HON HINI HAG EGANTHON
Les plus de trois heures de conduite quotidienne, largement dépassées lundi et mardi, n’ont guère éveillé chez moi les appétits d’écriture, aussi légère fût-elle. Et puis parfois aussi, la tête n’est tout bonnement pas disponible. A la recherche désespérée d’un vague thème, histoire de me dérouiller les doigts sur le clavier, je me suis soudain dit que je tenais le sujet digne de développement : la qualité de l’information que nous délivre les média sur les sujets importants. A trois ou quatre reprises en effet, à la radio (ah, les heures passées au volant !) et à la télé, m’est resservie la nouvelle de la mort d’un célèbre pâtissier. Comme souvent dans ce genre de circonstance, j’apprends l’existence de personnages au moment de leur décès. Bien qu’assez agacé d’ordinaire par les chichis sur la chose culinaire, le fait qu’il s’agisse de gâteaux attire un peu mon attention. Je constate que les portraits dressés dans le petit et le grand poste sont tout à fait concordants, les témoignages vont tous dans le même sens. Les personnes interviewées, pourtant différentes, prononcent presque les mêmes phrases. Ce monsieur aurait révolutionné son art en allégeant les lourdes pâtisseries traditionnelles. Mais pas un exemple concret, que du discours. Voilà, on nous assène des idées qui seront répétées à l’infini, sans les étayer de la moindre preuve ! Car franchement, comment pourrais-je imaginer à quoi ressemble une lourde pâtisserie traditionnelle ?
Puisque je n’ai vraiment rien à dire, je vais vous raconter aussi ma soirée télé ! On diffusait ce soir un téléfilm, une version revisitée d’Agatha Christie. Il suffisait qu’on en dise que c’était la première fois que les anglais autorisaient qu’on modifiât les personnages originaux - à savoir la suppression pure et simple d’Hercule Poirot, excusez du peu ! - pour piquer ma curiosité. Outre que cette petite chose était fort bien ficelée et filmée, deux surprises m’y attendaient. Dans le rôle d’un présumé serial killer minable et pauvre type à souhait : Denis Lavant. Et je dois dire, après l’avoir vu interpréter le bouillant Timon d’Athènes, que le bougre m’était assez méconnaissable. Il n’y a pas à dire, c’est un comédien. De plus, l’observant jouer ce pauvre hère manipulé à souhait, je me l’imaginais plus facilement dans le rôle qu’il faillit interpréter d’un pauvre homme harcelé par un machiavélique comédien de ma connaissance.
Ce cher Watson avait lui aussi été congédié et remplacé par un jeune inspecteur un peu gaffeur pour seconder le commissaire qui éclipsait Poirot. Voilà alors qu’entre en scène un second inspecteur aux dents longues, un peu nazillon, tout occupé à faire de l’ombre au commissaire. Pour ce faire, il manipule son jeune associé et le met dans sa poche. Et au final, écoutez-moi bien, il le baise !
Agatha a dû se retourner dans sa tombe !