AVEU AUTOBIOGRAPHIQUE
Je me promène dans mon passé. Le plus surprenant à regarder ces photos anciennes est de constater le flux et le reflux des cheveux. Et puis je tombe sur une photo que je croyais égarée dans le déménagement et je la contemple avec le léger trouble qu’on aurait à revoir la trace d’une faute passée. Elle était réapparue à un moment propice bien que sa redécouverte ne fût point intentionnelle, il a un an et demi environ. Ce jour là, je regardais machinalement et pour la première fois le grand nombre de photographie dont mon ex m’avait fait un gros paquet qu’elle m’avait remis d’office lors d’une visite, pas mal de temps auparavant. Elle avait sans doute fait un tri. Je constatai que me revenaient les clichés de cathédrales et autres monuments religieux, ceux où je figurais mais il y en avait aussi où nous figurions tous les deux. Ma mémoire n’est pas assez bonne pour savoir si elle en a gardé de cette dernière catégorie. Peut-être que non. Il fut dire que c’était à cette période où même la cathédrale de Quimper était devenue laide à ses yeux.
J’étais alors en pleine écriture du roman. Le héros s’apprêtait à ascensionner la cathédrale pour en faire découvrir les entrailles. Et puis je suis tombé sur cette photo. Et alors j’ai fait une chose qui m’a semblée inouïe et m’a laissé le souvenir d’une bêtise à cacher à jamais : le temps des premières lignes du chapitre, j’ai prêté mes traits au héros du livre et j’ai décrit la photo. Quelques lignes plus loin, j’avais déjà oublié cet accident et Yann n’était de nouveau plus vraiment moi.
Cathédrale de Tréguier