VACANCES IBERIQUES 9 : UN AIR DU NOM DE LA ROSE
Quitter les Pyrénées est bien plus long au sud qu'au nord où elle naissent presque brutalement de la plaine. Il y a de ce côté-ci, à l'inverse, des contreforts et des massifs annonciateurs. L'un d'entre eux abrite une abbaye creusée à flanc de roc que, malgré l'intention que nous en avions, nous devons renoncer à visiter faute de temps. Et en réalité les Pyrénées finissent, ou commencent selon qu'on aille ou qu'on vienne, en beauté, par une extraordinaire formation géologique que nous apercevons tout à fait par hasard. Ce sont les Mallos de Riglos qui dominent le rio Gallego. Nous sommes tant impressionnés (et dépaysés tellement on se croirait dans certains paysages ouest américains) que nous décidons de faire un petit crochet pour nous en approcher. Au pied de ces murailles à pic de 300 mètres se niche un village dont l'église, du coup, paraît lilliputienne. C'est aussi le premier assaut brutal de la chaleur qui me terrasse (je parcoure le village sous un drap de bain)et me rend un peu négligeant. En quittant le parking, j'entends un craquement. J'avais laissé tomber du petit sac à dos où je mettais tous mes ustensiles photographiques le chargeur et je venais de rouler dessus. Il est intact d'aspect mais bien sûr, il ne fonctionne plus. J'en retrouverai un heureusement à Ségovie mais il m'en coûtera 70 € ! Prenez donc garde à ces petites choses.
Nous arrivons enfin à Loarre, but du voyage du jour, où se dresse un célèbre château. Son aspect et sa situation ne sont pas sans rappeler les châteaux bâtis par les croisés en terre sainte, d'autant qu'il fut commandité par les rois d'Aragon, grands re-conquistadors s'il en fut. Sa particularité, outre son état de conservation excellent pour un château du XII et XIII ème siècle (les grandes forteresses conservées sont plus souvent des deux derniers siècle du Moyen-âge), est que le roi Sancho 1er d'Aragon en ordonne l'agrandissement en monastère, ce qui lui donne un aspect qui fait irrémédiablement penser à l'abbaye du Nom de la Rose.
La magnifique abbatiale (qui a des traits de Fontevraud) est, sans tenir compte du contexte exceptionnel, une des plus belles églises romanes que j'ai vues.
Sinon le château est complexe et labyrinthique à souhait comme on peut en juger sur les photos.
D'en haut on voit la sorte d'Espagne qui nous attend désormais, jaune et sans arbre.
Le camping est juste au pied du château, au milieu des champs d'amandiers qui a un petit restaurant où nous seront les seuls à manger. La tenancière, après un accueil mi figue mi raisin, nous sert un repas pantagruélique, tout sourire dehors.
Pendant la nuit m'arrive une mésaventure inédite. Je suis réveillé par une odeur qui m'empêchera de bien dormir (moi dormeur à toute épreuve) tout le reste de la nuit. Une odeur doucereuse, à mi chemin entre l’appétissant et le dégoûtant, dont le souvenir encore m'écoeure. Je ne pensais pas qu'une odeur pouvait troubler à ce point. Mais de quoi s'agissait-il ? Je l'ignore toujours.