L'HIVER VIENT
(Et rassurez-vous contrairement à un célèbre précédent, ce n'est pas le nom du premier volume d'un roman de 10 000 pages)
Météo France m'affirme que l'hiver arrive demain. Tiens donc, voila autre chose ! Comprenez-moi, il faut que je sache moi. J'ai quelques petites chose à abriter. Si peu, il est vrai, mais une semaine de vacances - dont une partie alité, circonstance atténuante - et on tourne déjà fénéant, adepte du moindre effort. Et puis, zéro au petit matin, on finit par ne plus y croire, vingt mois que ça n'est pas arrivé. Alors je veux en avoir le coeur net. Je monte au balcon, saisis ma longue vue et vise la plage et là, je m'exclame : l'hiver, tu parles, Charles!
En en disant ça, voila que je pense à mon pote Charles Allbright, ex de Scotland Yard reconverti dans les enquêtes privées. J'aurais bien été moi-même demander au surfer la température de l'eau, mais Vladimir, de son potager, avait un oeil sur moi. Alors j'ai appelé Allbright. Il est plus habitué à ce qu'on le lance sur de grosses affaires comme l'adultére, le vol de nains de jardin, pommes dérobées au potager et nuisances campanaires mais avec la crise, je savais qu'il ne cracherait pas sur un petit extra, dimanche compris. Alors, pourquoi pas la quête de l'hiver? Comme prévu, il accepte et là je dis : que les frimas garent leur fesse, Allbright est aux taquets!
Allbright n'avait pas tôt fait de parcourir le littoral que j'eus des nouvelles. C'est qu'il est bellement équipé, le gaillard! Un zoom à faire pâlir Cornus, un trépied que lui arracheraient toutes les grands-mères pour mettre sous leur plaque à crêpes dans la cheminée. Mais cela ne sera rien quand vous saurez que l'ensemble était on-line, oui ma salver berniget, on-line avec lui ! Bref, si j'avais eu un smart-phone j'aurais eu le fruit de son labeur illico presto mais hélas mon ordi met autant de temps à s'ouvrir qu'il en fallut au détective pour mener ses investigations et, manque de bol, pour une fois, je ne traînais pas sur les blogs. Mais qu'importe, le coeur de l'affaire est ailleurs : les pièces à convictions ne convainquaient pas ! L'hiver semblait ne pas venir.
Il y avait un post scriptum : "Pas brillant, n'est-ce pas, malgré mon nom ! Mais laissons l'hiver de côté, j'ai l'affaire du siècle." Un instant j'ai pensé à un cliché de Valériane Tierweider main dans la main avec Arnaud Escaladeetpine mais je fus heureusement surpris des nouveaux centres d'intérêts de Allbright en lisant la phrase suivante : "J'ai des évidences de la ville d'Is." Suivaient des fichiers joints.
C'était bluffant, je devais le reconnaître. J'aurais bien expliqué à Allbright que c'était un mirage de l'île de Sein dont les bâtiments paraissaient deux fois plus haut et détachés de la surface de l'eau, mais un mirage, c'est quand la surface de l'eau est chaude et cela ne plaidait guère pour l'arrivée de l'hiver.
Il ne me restait plus qu'à aller me rendre compte par moi-même. Muni que j'étais de mon appareil, je pris quelques photos inutiles dans le cadre de l'affaire qui nous concerne et nous tient en haleine. Les pauvres maisons du Cap,
la route de la mer qui ne dévoile qu'au dernier moment son issue et garde son habit de campagnarde jusqu'au bout.
Enfin la plage apparut, ciselée par la lumière d'hiver d'été.
Mais, moi même, j'étais incapable d'appuyer la thèse hivernale!
Jusqu'à ce que... Eurêka, j'avais trouvé ma preuve! L'escalier. Au printemps dernier on avait dû construire trois nouvelles marches pour s'adapter à la terrible baisse du niveau du sable, emporté par les tempêtes incessantes. Eh bien, il avait encore baissé ! Pas de doute on est en hiver.
Alors, avant de rentrer rentrer mes plantounettes, on ne raterait pour rien au monde un coucher de soleil quasi solsticial, jalousé par la demi face de varicelle mal soignée !