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EN ALAN AR MEURVOR
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2 juin 2021

LE MONSTRE TAPI

A 19h, Vladimir termine le désherbage thermique des allées. Alors qu'il est près du tas de bois de chauffe, à l'arrière de la cabane, il a un geste malheureux. Conscient du fait, il vérifie qu'il n'y a aucune conséquence et s'éloigne, rassuré.

Avant dîner, nous ressortons pour profiter de cette tiède soirée, d'un genre inconnu en bord de mer autrefois et désormais de moins ne moins rare. Nous passons devant la cabane sans être attiré par le moindre signe suspect.

Je me mets ensuite devant la télé pour regarder un film encensé et primé mais que j'abandonne au bout de 30/45 minutes par manque d'intérêt et pressé par des copies à corriger d'urgence. La télé est dans le prolongement de la grande porte fenêtre qui donne sur la cabane. Quand je l'éteins, il fait bien sombre dehors et toujours, je ne vois rien.

Je monte ensuite dans mon bureau, corrige puis surfe sur Internet en attendant la sonnerie du four m'indiquant que le pain est cuit. L'ordinateur alors s'éteint. Une section du compteur a disjoncté. C'est étrange. Je suspecte le four, mais il chauffe toujours, il n'est d'ailleurs pas raccordé à cette section (la cabane, oui, mais je l'ignorais).

Un quart d'heure plus tard, un bruit étrange venant du dehors m'intrigue, je n'arrive pas à l'identifier. Puis un autre. Un coup de vent? Le voisin qui bricole tardivement?

Le dernier bruit qui me parvient est tellement fort et incongru (explosion de l'essence, des pneus du tracteur?) que je me lève, vraiment inquiet, et vais sur le balcon. D'où vient cette épaisse fumée qui passe devant le balcon? Je tourne la tête et vois, en me penchant, la cabane.

La sidération oblitére la mémoire exacte. J'ai dû voir des flammes car l'incendie était alors bien avancé mais ce dont je me souviens c'est des grincements et surtout de voir la cabane comme vivante, bougeant, se déformant en essayant de contenir un monstre trop gros pour elle. C'est là que j'ai hurlé à Vladimir qu'il y avait un problème. 

Dans ce cas là, on ne sait plus quel est le numéro des pompiers. Quand on les appelle finalement, ils sont déjà au courant. Le voisin a appelé, qui d'ailleurs tambourine à ce moment à la porte pour nous prévenir.

C'est seulement à ce moment que nous sortons. La cabane est une torche géante, la chaleur intense. La direction du vent a épargné le pin et donc la maison. Mais pendant les 20 minutes d'(éternelle) attente, je me sens à la merci de la moindre fluctuation du vent (d'une rare molesse ce soir là, fort heureusement) qui embraserait le pin sans possibilité d'agir.

L'arrivée des pompiers ressemble à un gag si on avait envie de rire. Une  jeune femme, qui semble débutante, à mal mis son "scaphandre" et s'effondre à  moitié comme étouffant. Le tuyau ne délivre ensuite qu'un pipi de chat. Enfin, le "chef" lui délivre des conseil comme s'il s'agissait d'une séance de formation. Et puis enfin, les grandes eaux.

Quand je vois les structures bien connues s'effondrer, j'ai les visions de Notre Dame de Paris devant les yeux, je n'arrive pas à m'en défaire. Evidemment, sur un certain périmètre, les plantes sont grillées. Je ne reste pas jusqu'à l'extinction totale. Trop épuisé. Les pompiers partent vers 1h30.

La chaleur a été intense. Je suis stupéfait, le lendemain, de voir le verre des bouteilles fondu, les moteurs des tondeuses en triste état, l'échelle en alu, complètement déformée.

Surtout, je suis traumatisé. Bien plus que par mon accident de voiture (plus dangereux pour moi pourtant). J'ai du mal à aller dans le jardin, si beau en ce moment, comme on hésite à passer la main sur un endroit du corps endolori.  Et deux choses m'obsédent: ce feu qui couvait sans que nous l'ayons vu le moindrement, un monstre tapi, sournois qui ne se montre que quand il est devenu invincible. Et la cabane qui se contorsionne, comme dans un miroir déformant, comme prête à exploser. 

Mais je suis déjà dans l'après : comment va-t-on reconstruire. Energie vitale que j'ai la chance d'avoir, innée.

 

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Commentaires
K
Plume> Merci de la proposition, mais les outils à mains, pour la plupart, étaient dans l’appentis derrière la maison... donc je es ai toujours.<br /> <br /> Cornus> la suite oui, l'urgence la tondeuse !
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C
En apprenant la chose l'autre matin, je m'étais fait l'hypothèse d'une tondeuse ou autre appareil qui venant de servir et mal refroidi aurait rencontré un objet inflammable. J'ai pensé à cela car la chose s'est un peu posée la semaine dernière lorsque plantant les pommes de terre, surpris par une averse violente, j'ai mis une bâche plastique sur le motoculteur alors que le tuyau d'échappement était bouillant... mais il faut dire qu'il pleuvait tellement que le tuyau d'échappement avait déjà été refroidi suffisamment avant que je ne mette la bâche.<br /> <br /> C'est en effet une sale histoire et c'est traître. Il y a 5-6 ans, à A. en été (juillet ou août), je vois de la fumée près de la route de l'autre côté de l'étang du Dragon terrassé. Bien qu'il s'agissait d'une année pas sèche du tout, je trouve la chose suffisamment inquiétante et j'appelle les pompiers. Je suis allé sur place les attendre et je pense qu'ils ont mis le même temps que pour ton cas (ils sont à 7 km de petite route), mais j'avais trouvé le temps aussi très long, alors qu'il n'y avait aucune urgence. Entre temps, toute trace de fumée avait fini par disparaître... me faisant passer pour un parfait abruti. Ils me dirent quand même que lorsqu'ils étaient arrivés, ils avaient aussi cru percevoir une légère fumée. Nous en avions conclu qu'un promeneur quelconque avait dû allumer un petit feu dont nous avions pu trouvé la trace (c'est grand) et était parti dans le sens opposé à la route sans que tout soit éteint. Je m'étais sans doute inquiété de manière excessive, mais les pompiers ne m'avaient rien reproché.<br /> <br /> Il m'est aussi arrivé de pratiquer une forme d'écobuage en fin d'hiver le long de l'étang pour bruler les herbes sèches (Molinie bleue, Brachypode) et buissons (ronces) attenants et j'ai déjà vu brûler un poil plus que ce que j'avais imaginé, mais sans conséquences parce que le feu ne peut pas aller plus loin parfois faute de matière. On ne peut plus pratiquer ce genre de choses il me semble (cela dépend des départements), ce qui est assez dommage, mais si cela avait dû continuer, je l'aurais fait avec une surveillance accrue.<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon je retiens la dernière phrase. Tout cela ne doit pas vous traumatiser entre mesure, ce sont hélas des aléas difficiles à circonscrire. Bon courage pour la suite.
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P
Ťerrifiant ce récit (dont j'avais eu le matin une version orale).<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, parlons peu mais parlons bien : je ne sais évidemment pas dans le détail ce qui a disparu en petit outillage, mais si ça peut être utile en attendant mieux, il y a dans le grenier fraternel des choses telles râteau, pelle, bêche, et sans doute d'autres choses. Qui ne servent plus. Y a qu'à dire.
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