraire à dénivelé moyen (église 761 m, point haut 900 m), sous un crachin et dans une verdure en harmonie avec le nom du village et même parmi des essences qui pour beaucoup ne nous dépayseront pas. C'est parti.
Toutes ces randonnées cantabriques ont sacrément secoué mes certitudes. Parmi ces blocs calcaires, toujours l'abondances de plantes acidophiles à ma connaissance, à commencer par les bruyères au sens large, fougère aigle, parfois ajoncs et genêts. Alors, j'ai souvent constaté la présence d'ocre dans le sol qui est lui même acide (c'est ce que j'appelle l'effet roussillon = en Provence, tous les endroits réputés pour les formations d'ocres sont couverts de bruyères, fougères aigles et autres chataîgners). Mais concernant la promenade de Brez, j'ai aussi vu des filons d'ardoises très localisés, bref, c'est à y perdre son latin botanique.
Je veux bien le nom de ce chêne familier de mes vacances depuis des années mais j'ai peur de me gourer.
Et de cette bruyère aussi.
Je vais finir sur une plante qui m'a fait sursauter. Cette éricacée ne me cause que des surprises: c'est la bruyère de Saint Daboec, dite communément bruyère d'Irlande. Elle a des clochettes nettement plus grosses que beaucoup d'autres espèces.
Dans mon ancien jardin des mont d'Arrée, je n'ai jamais pu en garder en vie. Dans mon jardin du Cap, où le climat me semblait beaucoup moins irlandais, elles se plaisent. Mais à Brez, c'était la première fois de ma vie que je la voyais dans la nature. C'est à chaque fois un moment d'émotion pour moi quand, au gré de mes voyages, je vois une plante "de jardin" dans son milieu. J'adore ça. Vous imaginez le Népal et le Tibet ! Cette fois, c'était un peu inattendu. Qu'est ce que la bruyère d'Irlande foutait là ? Et puis soudain, comme par miracle, le nom botanique m'est revenu, daboecia cantabrica ! Elle est commune à l'arc atlantique, il y a même une autre espèce daboecia azorica, des Açores!