COMPTE-RENDU PAPAL 1
Une semaine après notre arrivée, nous pouvions nous enorgueillir d'avoir remis en ordre, avec un mélange de douceur et de fermeté, le prieuré cévenol. Encore fallait-il rendre compte de notre réussite totale auprès du Saint Père qui nous avait missionnés. C'est ainsi que nous nous mîmes en route pour Avignon où nul n'ignore que le premier parmi les prêtres organise chaque juillet une petite sauterie d'un mois avec force comédiens et réjouissances en matière d'art dramatique
La route nous faisait passer par Nîmes que je ne connaissais pas encore et bien que n'étant pas un inconditionnel de l'architecture romaine, il eût été dommageable de ne pas profiter de l'occasion pour voir ces vestiges parmi les mieux conservés du monde romain.
Notre premier coup d'oeil fut pour les arènes, les mieux conservées du monde, que nous décidons donc de visiter (nous n'avions visité ni celles d'Arles, ni le Colisée). L'audio guide nous délivre quantité de détails sur les spectacles qui s'y tenaient. Et c'est l'occasion de se dire que notre monde a quand même évolué dans le bon sens. Malgré tout, l'idée que des corridas y ont encore lieu, ne me met pas très à mon aise. Il est midi et la lumière est violente sur les gradins. L'architecture me laisse froid mais on reste impressionné néanmoins par la taille des blocs maçonnés à joints vifs. Du travail de romain, comme on dit.
Dans la série des champions du bien vieillir figure bien sûr la dite Maison Carrée. Ce petit temple de style (néo) corinthien sous le règne d'Auguste est lui aussi le mieux conservé du monde romain et récemment restauré. Que vous dire d'autre? Cette architecture gréco-romaine laisse tellement peu de place à la fantaisie (les variations existent mais sont assez subtiles) que j'ai l'impression de voir toujours plus ou moins le même monument.
Nous traversons ensuite les jardins de la Fontaine, aménagement assez impressionnant réalisé sous Louis XV autour de la source originelle de Nîmes et des vestiges romains. La présence de l'eau rend l'ensemble attrayant mais je ne crois avoir jamais vu avant un telle illustration de ce que le jardin à la française est avant tout une architecture minérale! (Je me rends compte que j'avais vu, enfant, des photos de ce jardin, dans un livre sur l'histoire des jardins et complètement oublié son existence... mais savais-je à cette époque où était Nîmes?)
On y voit les vestiges du temple de Diane.
On gravit la colline, où la végétation prend enfin le pas pour voir la fameuse Tour Magne.
De cette tour, je ne connaissais que ces vers holorimes :
- Gall, amant de la Reine, alla tour magnanime
- Galamment de l'arène à la Tour Magne à Nîmes.
que je croyais, comme toute le monde, du grand Victor alors qu'ils sont de Marc Monnier.
C'est encore une construction romaine (mais sur des bases gauloises !), magnifiant (!) la principale tour des remparts.