DERRIERE LE MASQUE...
... du goéland, une très bonne surprise.
J'avais accepté de participer au festival du goé*land ma*squé, non pas à reculons, mais sans enthousiasme débordant, et pour un seul jour des trois qu'il durait. Mon manque d'entrain était dû d'abord à la crainte que j'avais qu'un évènement consacré à la littérature en langue française n'attire que très peu de lecteurs bretonnants et que j'y aille donc pour faire uniquement de la figuration, ensuite au fait que je suis dans une phase où je m'identifie mal à l'auteur de mes livres.
La communication par e-mail des organisateurs, lapidaire, donneuse d'ordre, avait achevé d'ébranler mon peu de motivation. L'accueil sur place de la ribambelle incroyable de bénévoles toujours de bon poil m'a largement fait oublié ces lacunes.
Le lundi, je bénéficie d'un bon alignement des étoiles qui me met dans de bonnes dispositions : il pleut enfin vraiment . C'est une double bonne nouvelle : d'abord je ne regretterai pas de ne pouvoir être au jardin, ensuite ce dernier va être sauvé de justesse de la sècheresse. Au programme, imposé justement, une causerie table ronde sous chapiteau avec les autres auteurs invités, pour commencer la journée, dont le thème me faisait un peu craindre l'enlisement : écrire en bre*ton en 2022.
J'ai su assez tard - sur le Net - que l'animateur du débat n'était autre que 'l'acteur principal' de ma dernière piéce, ce qui augurait bien de l'affaire. L'autre bonne surprise fut qu'il y avait entre 30 et 40 personnes venues écouter le débat, toutes attentives, riant aux blagues, posant des questions - parfois féroces - et beaucoup d'entre elles inconnues de moi. Il ne m'était pas indifférent de constater que, le chapiteau bordant la voie d'accès à la salle principale, les passants étaient témoins d'une activité en breton qui montrait les signes du succès.
Il y eut enfin l'excellente entente des quatre auteurs (2 hommes, deux femmes): complicité, humour, écoute mutuelle, je me sentais très à mon aise. J'avais à ma gauche une des langues les mieux pendues du monde littéraire armoricain. J'ai cru ne pas pouvoir en placer une, mais je crains maintenant qu'il ne pense de moi ce que je viens de dire de lui, si vous me suivez...
Avec chacun des trois, j'ai noué une vraie relation. L'aînée des femmes, fidèle à elle même, discours qui se déroule lentement, d'une limpide sagesse, la jeune que j'ai connue timide, rendue volubile par la soif d'apprendre de ses aînés mais bien ancrée dans ses idées, mon voisin de gauche, cachant sa pudeur de bons mots et d'éclats de rire, un mec quoi. Tout le monde avait l'air heureux à l'issue de cette causerie. Beaucoup de gens du coin dans l'assemblée, ce qui n'est pas si fréquent pour ce genre de rendez-vous (certains m'ont complimenté pour mon expession orale, et je n'étais pas peu fier car ce sont ces compliments là qui ont le plus de valeur à mes yeux). J'ai donné quelques conseils lexicaux, devant quelques verres de rosé, à mon aîné pour la rédaction de son roman en cours, excusez du peu, et ai même vendu quelques livres. Bilan plus que globalement positif.
Pour mémoire, j'avais inauguré en public, dans ce même festival, il ya bien des années, sous forme de happening, une nouvelle qui se trouve dans mon dernier livre à être sorti. (photo internet)