DEUXIEME

Je reviens à la bloguerie soudainement, et je comprends dans le même temps la raison qui m'y pousse. A chaque fois que je viens ici témoigner d'une émotion, le seul fait de devoir la mettre en mots me fait comprendre sa vraie nature.

Notre seconde représentation a eu lieu hier soir, après une journée éprouvante et semée d'embûches. Réussir me sembla jusqu'aux derniers moments une montagne vertigineuse à gravir et puis finalement "mes" comédiens, d'un sang froid quasi professionnel, firent une prestation déjà mûrie par rapport à la première.

Le public était très différent de cette première fois. Beaucoup de théâtreux (pro et amateurs) et d'acteurs culturels de la langue bretonne. Autant vous avouer que j'y voyais un peu, sans l'avoir jamais exprimé, un examen de passage. Une salle calme, qui s'est peu manifestée, mais que j'ai très vite sentie attentive.

Deux critiques déjà sur Internet, bonnes toutes deux, l'une d'elles très louangeuse et très fine.

Autant avouer que je suis ce soir, heureux. Mais d'une façon particulière, quelque-chose en moi me susurrait "tu y es arrivé" alors que jamais à l'occasion d'un succés, je n'avais entendu cette petite voix.

Et j'en comprends à l'instant la raison.

Je n'avais jamais été calculateur.

Je n'ai jamais décidé d'être enseignant. On me l'a proposé.

Je n'ai jamais décidé d'écrire des livres. C'est arrivé.

Je n'avais pas décidé de m'inscrire aux premiers cours de harpe (alors que je rêvais de jouer de cet instrument), un collègue autoritaire m'y avait poussé !

Combien d'autres exemples pourrais-je donner de ces faux hasards qui vous entraîne à faire exactement ce qui vous convient.

Mais cette fois c'est différent et pour la première fois de ma vie. J'avais voulu, décidé, prévu. 

Je me souviens de cette réunion où je m'étais engagé - sans avoir consulté personne ni écrit un traitre mot et en me disant que j'étais fou - à faire une "lecture" autour de la cathédrale en pensant très exactement : sous couvert de lecture, je ferai une petite pièce de théâtre et on en sera étonné et si ça marche comme je le veux, j'aurai un petit capital confiance et je ferai un vraie pièce de théâtre.

On sait maintenant que tout se passa de la sorte y compris maints petits détails que je ne realterai pas ici.

J' ai déjà deux autres pièces dans la tête, mais peutêtre ne devrais-je pas le dire....

Pour cloturer, ces deux articles sur une même page, m'ont bien amusé (les initiés comprendront...)

Comments

[karagar]

Balafenn> Intéressante, cette histoire de "demi ancrage" car sans vraiment te connaître ni les tenants et aboutissants de tes activités plogovites, je l'ai ressenti exactement ainsi.

[ar valafenn]

Cela laisse rêveur... Que les aléas de la vie suffisent à faire surgit ses talents, naturellement... Moi qui ai le sentiment de devoir tout bâtir contre vents et marées parce que né dans une famille où l'on voulait très précisément tout décider à ma place (tu feras HEC mon fils, sous entendu la répudiation psychologique n'est jamais loin s'il advient de faire ce qu'il te plaira). Même le journalisme est quelque part l'expression d'un faux choix personnel, d'une pseudo liberté retrouvée et je m'en suis rendu compte, des années après par effet boomerang en me rendant compte que le milieu n'est pas tant éloigné que cela du monde des yuppies dominateurs... Déjà, le soir après les cours de journalisme à Toulouse, j'écrivais des histoires se déroulant en Russie ou à la pointe du Raz (d'où mon énorme sympathie pour ce coin mystifié depuis près de vingt ans chez moi et ses auteurs bretonnants). Je n'ai pas choisi d'y jeter une "ancre" mais un demi-ancrage seulement car toujours entre deux eaux je reste... pour combien de temps encore ?

[plumequivole]

Je vois un clavier qui est en train de rouiller ses articulations faute d'exercice. J'ai été rappelée à l'ordre pour moins que ça !

[Cornus]

En fait mes félicitations s'adressaient autant à toi qu'à toute l'équipe, en particulier ceux que je connais qui sont effectivement peu nombreux.

[karagar]

Plume> En effet, ils sont beaux et c'est curieux car ces photos sont truquées (au sens où ils ne jouent pas vraiment) et ça ne ce voit guère à mon sens.

Oserai-je dire que j'ai hâte de lire ça?

Cornus> Oui, mais à ce stade ce n'est plus trop moi à féliciter. J'ai déjà la tête à la suite, hi!hi!

Beaucoup de parallélismes donc...

Calystee> Bien sûr que c'est "soi", tu as raison, mais comment fonctionnent ces faux hasards, ça reste un bien grand mystère.