LE MAD HONEY ET LA RHODOTOXINE
L'homme de la photo récolte du miel d’abeilles géantes himalayennes.
Elles bâtissent une ruche en forme de croissant - que Cornus a pris pour du bois - qui s'étend sur presque deux mètres sous un surplomb de roche. Ces abeilles produisent un miel connu sous le nom de miel fou, qui, grâce à ses propriétés hallucinogènes, se vend sur les marchés noirs asiatiques entre 30 et 40 dollars le kilo, soit six fois le prix du miel népalais traditionnel. Les effets psychotropes du miel de printemps sont causés par des toxines contenues dans le pollen d’immenses rhododendrons, (grayanotoxines ou rhodotoxines) dont les fleurs roses, rouges et blanches éclosent chaque année entre mars et avril sur les coteaux orientés vers le nord, dans toute la vallée du Hongu. (donc d'après la description des rh. arboreum)
Ce miel est délibérément produit dans certaines régions du monde, notamment au Népal et dans la région de la mer Noire en Turquie. Au Népal, ce type de miel est utilisé par les Gurungs à la fois pour ses propriétés hallucinogènes et pour ses prétendues propriétés médicinales. En Turquie, ce miel appelé deli bal est également utilisé comme drogue récréative et en médecine traditionnelle. Il est le plus souvent fabriqué à partir du nectar de Rhododendron luteum (azalée caduque jaune très odorantes, mère de beaucoup d'azalées caduques dites "Mollis") et de Rhododendron ponticum (le rhodo dit sauvage en Bretagne devenu invasif dans les îles britanniques, mais moins concentré en rhodotoxine que dans son pays d'origine, la région du Caucase notamment). Au XVIIIe siècle, ce miel a été exporté vers l'Europe pour être ajouté aux boissons alcoolisées pour leur donner un effet supplémentaire. À l'époque moderne, il est consommé localement et exporté vers l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie.
Ces toxines, absorbées directement de la plante, en plus grande concentration que dans le miel, peuvent être mortelles pour certains animaux, notamment les moutons qui broutent du kalmia, une autre plante de la famille. En effet, d'autres éricacées en contiennent. A l'inverse, tous les rhodo n'en contiennent pas, par exemple le rh. ferrugineum: donc ne vous ruez pas sur le miel des Alpes ou des Pyrénées.
Je sais depuis longtemps que le pollen de rhodo est assimilé à un stupéfiant, le regretté R. Gr*all m'avait révelé que sniffer du pollen d'un hydride dont je ne devais pas révéler le nom, produisait des effets puissants.
Enfin, il est un exemple de la toxicité de la plante, bien connu des rhodophiles et prestigieux puisqu'il s'agit de l'empoisonnement de l'armée d'Alexandre. Pendant longtemps, je m'étais demandé comment des soldats avaient pu ingurgiter du rhodo ! Je sais maintenant qu'il avaient consommé du miel local (Asie Mineure), et cette fois le rh. pontique est bien en cause.
Je profite de ce post pour publier quelques photos du Net que j'avais mises de côté depuis longtemps à destination de Calystee qui un jour avait mis en commentaire à la suite de je ne sais plus quelle photo "je ne savais pas pas qu'un rhodo. pouvait être si grand"...
Ca, c'était chez les angliches...
La suite c'est mon rêve absolu et un peu moins accessible (Anapurna)