QUATRIEME ET CINQUIEME CREATURES
C'était absolument terrible. Ce fauve à grandes canines allait dévorer Bibi. Mais celui-ci, impassible, me dit, d'un air goguenard :
- T'inquiète, c'est un cousin.
- Cousin ou pas cousin, y n'a pas l'air commode, rétorquai-je.
Et puis, avant de poursuivre la conversation, je me ravise et me dis en mon for intérieur :
- Tiens, je n'avais jamais noté que ce chat parlât ! D'ailleurs, Cornus m'a dit récemment, dans un commentaire, que c'était fort peu probable. Et pourtant il parle !
C'est à ce moment là, sans doute, que je suis allé dans la chambre pour une sieste, soupçonnant un surmenage. Trop de monstres au compteur, me dis-je.
Mais quand j'ai voulu regarder le paysage du balcon, j'ai failli mourir de peur et ai refermé vite fait la fenêtre.
J'ai alors tenté la promenade en bord de mer comme ultime échappatoire, ça change les idées. C'est interdit, mais là, c'est cas de force majeure, non? Je leur montrerai moi, aux poulets, les volatiles dans le ciel s'ils s'avisent de...
J'arrive sans encombres à la plage, pas l'ombre d'un poulet, mais hélas...
Retour en courant à la maison, autant mourir chez soi, non? Je suis essoufflé et je pousse avec soulagement la porte bleue qui ouvre sur ma petite jungle et là, je défaille définitivement...
J'ai dû tomber dans les pommes. A mon réveil, le monstre est passé, sans rien me faire.
C'est comme le blaireau, que je me dis, il va falloir cohabiter. Ne sont peut-être pas si méchants, au fond.
Ce qui m'embête le plus dans l'histoire c'est qu'il va falloir rebaptiser Park Pontig Pontassic Park !
Pontassic Park! Pontassic Park ! Ah non ! Hurlai-je. Ca serait pire qu'à Telgruc et leurs rues des Acacias ou des Hirondelles ! Pas question!
J'étais redressé sur mon lit, en sueur. Un coup d'oeil par la fenêtre. Pas de ptéros. Ouf, c'était un cauchemar.
Après un bon petit déjeuner, mais encore tout émotionné de ce rêve aux accents si réels, je sortis pour ma promenade matinale au jardin. La plus agréable de la journée.
Tout va bien, mais au sortir du jardin médiéval, je me frotte les yeux croyant avoir la berlue. Non je ne rêve pas. La brume violette !
Pouvait-il m'arriver pire chose? Je cours un peu partout dans les allées engazonnées, mais je sais que je ne trouverai rien de plus. Torzh ne se montre jamais. Rien que ses émanations brumeuses.
Un peu plus loin, j'ai la confirmation de son passage. Mais la quatrième créature, aux cheveux violets et au carosse noir, reste invisible...
Je ne suis pas tranquille néanmoins, car Torzh ne se contente jamais de passer, elle laisse généralement des traces plus fâcheuses et conséquentes que de vagues fumerolles...
En rentrant à la maison, au sortir de la Vallée de la mort, la terreur redoutée se dresse devant moi ! Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt. Les écrits de Torzh s'incarnent, comme le verbe de Dieu, c'est ça le problème. Et n'a-t-elle pas écrit récemment : "...et pire encore peut-être, l'echium à tête de dragon chevelu."
Il n'en fallait pas plus ! cliquez!