LES MYSTERES DU CAP
Me voila de nouveau dans la rousseur des champs de fougère, déjà pâlies par le hâle de mars, qui cette année encore ne se dément pas. Malgré le soleil éblouissant, le froid est encore vif et en une semaine le temps sec, puis la bise ont asséché avec une rapidité époustouflante les fougères, qui craquent et dont la poussière me vole dans les yeux. C’est dimanche et il y a des promeneurs. Deux personnes au moins repartent avec l’idée d’essayer le paillage de fougères dans leur jardin.
La plupart du temps cependant, je suis environné de solitude et je pourrais vous dire, si je ne craignais qu’on ne m’accuse de romancer ma vie, que je m’imaginais sur les hautes terres d’Ecosse, avec, venant de loin et porté par le vent, les hululements d’un pibroch, mélancoliques au long du ground, puis conduisant à la transe dans le crescendo trépidant qui mène du taorluath au crunluath. Mais en réalité, je pensais à tout autre chose. C’est pourquoi je fus stupéfait en découvrant sous les fougères que j’arrachais ceci.
Corps exténué et un peu endolori d’une journée assez physique et minutée. « Mon gars, tu bêches jusqu’à 19h00 et j’espère bien que tu auras fini ce que tu as programmé aujourd’hui. Non mais dis donc, il faut que Vladimir soit bluffé dimanche prochain ! », me dis-je, aux environs de 16h30.
Je ne sais pas l’heure qu’il est mais je compte le nombre de coups de bêche qu’il me reste avant de finir, en tirant un peu la langue. Je fixe l’endroit où le travail de la journée se terminera et je m’imagine, pour donner du piquant à une activité somme toute répétitive, retourner la dernière motte au premier coup de l’angélus. Quelques temps plus tard, à peine ai-je commencé à soulever la dernière motte que…. DING !