AU PLUS PRES
C'est le jour du départ, mais un départ en fanfare ! En effet, nous n'allons pas très loin puisque Vladimir doit rendre visite à une très vielle dame à Grenoble le lendemain matin et nous dormirons le soir, sur la route, à Aix les Bains. Autant dire que nous avons une grande partie de la journée à nous. De plus, la tendance amorcée la veille se confirme : Un vraie journée de grand beau temps se profile, sans nuage, de celles qui permettent de voir les sommets. Pour la première fois, de Cheneil, le Cervin apparait "dibikouz", entendez bien dessiné sur le ciel.
Nous partons donc pour Breuil afin de renouveler l'expérience "Aiguille du Midi", c'est à dire prendre un téléphérique qui nous mène en haute montagne, au Plateau Rosa, à 3500 mètres d'altitude. La plupart des gens dans le téléphérique n'est pas constituée de promeneurs, ou de randonneurs. Ce sont tous des skieurs! Car Plateau Rosa, un haut plateau toujours glacé, est le plus grande station de ski estival d'Europe où l'on accède essentiellement du côté suisse. Que pourra-t-on faire là haut? Là est la question comme dirait l'autre, mais j'ai bien envie de tenter le coup pour la vue sur le Cervin bien sûr et aussi sur la dite "couronne impériale", une successsion de 4000m effilés qui dominent Zermatt, sur le Mont rose et plus encore, car tous les plus hauts massifs des Alpes sont par là alors que le Mont Blanc est un peu "exentré". Dès l'arrivée à Breuil, la bonne fenêtre météo se confirme.
Le Cervin (4478m) vu du téléphérique, à gauche la dent d'Hérens (4171m).
Arrivé en haut, on est sur la glace, parmi les skieurs qui rejoignent les pistes, ça glisse en peu quand on est chaussé normalement et il y a en effet peu de latitude pour "l'aventure". De la plateforme néanmoins, nous profitons d'une vue sur le Mont Blanc, beaucoup plus abrupt côté italien et qui vu d'ici apparait très nettement comme culminant.
Ensuite, à force de piétiner dans la neige pour essayer de prendre un peu le "large", nous arrivons à une piste de ski qui file droit sur la "station" suisse - elle bondée, bruyante et branchée (on y verra des transats sur la neige où les skieurs se reposent les yeux rivés sur leur portable, c'est vrai, il n'y a rien à voir autour...). Cet océan blanc est en lui même très impressionnant. Mais surtout, la piste est presque déserte et le bord, non skié, peut faire office de trottoir. C'est une aubaine, car cet océan blanc, où l'on pourrait imaginer pouvoir courir en tout sens, est un glacier recouvert de neige, et parsemé de crevasse où il serait dangereux de s'aventurer. Sur la piste en revanche, on est en sécurité. On va pouvoir se balader ! La sensation est très étrange, le soleil tape, on ressent pourtant que l'air est froid et qu'on piétine dans la glace avec des petite chaussettes fines.
C'est ainsi que nous allons pouvoir marcher sur la glace sur plusieurs centaines de mètres, quasiment seuls, jouir du spectacle des pyramides géantes et passer de la langue italienne à la langue allemande ! Et le Cervin, bien sûr, toujours en ligne de mire.
Je repère que la dameuse a travaillé un peu au delà des pistes
et j'emjambe donc le ruban du bord pour me payer le Cervin à moi tout seul, non mais ! (la pyramide blanche qu'il cache à moitié est la Dent Blanche 4358 m)
Vous l'avez remarqué, le Cervin a de la concurrence. La magie de cet endroit est l'abondance de sommets impressionnants, la couronne impériale. (de gauche à droite : l'Obergabelhorn (4064 m ), le Zinalrothorn très pointu (4221), le Weisshorn (4506) point culminant de la couronne.
En portant le regard un peu vers l'est, la vallée de Zermatt, au fond les Alpes Bernoises (Jungfrau) et à droite le Massif du Mont Rose, autant dire tous les plus hauts sommets des Alpes.
Sauf erreur, je pense que vous avez là la pointe Dufour (4634 m), point culminant du massif du Mont Rose, l'outsider du Mont Blanc.
Avant de redescendre, une vue sur Mont Roisetta, derrière Grand Tournalin et plus bas à droite la Becca d'Aran qui entourent la combe de Cheneil et donc nous avons beaucoup parlé.
Pique nique au bord du lac (artificiel) à mi hauteur entre Breuil et Plateau Rosa.
Il restait évidemmment à faire la photo rhododendronesque du Cervin, mais les spécimens étaient rares et la photo malcommode. Au final, la "making of" est plus intéressant !
Et la section cornusienne, on s'en doute, réduite à la portion congrue !
Nous rejoindrons la France par le tunnel du Mont Blanc, étroit, long et étouffant. Hélas, la route qui y mène est elle même très "entunelée", pourtant, les quelques courtes échappées sur le Mont Blanc quand on est presque au pied sont réelleement himalayennes : le Mont Blanc vue d'Italie est vraiment un géant.