RENFORT POUR BRENNOS 1
La surprise, c'est que la mère d'Antonio qui n'est en Ombrie que pour les vacances, nous prête son chez-elle pour le reste du temps qu'il nous reste à passer en Italie, c'est à dire, vous l'aviez compris j'imagine, son appartement romain. Ça n'était pas à proprement parler dans nos projets mais c'est une occasion à saisir. Brennos, voici du renfort !
On nous explique comment s'y rendre, où prendre asbolument un capuccino, où manger dans le quartier (car nous serons assez loin du centre historique, enfin relativement) et surtout où trouver dans la bibliothèque le guide de Rome en français de couleur jaune.
Et nous voila de nouveau à la petite gare qui nous avait vus arriver une semaine plus tôt.
Mais quand je fouille dans la bibliothèque, point de guide jaune. A chaque fois que je retire un guide des rayonnages, c'est tantôt la pointe du Raz, tantôt le phare de l'île Vierge, tantôt une bigoudène qui se présente à moi. Cette bibliothèque regorge de livres sur la Bretagne! Bizarre. Finalement, je le tiens : "Rome". Mais bien-sûr, il est vert ! Annabelle m'avait pourtant prévenu, rien n'est jamais comme annoncé.
Évidemment c'est un peu l'affolement qui prédomine. Je n'avais déjà guère documenté notre voyage en Italie, je l'ai dit, mais alors Rome qui n'était pas au programme, vous imaginez! L'offre est pléthorique.
Rome va nous épuiser littéralement. Je ne me ménage guère malgré mon mal de gorge et ma fatigue soudaine, certain que ça ne durera pas, comme c'est arrrivé un jour plus tôt à Vladimir. Mal m'en prit! De ma maladie romaine je ne suis sorti vraiment que mardi dernier, 20 jours plus tard, après même un petit malaise au boulot!
Le premier soir, nous partons à pied, bille en tête, passons la pyramide de Cestius, monument funéraire d'un tribun, près de la Porta Ostiensis du mur d'Aurélien (mais modifiée au Vème). Nous voici intra muros.
Nous passons le Circus Maximus (du moins son emplacemennt, de plus de 500 m de long), longeons le Palatin pour déboucher au Colisée et à l'arc de Constantin. Inutile de dire que la vision de toutes ces choses, bien que les images en soient connues, est quelque-chose de très inhabituel pour moi.
De là nous obliquons dans une avenue qui traverse une partie de la ville antique : l'énorme basilique de Constantin (l'un de ces bâtiments civils à l'origine des églises chrétiennes quand même!), le forum de Trajan, et plus tard la colonne du même.
Nous nous enfonçons alors dans la ville, jusqu'au Panthéon. Celui ci nous y reviendrons.
Nous traversons la longiligne place Navone (un plongeon dans le baroque!) et entre temps avons eu le temps de manger un dîner dégueulasse... Nous aurons finalement parcouru 7 kilomètres.
Le lendemain matin, Vladimir reste au lit, et moi, encore vaillant, je vais visiter Saint Paul Hors les Murs. C'est une des basiliques majeures de Rome qui a été entièrement refaite au XIXème siècle suite à un incendie. C'est donc un pastiche mais qui donne une assez bonne idée de ce que furent ces géantes paléochrétiennes, directement issues des basiliques civiles, dont l'influence explique une certaine permanance formelle des églises médiévales italiennes. On ne comprend pas ce qu'est l'architecture du bas Moyen-Âge (roman-gothique) sans garder à l'esprit qu'on était parti de là pour finir par inventer une plastique murale inédite. J'aurais préféré voir un édifice vraiment ancien mais Saint Paul était notre voisine. La voici vue de la cuisine :
Caractéristiques principales : Portique d'entrée, files de colonnes, pas de marquage des travées, charpente, transept sans vrai lien organique avec la nef, abside simple. L'impression d'immensité est accentué par le vide des chaises absentes, très fréquent dans ces grandes églises italiennes.
Ne sont anciens que quelques pièces de mobilier et le cloître :
Le sarcophage dit des "deux frères", atelier romain du IVème siècle un des exemples les plus anciens d'iconographie chrétienne :
Les papes, me dis-je alors, c'est bientôt fini !