JUILLET 1992 - MARS 2012
Vingt ans, à quelques mois près. Quelle meilleure occasion me serait donnée de mesurer la fuite du temps...
J’en ai parlé tant et tant de fois. Cet ancien jardin, celui là même où j’ai passé le plus clair de mon temps pendant 13 années à me projeter en végétaux, à me casser un peu le dos aussi, à construire un lien que je croyais indéfectible, ce jardin d’autrefois n’était sans doute pour ceux qui ne viennent ici qu’occasionnellement ou depuis peu, qu’une immense réserve de plantes d’une taille introuvable et inabordable où je puisais allègrement pour meubler le jardin océanique. Et sans doute l’était-il devenu un peu à mes yeux aussi, une sorte d’aubaine grâce à laquelle la prairie du Pontig est devenue un parc de rhododendrons en un claquement de doigt. Ce soir encore, sous la lumière plus printanière que jamais, au son enchanteur du ruisseau, je mesure le caractère incroyable de ma promenade vespérale parmi mes plantes fétiches, dans une ambiance à laquelle j’avais cru devoir renoncer pour cause de souffle marin. Pourtant, à cet ancien jardin j’avais consacré tant de posts dans l’ancien temps pour panser les blessures. Et puis j’y ai renoncé, j’y ai fait des ponctions, j’en apportais un peu dans mes bagages, tout rentrait dans l’ordre nouveau.
Pourtant, dans une quinzaine, le 16 mars exactement, tout va changer. Le jardin va être vendu. Une menace trop vieille pour qu’on y crût encore, qui finalement s’exécute. Et alors que je croyais tout cela loin de moi, l’idée de ne pouvoir bientôt plus y retourner, ni apercevoir, quand bien même fût-ce au travers des ronces parfois, ces centaines, que dis-je ces milliers de plantes mises en terre des mes mains, choyées, aimées comme des enfants m’emplit d’une nostalgie certaine.
Coïncidence des dates. C’est justement en ce moment que j’ai vraiment mis en route ce travail d’écriture autour d’un jardin que m’avait inspiré, il y a longtemps, l’idée alors tout à fait saugrenue, qu’un jour peut-être j’abandonnerais mon jardin.