POUR QUI ME PREND-ON ?
La moitié du groupe est présente ce jour-là. L’ambiance est détendue, le programme prévu reste en suspend pour ne pas pénaliser les absents. S’engage donc une conversation à bâtons rompus. L’une des stagiaires, Furneza, en profite pour me demander ce que j’ai fait à Paris. Je fais donc de bon gré un compte-rendu quasi complet des mes activités parisiennes, je ruse un peu sur les questions concernant la pièce de théâtre. Furneza est satisfaite. Furneza est une fille souriante, au langage châtié qu’on qualifierait volontiers, si elle était encore écolière, d’élève sage. Soudain Furneza relève la tête : Tu es allé voir l’exposition ? Quelle exposition ? Il y avait une exposition pour toi à Paris ! Ah bon ? Oui, une exposition de bites.
Là, je dois vous avouer être resté coi. Il faut dire que manquant de vocabulaire, elle avait dit « un diskouezadeg bit’ », je ne suis donc pas sûr qu’il s’agit du mot français. Je ne peux pas imaginer que ça le soit d’ailleurs, car enfin, elle vient de dire : « une expo pour toi ». Je lui confesse mon incompréhension. Soudain, elle trouve des ressources lexicales : « bit, ‘ibil’ quoi ! » Le doute n’est plus permis.
Elle explique que sa mère a vu dans le journal qu’il y avait à Paris une exposition de bites (c’est le terme employé par sa mère, car sa mère parfois, explique-t-elle en laissant trois points de suspensions…) et Furneza de dessiner dans l’espace de grosses bites avec une joie non dissimulée.
Je n’ose pas lui demander en quoi cette exposition était supposée m’intéresser !