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EN ALAN AR MEURVOR
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10 octobre 2008

LE VIEUX FUSIL

Des rebelles afghans paradant devant les cadavres des soldats français, Famas au bras. J’ai entendu cette description à plusieurs reprises, seulement cette fois la prise de guerre était nommée : le fusil de l’armée française Famas. Mon esprit est resté tournoyer autour de ce nom comme un insecte se cogne indéfiniment contre la lampe fatale. Il me semblait tellement incongru qu’il puisse m’évoquer quelque chose, une image, inconcevable qu’un lien, même des plus ténus, puisse me rattacher à cet infâme objet. Et pourtant je le voyais distinctement encore, sa forme, sa taille. Petit à petit, les détails me revenaient, parcellaires, puis se regroupaient de manière cohérente. Le nom même de ce fusil me glaçait le sang, il fallait que je me rappelle pourquoi. C’était clair maintenant, alors que la boule du couchant jouait avec la silhouette du clocher de Pont-Croix. Le canon est ainsi profilé que la balle sort en tournant sur elle-même. Lorsqu’elle atteint le corps, au lieu de le traverser sans bavures, de tuer net, elle parcourt l’organisme avant de ressortir et, avec un peu de chance, ne touche aucun organe vital. Elle laisse alors le soldat à terre dans des souffrances atroces. Il me restait à me remémorer la raison d’une telle charcuterie. Ah oui ! Il vaut mieux gravement blesser que tuer. Un homme, par compassion, s’occupera toujours d’un congénère à terre, même condamné, alors qu’on laisse un mort. Un Famas immobilise deux personnes d’un coup et retarde plus efficacement l’ennemi.

            Ils en étaient fiers, de leur Famas.

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Commentaires
C
Ce que dit Kleg m'évoque une chose à laquelle j'avais pensé consacrer un petite note. Il n'y a plus de service militaire obligatoire, donc les militaires qui s'engagent ont choisi de le faire à leurs risques et périls. Mais compte tenu de la précarité de l'emploi et la misère qui règnent, ce sont le plus souvent des jeunes qui n'ont pas choisi qui se retrouvent là-bas, libre de se faire tuer pour des motifs officiels souvent fallacieux. Globalement, on en parle beaucoup des militaires ou des policiers qui meurent dans l'exercice de leur fonction, mais on ne parle jamais des maçons et autres couvreurs qui meurent en exerçant un travail encore moins valorisé...
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K
Rien à dire sur les bouchers. Si les marchands d'armes et leurs clients avaient un soupçon d'humanité, ça se saurait.<br /> <br /> Autrement, avez-vous remarqué que les rebelles "paradent" toujours ? Alors que les vrais soldats, ils sont très tristes et très dignes quand ils ont troué la peau d'un autre humain. Ça leur crève le coeur.
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C
Ce que tu racontes là, je m'en souviens parfaitement lors de mon passage au service militaire : cela n'avait pas été sans me choquer. Toutes les armes d'assaut de toutes les armées du monde sont sur le même principe. A contrario, les accords internationaux ont interdit depuis longtemps les baïonnettes fines ou à section en croix car elles blessent sans forcément tuer tout de suite et les blessés meurent à petit feu. Alors maintenant, grand progrès, on utilise des baïonnettes à large section : c'est tellement mieux !!! A la chasse, on a plus d'égard pour le gros gibier que pour les hommes puisqu'on favorise au maximum une mort rapide.<br /> Autrement, chez mon médecin, j'ai vu la photo correspondant à ta description initiale. Je ne suis pas sûr que le magazine en question, médiocre par ailleurs, ait eu tort de montrer ça. Et puis, ce qui m'énerve (le mot est faible) dans cet engagement militaire (guerre), c'est le mensonge perpétuel de l'armée et des politiques. Lamentable.
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