LE DERNIER MIDI DE L'ANNEE
On a finalement l’habitude des images célèbres. Certains sites, certaines constructions, sont tellement représentés que l’on en nous imprime la rétine parfois presqu’à notre insu. Le voyageur peut trouver cela dommageable. On lui a volé sa surprise, son étonnement, son admiration. Il est plus rare qu’un son soit célèbre, qu’on l’ait dans l’oreille sans vraiment en avoir conscience, jusque dans les détails de son timbre. Cette fois, lorsqu’on l’entend retentir en réalité, avec ce grain de sonorité qui est aux choses perçues auditivement ce que les trois dimensions sont à l’image, on s’étonne presque qu’il existe. La grosse cloche de la tour de l’horloge du parlement de Londres, surnommée Big Ben, fait partie de ces quelques bruits qu’on a tous dans l’oreille. En tant qu’amoureux de l’art campanaire, ce timbre grave et puissant m’a toujours fasciné. Je n’avais jamais entendu si grosse cloche résonner. Très rapidement, ce qui m’a étonné et charmé c’est que j’entendais le gros bourdon de fort loin alors que j’imaginais que le brouhaha ambiant de la grande cité britannique (beaucoup moins bruyante néanmoins que Paris) l’aurait absorbé. A la faveur d’un vent portant sans doute, le jour où je l’entendis le mieux, j’étais dans mon lit, fenêtre fermée et à plus de quinze minutes de marche de la tour de l’horloge.
Le dernier jour de l’année, à la sortie de l’abbaye de Westminster, qui fera l’objet d’un article détaillé ici même, j’avais calculé que je bénéficierais juste d’assez de temps pour savourer les douze coups du dernier midi de l’année et rentrer ensuite au pas de charge chercher mon sac et mon homme sans louper l’Eurostar qui a la mauvaise idée de ne plus partir de la gare de Waterloo. Le son est moins impressionnant du pied de la tour. Mais voila un petit fantasme enfantin réalisé. Le soir même, douze heures plus tard, la fameuse cloche devait faire l’objet de beaucoup plus d’attention bien sûr.
Le palais du parlement est la plus belle construction (démesurée) néo gothique qu’il m’ait été donnée de voir.
Autre coup de cœur londonien, histoire de vous prouver mon éclectisme, le « cornichon ».
A bientôt pour les choses sérieuses.