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EN ALAN AR MEURVOR
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7 octobre 2015

ENGLISH WEDDING

J'étais donc bien, comme chacun l'aura finalement compris, dans la capitale britannique le week-end dernier pour un mariage , celui de la sœur de celle dont le propre mariage avait eu lieu il y a deux ans à Bristol. Le frère promet d'en faire de même dans un an... Affaire à suivre donc.

C'était un voyage éclair un peu délicat puisque le vol Londres-Brest qui rendait la chose des plus faciles n'existe plus. Quimper-Paris-Londres, autant vous dire que j'ai passé une bonne partie du week-end dans le train. Résultat, j'ai bouclé le premier acte de ma pièce de théâtre, une très bonne opération de ce point de vue.

Je sortais à peine d'un très mauvais rhume et la veille encore, je ne m'imaginais pas capable de faire un tel périple.

Parti le vendredi soir à la sortie du boulot, je saute dans le train, dors à Paris et me lève tôt pour attraper l'Eurostar. Mais comme je l'ai laissé entendre, ou comme certains ont pu l'entendre dans les médias, il y avait ce samedi là des gens dans le tunnel et le train fut retardé. En rade à Calais, j'espérai vainement que Fromfrom et Cornus viendraient me tenir la jambe, mais ces deux ingrats n'en firent rien.

Avec une heure et demi de retard, je prends un taxi à Saint Pancras, ce qui fut ma première occasion de monter dans ces célébrissimes véhicules, aussi spacieux qu'on le dit. Mais le taxi driver ne trouve pas le musée où je suis sensé me rendre. J'avais moi même trouvé étrange que l'adresse fût celle d'un musée. En plus, il ne prononçait pas les mots comme j’avais appris au point de me faire douter de moi-même (ce qui n'est pas dur en anglais) et j'apprendrai après coup qu'il avait le fameux accent cockney. Bref, il fallut téléphoner à Vladimir qui me sauva de cette situation. Le musée était dans une rue transversale que les autres noceurs avaient eu eux même du mal à trouver.

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Le bâtiment est une ancienne commanderie de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem dont une grande salle (néo)gothique était le lieu du mariage civil. Plongeon immédiat et violent dans l'ambiance d'outre-Manche !

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Un mariage anglais c'est toujours un peu la foire aux chapeaux, mais nous restâmes cette fois, très raisonnables.

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Après être resté suffisamment pour descendre deux coupes d'un breuvage non britannique, nous nous échappons pour voir, à deux pas de là, d'autres vestiges, dont un cloître enjardiné, et une crypte du XIIème qui se trouve être un des plus vieux monuments romano gothique de Londres. Vladimir en ignorait l'existence.

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DSC09783Je rencontre à cette occasion un de mes ancêtres, croisé sans doute, qui me prouve que je ne suis pas le premier de ma lignée à me fourvoyer en terre saxonne.

Ensuite la noce fait procession jusqu'au restaurant, ce qui nous donne l'occasion de traverser le marché à la viande, immense halle pour détaillants et grossistes.

 

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 Au restaurant, dont les livres semblent être la thématique, je remarque une cloison faite de bouquins utilisés comme briques. Ça me rappelle le décor d'une certaine pièce de théâtre.

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Je dois dire que ce mariage se place pour moi sous le signe du bruit. Pour des raisons acoustiques sans doute, aussi bien dans le grand hall du musée que dans la salle du restaurant, les voix des nombreux convives créent un brouhaha terrible qui me met dans une situation singulière : je ne comprends rien à ce qu'on me dit alors que plein de gens, très gentiment, me prennent d'assaut pour me saluer.

Je ne dirai rien du repas de peur de tomber dans le cliché... Sauf que j'ai eu l'heur d'être assis à côté d'une sympathique galloise du sud, et qu'enfin je peux converser un peu. Elle me raconte sa vie et me justifie de s'être mariée à un anglais (paysagiste!) par la fatalité. Sa mère et sa grand mère ou je ne sais plus qui dans sa famille auraient fait de même.

A l'issue, l'orchestre s'installe, dont l'un des membres, à la guitare et au chant, n'est autre que le frère de la mariée - et donc mon « beau » neveu - , pour enfiler des standards. Enfin, soyons honnête, ce ne sont pas des standards pour moi, mais je constate que les airs sont reconnus dès la première mesure par l'ensemble des convives. Karagar ne sait pas danser et en plus il commence sérieusement, du fait de sa convalescence, de son voyage, du bruit et de ses efforts linguistiques, à sombrer dans la torpeur de la fatigue. Alors, après avoir quand même trouvé la force d'allumer son ordi et de montrer quelques photos de son jardin ( faut en profiter, ici on est sûr que ça intéresse), il s'affale et regarde les danseurs.

Et là , un peu incrédule, il plisse les yeux pour mieux voir comme David Vincent la soucoupe volante dans le générique des envahisseurs. Étaient invités au mariage une poignée de jeunes hommes du monde du marketing (celui de la mariée – tiens à force d'entendre the bride, the bride, je finissais par entendre presque le mot breton pried, mais y-a-t-il un rapport?), cravatés et propres sur eux comme s'ils sortaient de la city. Ils m'avaient tous semblé, ou presque, en bonne et féminine compagnie pendant le repas. J'ai maintes fois constaté que les hommes éméchés avaient des gestes et des attitudes dont je parierais fort qu'ils nieraient – une fois dessaoulés - les avoir eus, et que les anglais sont champions du contraste entre la face inhibée et la face dés-inhibée – qui a écrit Docteur Jeckyll.. ? - mais à ce point là !

Il m'apparut d'abord clairement que les copines furent progressivement et définitivement exclues de la danse. Certaines tentèrent des assauts désespérés, revenaient à la charge au prix de trémoussements décuplés, mais au bout d'un moment, elles n'étaient plus là. Non qu'elles eussent été à proprement parler chassées, mais leurs mecs ne les voyaient plus, elle étaient devenues transparentes. C'est cette insidieuse exclusion qui m'avait frappé, plus que le fait que les garçons dansaient entre eux. Et je ne m'y étais pas trompé, car une fois seuls, leur danses prirent un caractère de plus en plus sexuel. Un festival. Je ne vous parle pas d'un instant d'égarement non, mais de la soirée entière. A la fin, on simulait carrément la sodomie, et je voyais bien que ça n'était pas tout à fait du théâtre. Je remarquai d'ailleurs l'un des 'danseurs' saisir le paquet d'un autre pour constater si ce qu'il venait de lui faire avait produit un effet. Bref, tout cela me laissa bien songeur et mes réflexions, étaient bien plus sérieuses que ce que je viens de raconter ne pourrait laisser imaginer.

Nous quittâmes le restaurant pour rejoindre notre hébergement (chez notre cat sitter préféré) à raison d'une petite traversée à pieds du London by night. Nous passâmes près de ma chère Saint Paul - un peu mon ennemie préférée -, à qui je n'épargne jamais une petite diatribe sur son architecture.

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L'abus d'alcool (vins et bières, le vin est toujours abandonné en fin de soirée ici) me fit voir d'étranges véhicules. Une voiture victime d'une élongation et un bus-pédalo à bière !

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Les rives de la Tamise de nuit sont assez impressionnantes alors que Londres se newyorkise d'année en année.

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Vladimir me parle du temps pas si lointain où Saint Paul (une des plus vastes églises du monde) dominait sans partage le skyline londonien.  Ça n'est plus tout à fait le cas...

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Le lendemain matin, après que notre hôte nous a montré, pour faire mentir les clichés, son art consommé de faire le café, confinant à la maniaquerie, et que ce même hôte nous a détaillé ses photos de vacances - à savoir toute la côte nord du Cap Sizun de Goulien à la pointe du Van -  qui achèvent de troubler mon sens du "où suis-je aujourd'hui" en ce week-end chahuté - nous partons donc pour une ballade le long de la Tamise, sous un soleil radieux et un temps très doux. Je n'avais jamais vu Londres sous une aussi jolie lumière que ce jour là et j'en garde un souvenir enchanté. Du fait de la marée basse peut-être, du rire des mouettes, et du beau sable (sans doute rajouté) que des sculpteurs éphémères façonnent sous l'oeil des badauds, je suis frappé soudain comme jamais du caractère maritime de ce fleuve qui est déjà un estuaire.

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DSC09896A la question Est ou Ouest, j'ai choisi Ouest pour nous rapprocher de Westminster afin d'avoir le plaisir de ré-entendre, et peut-être même d'enregistrer, le timbre si particulier de Big Ben. Quand midi sonne, nous sommes encore de l'autre côté du fleuve et la grosse cloche a bien du mal a couvrir les musiciens et danseurs du dimanche installés sur le bank avec grand renfort de sono.

Mais qu'importe, je ne boude pas mon plaisir à contempler les Houses of Parliament, une des plus grandes réussites du néo-gothique, à mon sens. Notre hôte m'apprend que lors de sa construction, il y eut des querelles sur le choix du style et que le néo-classique faillit bien l'emporter. D'ailleurs le choix de l'art ogival se fit si tard que les volumes sont ceux d'un palais classique qu'on aurait habillé de gothique perpendiculaire. Cette précision est éclairante sur la silhouette générale.

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Le modèle des motifs qu'utilisèrent les architectes du XIXèmeDSC09861 était tout proche, c'est la chapelle axiale en gothique tardif anglais de l'abbaye de Westminster, dont les panneaux, reproduits à l'infini, donnent son style au palais voisin.

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J'ai déjà longuement glosé j'imagine sur l'architecture de l'abbatiale, qui est dans ses proportions et sa structure l'unique église anglaise de gothique français avec un décor et une modénature anglais néanmoins.

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Mais ai-je déjà mentionné le tympan du portail du transept qui au dessous d'une rosace qui pourrait être à Reims (regardez une photo au dessus où on l'apperçoit derrière Big Ben) - et tous ces détails rémois sont loin d'être le fait du hasard puisque ces deux édifices sont ceux du couronnement - tympan très classique pour moi mais bien original ici puisqu'il est sans doute le seul de ce type outre-Manche.

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Retour au bercail par la ville, en effleurant Saint James's Park. Au  bout du grand lac se trouve la maison du gardien des canards (et autres volatiles) et son petit jardin.

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Nous sommes en pleine ville, en face on voit ceci : DSC09886mais la magie est totale, on se croirait en pleine campagne. Las anglais seuls savent faire cela sans artificialité aucune. La plupart des fleurs qui ornent ce jardin sont également en fleurs chez nous. Je vous disais qu'ils avaient du goût!

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Les pélicans sont célèbres parait-il. Mais on n'a pas su me dire comment ils passent l'hiver.

Et nous voici de retour dans le petit HLM à deux pas de la Tamise qu'a la chance d'habiter notre hôte.

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L'heure est venue de prendre un petit train qui nous ramène au nord, et dans les temps, à la gare de Saint Pancras. Mais là, on nous annonce un problème technique. Le train part avec près d'une heure de retard : le laps de temps que nous avions avant l'heure du départ du dernier train pour Quimper! Nous resterons donc une nuit à Paris. Fort heureusement muni de mon ordinateur portable, j'ai pu envoyer à la secrétaire de quoi donner du boulot à mes élèves à faire durant la matinée du lundi, en m'attendant.

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Commentaires
P
Bon c'est pas tout, le temps passe, les mariés ont dû rentrer de leur voyage de noce, faudrait songer à revenir aussi... ;)
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C
Mais si, deux fois même !
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P
Ah oui ma question était très sotte, je n'avais pas vu qu'il s'agissait d'une commanderie. Lu trop vite.
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K
Plume> Je n'avais même pas pensé à faire des recherches sur son nom! En effet quel héritage. Eh bien si c'est un grand personnage de l'ordre, rien étonnant qu'il ait sa figure dans une fenêtre d'une commanderie de St Jean, à Londres ou ailleurs. <br /> <br /> Les photos, je n'"aurais pas osé.<br /> <br /> Plume2> Eh bien je n'en sais rien figure toi. 3 ou 4.<br /> <br /> Cornus> Mais je vous ai salué ! Vous ne regardiez pas par la fenêtre à ce moment là , c'est tout :)<br /> <br /> Tu sais à par boire un peu je n'ai pas fait grand chose avant la marche.<br /> <br /> Calystee> Je ne savais même pas si tu était allé en GB !
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C
Des anglais désinhibés ! Jamais vu ! ( Je plaisante, of course) Il faut dire que je n'y ai jamais assisté à un mariage !
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