VACANCES IBERIQUES 3 : DEUX CATHEDRALES
C'était notre dernière étape de ce côté-ci des Pyrénées. J'avais conçu l'idée un peu folle, j'en conviens, de visiter une cathédrale, alors que notre périple prévu en comportait déjà quatre au programme. Or le comble fut qu'en chemin, nous tombâmes, presque par hasard sur une autre cathédrale inattendue. Je vois déjà s'esquisser chez mes lecteurs un sourire d'incrédulité, du genre, on ne me la fait pas et pourtant croyez m'en, lorsque m'approchant de l'église de Lectoure, je vis un panneau annonçant "cathédrale Saint Gervais et Saint Protais", j'en fus le premier ébahi tout autant qu'ébaudi.
Nous lui accordâmes une visite rapide. L'intérieur, heureuse surprise, est un bel espace dont le charme tient plus aux aléas de la construction qu'à plan prédéfini puisqu'on a gardé dans la nef le plan orginel de la nef unique romane en la reconstruisant à la fin du Moyen-âge alors que le choeur est bâti sur un schéma nordique épuré à déambulatoire. Même les tribunes renaissances passent bien. Ces nefs larges débouchant sur un choeur étroit donnent toujours une belle scénographie (Bordeaux et surtout Gérone).
Petite halte pique-nique au bord du Gers (mes eux seules rérérences : poulets fermiers et accent rocailleux), près d'un vieux pont. La couleur de l'eau est surprenante.
La cathédrale que je voulais visiter et au pied de laquelle nous devions même passer la nuit était celle de Saint Bertrand de Comminges. J'ai déjà évoqué, j'imagine, ce livre sur les cathédrales de France qui m'avait été offert à Noël il y a bien longtemps et qui fut mon premier livre sérieux sur l'art gothique. Faisant fi de la réalité médiévale, il dressait une sorte de catalogue des cathédrales comme si elle étaient toutes destinées à devenir françaises à l'époque de leur construction. Ce fut pour moi l'occasion de découvrir la diversité du gothique et parmi les cathédrales qui me paraissaient incongrues figurait en bonne place Saint Bertrand, forme massive et simple sur son piton environnée de montagnes. Un comble d'exotisme. Je n'en suis plus à ces étonnements mais je me devais de voir un vrai l'objet d'un tel traumatisme!
Par ailleurs, l'arrivée à Saint Bertrand est une superbe introduction aux Pyrénées où nous devions faire une importante halte.
Nous sommes chanceux car nous circulons, sans y avoir prêter la moindre attention, sur une étape du tour de France et fort heureusement avec deux jours de décalage! Le lendemain, notre traversée de Lanmezan, la veille de l'étape, sera déjà bien difficile. En tout cas, la course cycliste est dans toutes les têtes pyrénéennes sans doute, car quand nous arrivons à l'hôtel, un vieux monsieur est affalé dans un fauteuil devant l'arrivée de l'étape. Nous voyant sur le pas de la porte, il nous fait : asseyez-vous! Nous nous exécutons, désireux de laisser notre hôte profiter de l'arrivée qui ne saurait tarder. Alors qu'un anglais passe la ligne d'arrivée, nous nous levons avec nos valises. C'est seulement que l'hôtelier comprend que nous sommes là pour une chambre. Il croyait que nous voulions juste voir l'arrivée de l'étape et nous avait proposé ses fauteuils.
La cathédrale est une vaste nef unique comme d'autre édifices de la région (dont Condom), sans transept ni bas-côtés, où seuls jubé et stalles dessinent un choeur. Ces stalles sont renaissance, donc m'attirent peu, sauf les étranges têtes sous les accoudoirs.
Le cloître est roman - ainsi que le porche et l'avant nef - et ouvre magnifiquement sur la montagne toute proche.
Orgues sur pilotis !
Et Saint Bertrand n'ayant pas terrassé un dragon mais dompté un crocodile, on en voit un momifié dans l'église, vieux de plusieurs siècles (date indéterminée).
J'ai aimé cet endroit perché pas plus grand qu'un village aujourd'hui alors qu'elle a été ville romaine avec théâtre, thermes et tout le tralala.
En visitant la cathédrale nous assistons aux répétitions d'un ensemble de polyphonies pyrénéennes (Basque, Bigorre, Catalogne...) et à la fin de concert le soir.