DECOUVERTE MAGIQUE
Il y a déja plus d'un an de cela, j'avais fait un tout petit écart de mon itinéraire de retour du travail, pour débusquer quelque chose que les cartes m'indiquaient et que la toponymie - bretonne - me confirmait. Simple curiosité. Arrivé sur place, je n'avais pas pris la peine de descendre de voiture et j'avais seulement pu noter que j'étais dans un village de quelques feux, avec en son sein un manoir, généreusement entouré de végétation arbustive, parmi laquelle il m'avait semblé distinguer de gros spécimems d'un genre qui me tient à coeur... "Pas facile de trouver ce que je cherche", m'étais-je dit, alors qu'une idée fantasque et improbable, comme souvent, m'avait traversé : " et si ce que je cherchais était dans ce gros rhodo !" Comment alors le vérifier puisque la dite plante était de toute évidence dans un parc.
L'idée m'a repris hier. J'adore ces mini explorations qui donnent un goût d'aventure à mes retours du boulot. Et les choses à vérifier de visu ne manquent pas : moulins, portions de vallée restées sauvages, chapelles... Depuis que nos déplacement sont limités, cette possibilité de tricher à la marge rend la chose plus excitante encore. Une belle lumière d'avril finit de me décider... Je me gare dans le village, mon téléphone en main qui gépééesse le moindre de mes pas. Mon souvenir était bon, c'est pourri de rhodo...
et une variété domine - quelle chance juste en fleur en ce moment - c'est Broughtoni, le gros hybride de rh. arboreum qui fleurit plus tardivement que ses congénères (début mars, eux) et a tendance à faire des plantes trapues à gros tronc. Il y en a plusieurs dans le village, de bonne taille. Le plus petit en bord de route,
un autre dans le jardin d'une maison pas si vieille (il a dû pousser vite ou il était là avant?).
Ca n'est pourtant pas un rhodo qu'on trouve dans tous les jardins... dans les parcs de château, je ne dis pas... J'arrive devant un "bosquet" de bambous de bonne taille.
Là, un bruit caractéristique me dit que j'approche du but. Et en effet, au dela des bambous, qui laisse la place aux rhodos,
je vois ceci :
qui passe sous un petit pont, derrière un chêne et magnolias majestueux:
Je ne peux pas aller plus loin car là commence le mur du manoir, mais il est très peu élevé et j'arrive à deviner ce qui se trame au delà.
Je vois bien que le ruisseau est "canalisé" et semble, plus loin, venir d'un bassin de pierre exactement au pied d'un énorme rhododendron Broughtoni Alta-Clara (nom complet), le plus imposant que j'aie pu voir. C'est doublement fou, d'abord car mon fantasme devient réalité, le ruisseau nait bien d'un rhodo géant et ensuite parce que cet aménagement d'un ruisseau canalisé sous rhodos arbustifs, je l'ai décrit dans mon roman Milendall et que j'en ai soudain l'équivalent dans la réalité et devant mes yeux incrédules.
Il est temps de révèler l'objet de ma recherche : la source du Goyen, la rivière du Cap, sur l'embouchure de laquelle se trouve le port d'Audierne. Depuis un an et demie, une petite ritournelle me trottait dans la tête : le Goyen nait d'un rhodo géant. Et c'était vrai !
Bien sûr les autres rhodos du village sont des marcottes de ce patriarche. Deux images satellite montre la surface de la plante par rapport au manoir. (fleurie du l'image 1, masse vert clair sur l'image 2).
Et chez moi? J'ai 4 Broughtoni, mais marcottés ailleurs...