BREVES LINGUISTIQUES
BILINGUISME AVIAIRE
Depuis l’avant-veille, les bergeronnettes grises fondent sur l’étendue de terre brune et aplanie et font les voraces. Stupidement, je n’avais pas prévu que les milliers de semences de graminées seraient pitance pour les volatiles et des proies bien exposées avant germination. Par acquis de conscience plus que convaincu de mon efficacité à long terme, je me précipite sur la terrasse pour… le mot me manque en français, disons « chouer » les oiseaux. A mon « Chou ! » retentissant l’envolée est unanime. Je me retourne vers Vladimir, fort fier de la spécificité de mon cri de chasse. Mais Vladimir ne semble n’avoir rien entendu de marquant. En fin pédagogue, j’attire son attention : « J’ai parlé breton aux oiseaux ! » « Ah !, répond-il, finalement étonné, je dis pareil en anglais. »
Les bergeronnettes eurent-elles conscience de leur bilinguisme, plus tard lorsqu’elles s’enfuirent au « Shoo ! » de Vladimir ?
LANGUE VIVANTE
Je sors du travail et, à peine ai-je mis le pied dehors, que retentit un nom d’oiseau lancé à pleine voix « Pich melen ! »* Dois-je confesser une demi-seconde d’accès paranoïaque ? L’élégante expression se fait entendre de nouveau et je vois alors deux collégiens qui jouent à s’insulter. C’est la première fois que je les entends mener cette activité en breton et aussi que j’entends cette insulte réellement proférée. Au final, je m’éloigne un sourire aux lèvres et au cœur une impression de langue vivante.
* Pich melen : bite jaune = PD.