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EN ALAN AR MEURVOR
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1 avril 2009

COUP DE TÊTE

Je chemine par l’allée centrale d’une des serres. Entrer dans ces tunnels translucides est toujours pour moi une source de plaisir infini. L’expression qui me vient est : une parenthèse dans la vie, car là bas le bien-être résiste au rappel des tracas, petits ou grands, de la vie. Il y fait plus chaud qu’au dehors, plus humide aussi, et, à la faveur de cette combinaison équatoriale, les odeurs s’exhalent, entêtantes. Ce sont bien-sûr les odeurs des végétaux, mais aussi celle, acidulée, des substrats de culture, de la tourbe notamment. C’est un peu également un miroir aux alouettes, un endroit où l’on se laisse berner avec consentement et même délectation. Les plantes, à l’abri de la morsure des gelées, de la déchirure des vents, du lessivage des pluies, affichent un pimpant qu’elles n’ont jamais sous le ciel. Elles sont la promesse d’un Eden qui n’existe pas. J’y suis bien, parmi mes amies. Les inconnues font figure d’intruses, je les toise avec circonspection.

Mais je ne suis pas là pour la bagatelle. Il me faut des floraisons estivales pour terminer ma rocaille et pailler, et pour le paillage, mon temps est compté car la ressource va bientôt disparaître sous les nouvelles frondaisons, d’autant que la météo, depuis pas mal de temps déjà, accélère le processus. La flore printanière exerce une telle attraction sur moi que je dois me faire violence. Je vais jeter un coup d’œil aux rosiers et j’enrage. Pour un prix plus modique, je vois les mêmes variétés que celles achetées dans une grande enseigne, bien plus développées ici. Un coup d’œil pour voir si ils ont ‘Winchester Cathedral », un rosier anglais (donc résistant, feuillu, parfumé etc.…) blanc, que j’achèterais rien que pour le nom. [Je confesse avoir renoncé à des rosiers qui me plaisaient à cause de leur nom. Important le nom des plantes. Quand j’envisageais encore de créer de nouveaux rhodos, je pensais déjà aux noms…] Vient ensuite un petit détour par les érables du japon, un enchantement, mais je reste sage. Pourtant les prix sont, une fois encore, très raisonnables mais, assez ironiquement, aujourd’hui que j’ai plus les moyens (disons qu’autrefois je dépensais toutes mes économies, y compris les recettes des concerts – bisous Fromfrom - dans mon jardin et qu’en plus, je bénéficiais de tarif professionnels), je n’ai plus la terre qu’il faut !

C’est à ce moment que j’entends la voix du patron du lieu, venant d’un autre tunnel, dire à une cliente : « les arboreums sont là ». Mon sang ne fait qu’un tour. J’explique.

La région de Quimper, qui est sans doute le coin de l’hexagone où les rhododendrons poussent le mieux, a même sa variété bien à elle, qu’il est difficile de voir ailleurs. J’ai bien entendu la nommer d’un nom bizarre mais je n’ose l’orthographier. Impossible donc de faire la moindre recherche et même d’espérer en trouver à acheter. Il est de bouturage plutôt facile (pour un rhodo !) et malgré des échecs je ne désespérais pas de le reproduire un jour. Pour forcer le destin, j’avais même décrété qu’il y en aurait un au bout du bout du chemin vert ! Le quimpérois ont parfois des dénominations bien à eux pour certains rhodos familiers. Ainsi, quand ils disent, le rhodo de Pâques, en fleur en ce moment en ville, à Locmaria, il faut entendre rhododendron X boddaertianum w2

(rh. boddaertianum - Monts d'Arrée)

(un très vieil hybride comme l’indique son nom, puisqu’aujourd’hui, on n’a plus le droit de leur donner des noms latins – bisous Cornus -). Or, quand ils disent « arboreum », il ne s’agit point de l’espèce himalayenne cent fois louée ici (j’irai un jour au Népal les voir, c’est dit)w1

(rh. arboreum - Monts d'Arrée)

mais de ce mystérieux hybride quimpérois. C’est le premier rhodo que j’ai montré à Vladimir, il y a quelques années (enfin ici, il en avait déjà vu avant, il est english quand même). C’est un géant (il en existait un de 18 m au château du P. sur l’estuaire de l’Odet avant l’ouragan de 1987), aux fleurs roses très soutenu flashy (difficile en photo à cause des ultras violets, une particularité de beaucoup de rhodos).w4

                              (rh. X arboreum - Kemper)

Bref, je me rue dans le tunnel d’à côté. Par chance, la dame qui venait d’en prendre un est toujours là, car elle s’est emparée du seul qui avait un bouton. Ce qui me permet de vérifier que c’est la plante que je veux. Voyant mon regard de spécialiste, la dame veut se rassurer auprès de moi : «  C’est bien un gros ? » « Pas de soucis, très gros ! »

Résultat des courses… j’en ramène trois. Deux pour le chemin vert, un côté rue, pour crâner !

Bon, espérons qu’Alan Meurvor ne leur fera pas des misères…

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Commentaires
C
Kab-Aod> Il s'agit sans doute du jasmin d'hiver (Jasminum nudiflorum) ? Peut-être a-t-il été trop arrosé ? Un sol trop enrichi en azote ?
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K
C'est ça, crânez ! moi au moins, j'ai des radis et du basilic qui poussent sur le balcon ! ^^<br /> (Sinon, cette année, mon jasmin n'a pas fleuri. Quelqu'un aurait une recette ?)
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F
Merci pour les bisous ! Que de souvenirs...<br /> Je me surprends aussi à passer du temps à scruter la moindre petite pousse. Et j'aime beaucoup ça !!!
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K
Cornus> Ah oui, la tournée du soir!
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C
C'est bien les coups de tête.<br /> Nous (enfin surtout moi) me surprend à aller dans les pépinières et les jardineries pour trouver des plantes (plutôt des herbacées que des arbustes) et à chaque fois je craque et j'achète des trucs nouveaux qui me parlent. Qu'il est doux d'avoir les moyens de se payer ces petits plaisirs, même s'ils ne coûtent pas forcément cher en réalité.<br /> Et quel plaisir d'aller voir le soir en rentrant du boulot comment le soleil a fait pousser les plantes pendant la journée. Je n'imaginais même pas l'importance que prendrait ce plaisir.
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