TENERIFE 1
Comme tout le monde l'a compris grâce aux indications de maître Cornus, nous nous sommes rendus dans l'archipel des Canaries pour la seconde fois. Nous avions déjà été à Gran Canaria, il a quelques années, j'en parlais ici et l'introduction que j'écrivais alors s'applique encore sur bien des points.
L'idée de Vladimir était d'aller à La Gomera, île très peu peuplée et connue comme étant la plus verte des Canaries mais pour ma part, aller voir ce monument naturel qu'est le Teide me titillait quand même pas mal, d'autant qu'il faut passer par Ténérife pour joindre La Gomera. Ainsi nous décidâmes de passer plusieurs jours à Ténérife et de prendre le bateau ensuite pour La Gomera.
La première île a la même population que le Finistère (plus de 900 000) pour une superficie trois fois moindre et des espaces immenses inhabitables, c'est dire si on alterne entre le désert et des zones densément peuplées. La seconde est certes 5.5 fois plus petite mais aussi 45 fois moins peuplée (20 000), moins connue des touristes, sans hypermarché ni grandes routes, bref un vrai dépaysement au sein même des Canaries.
Commune aux deux îles par contre, comme à Gran Canaria, l'opposition climatique entre un nord vert, voire très vert, et un sud désertique, direction des Alizés oblige (Nord nord est). La vue satellitaire de Ténérife est à cet égard très parlante.
Mais si l'impression, au niveau de l'océan, n'est guère différente d'une île à l'autre, la montée en altitude à La Gomera s'accompagne d'un changement de température beaucoup plus rapide qu'à Ténérife. A 2000 m à Ténérife, il faisait bien plus chaud qu'à 1000 m à La Gomera, où les alizés soutenus apportaient des nuées à 12/13°. Il m'a semblé néanmoins qu'il faisait un peu plus chaud globalement qu'à Gran Canaria, il y a quelques années, et que la température de la mer aussi était supérieure. L'envie d'aller dans l'eau était cette fois-ci quotidienne (sauf lors de notre séjour montagnard) alors qu'il me souvient d'y avoir rechigné parfois à Gran Canaria. Ce que nous pûmes faire dans la mer est une autre histoire sur laquelle je reviendrai.
Je me suis, cette fois, méfié de la météo canarienne très déstabilisante, où le soleil quasi tropical (6° au nord du tropique du Cancer) contraste avec un "fond de l'air" parfois frais, sans compter les effets évoqués de l'altitude. Je ne voulais pas réitérer le rhume désastreux de Gran Canaria et je me suis moins fait pièger en ayant toujours la panoplie adéquate à disposition.
Trois endroits particulièrement avaient retenu mon attention à Ténérife: le massif de l'Anaga, à l'extrême nord-est de l'île, le Massif de Teno à l'opposé, tous deux sauvages et accidentés et bien sûr, au centre, l'énorme Teide et sa non moins immense caldeira.
Du sud nous ne verrions que l'aéroport et l'autoroute. C'est un désert où ne poussent, frénétiquement, que les constructions humaines. Comme à Gran Canaria, c'est la technologie qui rend la vie possible au sud et ce qui y rendait autrefois la vie impossible est la principale source d'activité aujourd'hui : l'absence de pluie ou, comme on voudra, l'abondance de soleil !
Comme l'île est grande et que nous ne voulions pas passer notre vie en voiture, nous avons passé un peu de temps à déterminer où nous jetterions l'ancre. Nous décidâmes de passsr deux nuits dans chacun des endroits convoités. Vladimir fut, comme d'habitude en charge du ministère du logement.
Ainsi, dès l'arrivée à l'aéroport, en fin d'après midi, nous filons vers le nord pour notre premier gîte. Je suis un peu confus, car comme il est minime (il n'est que d'une heure), j'avais zappé le décalage horaire et j'envoyai un sms en Bretagne pour savoir s'il faisait jour ou nuit là bas !
Après la découverte de notre gîte à la nuit tombée, nous cherchons vite fait un lieu pour nous restaurer - je constate à cette occasion que les prix sont très bas, ce qui est à mettre en relation sans doute avec ce que j'apprendrai plus tard, à savoir que les Canaries sont la région dont la population est la plus pauvre d'Espagne.
Je suis fatigué et j'ai attrappé froid dans les rues, je suis pris d'une crise de toux qui me fait craindre pour la suite, mais le guérisseur Vladimir calme la chose. Ce n'était "qu" 'une de mes crises hedbomadaires post Covid auxquelles il faut bien désormais que je m'habitue. Voici notre premier logement (où nous étions seuls !)
Je suis donc d'attaque le lendemain pour notre première randonnée. Il s'agit d'aller dans le Finisterre canarien, voir un phare, pour une transition en douceur... Le point de départ est à une quarantaine de kilomètres, au bout d'une route zizaguant sur la crête du massif, d'où l'on voit souvent la mer des deux côtés. Autant dire que les virages sont innombrables, ce qui sera une constante canarienne. (trajet automobile en rouge, à pied en bleu)
Dès l'entrée dans le massif, on est plongé dans la dense et sombre laurisylve qui tranche avec l'idée qu'on se fait de cet archipel.
Des hauteurs se dévoile tout le massif acéré et la mer, au sud et au nord, donc.
(Gran Canaria à l'horizon)
Rencontre avec notre premier dragonnier des Canaries dont la floraison est la condition de la ramification. Elle intervient tous les 10/15 ans.
Je pose aussi devant erica canariensis (sans doute) pour en montrer la taille, ignorant que je verrai à La Gomera des specimens autrement plus impressionnants qui feront oublier celui-ci, nous y reviendrons !
Nous arrivons enfin au village de Chamorga, d'où part le sentier, juste à l'heure du pique-nique que nous ferons près de la chapelle et d'un petit dragonnier. Je me dis alors qu'il ne faudra pas trop traîner pour la randonnée (7 km , 700 mètres de dénivelé) car la nuit tombe vers 6h30.
C'est parti, parmi les plantes grasses...
Au détour d'un chemin apparaissent, magnifiques, Roque de Dentre et El Roque de Fuera, réserves naturelles interdites d'accès (faune endémique). C'est un des beaux paysages maritimes qu'il m'a été donné de voir.
Le chemin contourne encore la montagne et cette fois c'est le phare de Punta de Anaga (1864, un des plus vieux des Canaries qui conserve son optique d'origine parisienne) qui montre son nez... et que nous atteignons après une longue descente.
Le chemin continue de descendre ensuite, c'est un colimaçon maçonné assez surprenant, sans doute construit pour l'accès au phare.
Les euphorbes ici, se prennent pour des cactus... Nous ne sommes plus bien loin de la mer, un peu plus bas, et du hameau complétement isolé de Roque Bermejo avec son port abri très capsizunien. Mais nous craignons la nuit et entâmons la remontée vers Chamorga sans aller le voir. Parmi les cannes d'abord, avant que le chemin n'entâme sa grande remontée et ne retrouve les succulentes.
Voici quelques fleurs apperçues le long du parcours.
Les routes canariennes sont rythmées par des "miradors" innombrables. De l'un d'eux nous admirons le coucher de soleil, en ce jour de solstice, sur le Teide.