KERNOW 9 : LES MYSTERES DU GRAND SUD
Le dernier jour, nous quittons le district extrême occidental de Penwith pour le Cap Lizard. Ce faisant, et il ne s’agit que de parcourir quelques dizaines de kilomètres, nous passons en un rien de temps du far west au grand sud ! Lizard est en effet le point le plus méridional des îles britanniques.
Le temps nous est un peu compté : nous avons une mission d’une extrême importance prévue l’après midi, le ferry part le soir même, bref nous ne disposons que de la matinée et avons quelques points de passage obligés. Je veux voir le cap et son célèbre phare. Il veut revenir sur des souvenirs d’enfance et trouver un producteur artisanal de chutney !
Les souvenirs d’enfance sont l’occasion pour moi de découvrir deux endroits qui m’enchantent littéralement.
Mullion cove : les capistes ne sont pas en reste en matière de ports minuscules et plein de charme, mais celui-ci sort tout droit d’un fantasme, avec ses deux jetées minuscules et ses récifs géants et noirs qui l’encadrent de leur ombre menaçante…
Kynance Cove, avec sont troquet ouvert dans les années 20 est un grand Porzh Teolenn.
L’endroit est magnifique, et comme à Mullion, les énormes rochers noirs d’aspect volcanique (et il semble que ce soit le cas !) déchirant une mer quasi turquoise forment un spectacle presque tropical.
Vladimir retrouve alors les deux rochers entre lesquels, à l’âge de 7 ans, il joua avec les vagues en compagnie de sa sœur jusqu’à ce que ses habits soient trempés occasionnant une réprimande parentale. Il en garde le souvenir d’un moment d’insouciance enfantine.
Moi aussi je veux me faire engueuler…
C’est le seul moment du séjour où nous goûtons un peu la douceur climatique.
En remontant, je me baisse pour ramasser un « galet » pensant soudain à ma collection de souvenirs minéraux que je voudrais faire dans la rocaille. Puis, saisissant une pierre, je suis stupéfait de sa densité, de ses couleurs vert et rouge. En mon for intérieur, je me dis qu’elle mériterait d’être taillée et polie. J’ai l’impression d’avoir trouvé une pierre précieuse.
Impossible de s’arrêter au phare sans payer des milles et des cents. Mais ça n’est pas grave, j’ai eu mon content de belles choses. Je demande à Vladimir de photographier le phare de la voiture en marche !
En traversant le premier village après le cap, je vise plusieurs petits ateliers-magasins dont l’enseigne comporte à chaque fois le mot « serpentine ». Je commence à me dire que l’idée qui m’avait traversé en ramassant la pierre n’était si saugrenue… En passant devant l’une d’entre elle, sursaut ! L’objet unique des sculptures : des phares ! Des alignements de phare de toute taille et de toute forme. Depuis le début du séjour je me disais : je vais ramener un phare… mais pas n’importe quelle babiole… Et voila que je trouve…
Après avoir choisi un phare, nous discutons avec le monsieur, qui semble proche de la retraite. La serpentine utilisée par les sculpteurs du cap n’existe plus à ciel ouvert, l’extraire reviendrait trop cher. Lui-même travaille sur son stock. Après lui, et ses quelques collègues, tous assez âgés, le métier et les phares en serpentine disparaîtront.
(Contribution de Plume possible)
Cette relation de voyage était l’avant dernière. Il nous reste donc the last but not the least… Mais vous savez tous de quoi il me reste à parler, j’imagine.