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EN ALAN AR MEURVOR
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21 septembre 2011

LETTRE AU MINISTRE DES PLANTES

(suite aux propos tenus par le botaniste Cornus dans le cabinet de la Ministre fongique Plume)

Monsieur le Ministre des Plantes,

 

Je crains que le jugement du pourtant lucide sieur Cornus n’ait été dommageablement altéré par une fréquentation trop assidue – et coupable ? – de ses perfides collègues outre marins et que ces heures passées à tenir une tasse de thé avec le petit doigt en érection tout en regardant une masse informe de jelly trop colorée trembloter comme une méduse chimique au creux d’une faïence bleutée ne lui aient ôté tout sens de la mesure. Car en effet, voyez-vous, l’homme qui n’a de cesse de brandir sa prétendue scientificité pour mieux nous assommer d’épithètes latinisants, qui balaye d’un revers de manche des politiques agraires jugées indignes, qui dénonce ici un assèchement de zone humide, là un reboisement incongru, plus loin des semis alibis, ce même homme, Monsieur le Ministre, ne sait même plus, à l’heure où je vous parle, distinguer les notions les plus élémentaires, faire le tri dans ses perceptions basiques, bref – le niveau de son incompétence est vous en conviendrez critique – reconnaître le grand du petit, j’irai même jusqu’à dire, la grande de la petite ! Et, je vous en conjure au nom de la bienséance, n’allez pas illico transformer mes propos, et mettre un inconvenant pluriel à ma dernière assertion.

 

            En effet, la Petite n’est pas la Grande Bretagne et ce qui est vrai d’un côté ne l’est pas forcément de l’autre. C’est élémentaire, mon cher Cornus !, lui ai-je pourtant dit, Monsieur le Ministre. S’appuyer sur les dires d’un « ON » dont je subodore qu’il est une sommité rhododendronesque pour asséner des contre-vérités qui risquent fort d’entacher la réputation du plus noble des genres botaniques est à proprement parler un crime qu’il conviendra de punir en temps voulu. En aucun endroit de la dite Armorique en effet, le rosage de la mer pontique ne constitue une véritable menace pour la flore indigène contrairement à ce que l’on peut observer en maints endroits d’outre-manche comme j’en ai moi-même, o grand rhododendrologue, témoigné dans un article consacré à une vallée perdue des Cornouailles. Même là où je l’ai vu le plus coriace – je parle de la grande éricacée et non du botaniste Cornus -, repoussant allègrement dans un rire moqueur, plus vigoureux que jamais,  derrière le dos du bûcheron – très sexy – qui les tronçonne, au sommet des Montagnes Noires, il ne se propage guère que par le marcottage et tous ces soi-disant bois où il prospère ne sont rien d’autres que des anciens parcs où il a été planté de mains d’homme. En d’autres termes, jamais il ne m’a été donné d’en voir un spécimen spontané. En Grande Bretagne en revanche, la bestiole se ressème à tout vent et conquiert ainsi d’immenses territoires et quand on sait l’exigüité de cette île et les problème d’occupation de l’espace que cela engendre, on est pas loin de penser que rhododendron ponticum est la plus grosse menace qui pèse sur l’empire britannique.

            On aimerait, pour conclure, que nos botanistes, entretenus à grands frais sur les deniers publics, plutôt que de rester penchés des heures, loupe à la main et cul en l’air – parfois à l’air – à observer de minuscules dernières des mohicanes même pas jolies, se saisissent enfin à bras le corps des problèmes de notre temps et prennent en compte la vérité suivante : l’Europe, si pauvre en espèces depuis les glaciations, a été repeuplée d’exotiques à la force de l’épée par nos braves colons risquant leur vie aux quatre coins du monde connu et aujourd’hui ce sont ces belles étrangères qu’il leur faut étudier. Enfin, ils devront répondre aux questions qui ME taraudent : pourquoi l’hydrangea qui prospère si bien ici, loin de son Japon natal, ne s’y ressème pas - et qu’on ne me fasse pas l’insulte de croire que je pense aux clones stériles -, quel est le paramètre qui fait que le rhododendron pontique est invasif en Grande Bretagne dont les conditions de sol et de climat semblent pourtant si proches des nôtres, pourquoi un quercus robur planté en Amérique du Nord, dans un milieu semblable à celui de son aire d’origine, n’y atteint jamais la majesté qu’on lui connait ici ? Autant de questions auxquelles le sieur Cornus répond d’un silence assourdissant !

            En conséquence, Monsieur le Ministre des Plantes, je ne saurais trop vous conseiller le limogeage du botaniste incriminé et la peine minimale envisagée est l’herborisation à vie sur l’île de Sein.

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Commentaires
C
La bannière ? Beaucoup trop belle pour être honnête !
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L
Oh punaise, la bannière ! J'en reste baba ! Scotchée net !<br /> C'est drôle, aujourd'hui justement j'avais très fort envie de changer la mienne, mais je n'ai rien trouvé d'épatant parmi mes photos.
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L
Ah ben au moins, ici on rigole !<br /> Y a du remaniement ministériel dans l'air...
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C
Mon droit de réponse a été publié chez moi.<br /> <br /> Laplume> Je te remercie de te faire ainsi spontanément mon avocate qui complète utilement ma propre plaidoierie. Toutefois, je n'accepte pas les coups de poignards dans le dos finaux qui ne manqueront pas d'être vengés en temps utile...
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L
Herr Atome> Où donc eut-il été judicieux d'évoquer les lapins ridés?
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