Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
EN ALAN AR MEURVOR
EN ALAN AR MEURVOR
Publicité
Derniers commentaires
Archives
11 décembre 2008

PETITS ENCHAÎNEMENTS

Kleger l’autre jour, par une question, vérifiait qu’une anecdote que je relatais ici il y a peu, était bien celle que je lui avais déjà contée de vive voix. Je lui confirmai et lui en rappelai les circonstances qu’elle avait oubliées. C’était ce jour, mémorable, où nous formions un couple de témoins (et de danseurs, les photos en témoignent !). Nous nous retrouvions dans l’arrière cour, à intervalles réguliers mais raisonnablement espacés, pour s’en griller une.  Les vins avaient coulé à flot et j’ai gardé un bon souvenir de cette griserie persistante et légère à la fois. Les langues s’étaient déliées et la langue de nos échanges permettait cette discrétion jouissive malgré la présence d’autres fumeurs. J’avais raconté cette histoire par pur amusement. Je me souviens parfaitement de sa réponse.

J’ai imaginé par la suite (il est facile de prêter aux autres ses propres interrogations) qu’elle se demandait ce qui m’avait poussé à raconter sur le blog cette histoire assez ancienne. Il n’y avait pas de raisons particulière si ce n’est qu’elle m’était alors revenue en mémoire, ayant aperçu le protagoniste peu de temps auparavant, et qu’elle avait alors formé un motif. Une logique pas forcément intelligible mais perceptible comme un schéma de composition qui apparaitrait soudain dans un œuvre pourtant cent fois contemplée. C’est souvent la soudaine combinaison de quelques faits de vie en un motif qui me pousse à les relater, qu’ils soient récent ou ancien, sans même que quoi que ce soit ne les relie obligatoirement à une préoccupation du moment. Parfois une somme de petits riens s’agglomèrent avec une cohérence inattendue. Ainsi va le blog…

Alors que j’éteins la lampe du salon, quelque-chose qui m’avait titillé quelques heures plus tôt sans parvenir à retenir mon attention arrive soudain au grand jour de la conscience et s’enchaîne à quelques autres faits insignifiants de la soirée. Quelques heures plus tôt je lisais la lettre que je venais de recevoir de ma cousine de Brest (ah, que c’est amusant d’écrire cela !). Une lettre très gentille dont les termes sont trop louangeurs pour que je les rapporte ici. Sur le fond, son propos ne pouvait que me satisfaire car elle signifiait ceci : que la parenté importait peu et qu’elle avait surtout rencontré quelqu’un qui lui plaisait.

[Digression : Dans cette même lettre, elle apporte quelques éclaircissements sur l’histoire de mon père. Sa mère en effet, encore en vie, est  à plus de quatre vingt dix ans la dernière survivante de la génération de mon père né en 1914. Après que j’avais fait part à ma cousine de quelques – euphémisme – zones d’ombre, elle s’empressa de téléphoner à l’aïeule pour éclairer ma lanterne. Il est vrai qu’on était à la maison très peu disert sur l’histoire familiale dont je ne saisissais que quelques brides difficiles à raccommoder et je ne posais pas de questions. C’est une attitude que j’ai gardée me semble-t-il de pas oser poser des questions sur ce dont j’ai l’impression qu’on ne veut pas me parler.]

La lettre se termine par le souhait que le temps passe vite jusqu’au 17. Elle avait retenu que je ne verrais pas Vladimir d’ici là. Qu’elle s’en soit souvenu, alors qu’elle ne le connaît pas, m’a touché. Mon attachement est sans doute perceptible quand je parle de lui, il est vrai. J’ai toujours fortement apprécié chez mes interlocuteurs l’attention qui est portée à ce qui est dit et la mémoire qu’ils en gardent. J’essaye pour ma part d’être à la hauteur de cette « exigence » que j’ai envers autrui.

Plus tard, je téléphone à ma sœur que je soupçonne impatiente d’entendre le récit de ces retrouvailles inattendues.  Elle me demande comment va Vladimir, ce qui n’est pas systématique, et j’en suis contant.

Lorsque j’éteins la lampe du salon, le détail qui me trottait dans la tête me revient. C’était la façon dont ma sœur s’était enquise des nouvelles de Vladimir. Je ne pus alors réprimer un sourire attendri. Elle avait dit :

« Comment va ton chéri ? »

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Quoi, qu'est-ce que j'apprends encore : on fait des messes basses dans mon dos ?<br /> C'est fou, Kleger a relevé la même phrase que je voulais m'approprier. Je le dis maintenant, mais ça me fait très plaisir quand il t'arrive de "ressortir" des faits ou des paroles, sans doute importantes à un moment donné, mais que l'on croyait légitimement oubliées avec le temps.<br /> Du coup, ça me fait peur ça : suis-je moi-même à la hauteur ? Quel est aussi l'impact de ma timidité résiduelle ?
Répondre
K
Kleg> C'était exeuprès pour faire peur hi!hi!
Répondre
K
J'ai toujours un peu peur quand une note commence par "Kleger..." Mais ouf, rien que du bon.<br /> Cela dit,"J’ai toujours fortement apprécié chez mes interlocuteurs l’attention qui est portée à ce qui est dit et la mémoire qu’ils en gardent. J’essaye pour ma part d’être à la hauteur de cette « exigence » que j’ai envers autrui.", voilà une phrase que je fais mienne à 200%,à laquelle je pense souvent, qui me tient lieu de ger-stur. Ç'est bon de le retrouver ici.<br /> Et puis "C’est une attitude que j’ai gardée me semble-t-il de pas oser poser des questions sur ce dont j’ai l’impression qu’on ne veut pas me parler.]", celle-ci, je l'aurais signée, pas comme un ger-stur celle-là, mais comme une réalité génante, jusqu'à voici quelques années. De la lire là me fait me rendre compte que...ça avance !<br /> Quand à l'expression de la question sororale, au téléphone, alors là, c'est trop joli.
Répondre
Publicité