MISSION CEVENOLE 3
Le lendemain, le temps est favorable à notre mission. En route donc pour la Garde Guérin récupérer les reliques. Route au nord, vers les confins de la Lozère.
En chemin, nous nous arrêtons au village de Concoules, dans un site bien cévenol mais avec les hauteurs lozériennes juste à l'arrière, pour admirer le clocher de l'église. C'est un "clocher peigne", lui aussi d'un style plus fréquent en Lozère. On dit ces clochers du XIIème, mais la modénature m'évoque nettement l'art gothique, à creuser...
Nous arrivons à la Garde Guérin, un village qui n'a jamais dépassé son enceinte médiévale (comme la Couvertoirade en Larzac mais beaucoup plus petit). Il est situé sur une vraie vigie naturelle, un éperon entre les Gorges du Chassezac et une autre vallée. C'était un poste de garde pour assurer la sécurité des voyageurs sur la route de la Régordane, principale voie d'accès au sud (par Saint Gilles du Gard), à Rome, aux croisades... avant l'intégration du couloir rhodanien au royaume de France.
Le village est "possédé en coseigneurie par une communauté de plusieurs chevaliers : los Parièrs (en occitan « les Égaux », du latin par). Chaque parièr possède une parérie, appelée aussi part ou portion, dont il assume la charge et les émoluments : péage, cartalage (droit sur la mesure du grain), arrière-guidage, pulvérage (droit sur la poussière soulevée par les troupeaux de bêtes)" (wiki)
Les chevaliers exigent que leurs maisons ne soit jamais mitoyennes d'où ces espaces entre les maisons:
Nous trouvons enfin l'église pour y récupèrer le bien du prieuré. C'est un tout petit édifice roman mais l'intérieur est riche d'une plastique murale subtile, très hiérarchisée et possède des chapiteaux que le granit rend un peu frustres mais très beaux et qui m'ont rappelé ce qu'on peut voir de la même époque par chez nous.
Montée obligatoire au donjon du XIIème, présentant un rare décor de bossage sur toutes ses murailles. L'ascension est la plus difficile que j'ai pu faire dans une tour médiévale. Elle relevait parfois de l'escalade.
Nous nous éloignons du village, cherchant notre traditionnel emplacement pour pique-nique.
Finalement nous nous laissons tenter par une descente au fond des gorges du Chassezac, 400 mètres plus bas.
C'est un lieu de canyoning mais nous arriverons à une petite crique où l'on peut gentiment se baigner sans revêtir le harnachement que portent ceux que nous croisons et qui reviennent d'un parcours de 5 heures.
(Je précise que ce sont des gorges granitiques et que plus loin le Chassezac a des gorges calcaires. Or, comme on pratique le canyoning ici, cette partie s'appelle "le canyon" alors que le partie calcaire s'appelle "les gorges", j'aurais tendance à utiliser pour ma part "canyon" pour un formation calcaire, mais enfin...).
Bien sûr, je ramène dans mon herbier, quelques spécimens pour le frère Theodoric, herboriste de l'abbaye.