NETRAOUIGOU

Parti sous les premiers rayons du soleil et arrivé au nord du département dans le brouillard. A un moment, sur ma gauche, émergeant des brumes, juste une silhouette, fantomatique : mon église, mon église noire, précieuse, unqiue. Moment d’émotion. C’est sûr, au retour, je m’y arrêterai pour un pèlerinage agnostique quand les nuées se seront levées, quand la lumière printanière si particulière sur le plateau nordique la caressera.

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Bien bellement accueilli dans ce collège que je visite pour la première fois par l’équipe au complet qui va suivre mon enseignement. Appéro et cacahuètes, mar plij ! D’ailleurs, verre de vin blanc à la main je me dirige vers les fenestrages généreux de la salle de cantine, et là, je m’exclame : ouah ! Le temps s’est levé, une langue de sable de plusieurs kilomètres et au fond, le bleu la Manche hérissée de rochers. La mer, encore, mais si différente de celle que j’entends au quotidien.

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Mes thématiques rencontrent un écho favorable auprès de mes élèves. John qui a officié quelques années là bas a sensibilisé l’équipe. Ca fait chaud au cœur, on se sent moins prècheur dans le désert. Au fond, la majorité est prète à recevoir. Seuls quelques dirigeants obtus gachent tout.

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Mon ex femme me téléphone après que je lui ai écrit que la vente du jardin, mine de rien, me chagrine un peu. Elle veut me rassurer, délicate attention. Le nouveau propriétaire semble souhaiter d’ultérieures visites, ne serait-ce que pour le guider. Les ponts ne seront pas rompus. Bonne nouvelle. A cette occasion elle me parle un peu cet acheteur, avec qui il semble qu’elle ait sympathisé. C’est un luthier et il envisage de restaurer les crèches pour y organiser des réunions ou des stages. Des musiciens baroques. C’est alors qu’elle tient un propos dont l’étrangeté me frappe: que la maison allait être contente, qu’elle appelait de ses vœux le retour de la musique et des musiciens. Que la maison avait aimé le temps où j’y réunissais des harpistes, que c’était le temps où l’on avait été heureux. Qu’après la maison s’était ennuyée. Etrange à bien des égards, curieuse reconstruction du passé… Et puis la musique a quitté ma vie aussi.

Comments

[karagar]

Calystee> Je crois que j'imagine assez bien la scène.

Cornus> Eh bien figure-toi que je découvre avec toi le sens officiel du mot. Entre la crèche de la nativité et la crèche bas-bretonne j'avais carrément shunté la mangoire.

Plume> Oui, je me souviens de tes histoires de grimpantes.

Acheter une voiture là où il y a aussi une si belle stutue de St Christophe c'est de bonne augure.

[Cornus]

Celle du "petit jéz", peut-être, et encore, mais dans le langage commun, jamais pour désigner autre chose que la mangeoire ou équivalent, et pourtant je suis moi aussi presque né dedans ;-)

[laplumequivole]

M'enfin, Cornus, la crèche du ptit jéz, même pour les pas bretons, c'était bien une étable, grande ou petite, peu importe.

[laplumequivole]

Très important ça (le dernier netraig). Quand j'avais vendu la maison des Monts, et mûre pourtant pour la séparation, j'avais affreusement mal supporté de savoir qu'elle était aux mains d'un couple d'imbéciles. Et quand j'avais appris qu'ils avaient déshabillé sa façade de sa vigne-vierge, de sa vigne à raisin, de ses rosiers grimpants, et de la jeune glycine, j'en ai pleuré.

L'impression d'une trahison. Je n'ai jamais voulu repasser devant la maison.

D'un autre côté, couper les ponts sans les couper, est-ce bon ?

Sinon, quand tu repasseras pic'hiriner, salue donc le joufflu terrasseur de dragon de ma part. La dernière fois que je l'ai vu, je revenais d'avoir acheté mon auto dans le bourg !

[Cornus]

Appellation bretonne semble-t-il du mot crèche pour désigner une étable ou une écurie. Je me demandais comment on pouvait organiser une réunion ou un stage dans une mangeoire. Sont curieux ces genss.