ABBATIALE DE LA TRINITÉ - VENDÔME
On associe rarement l'idée d'une abbatiale, si grande fût-elle, à un ample vaisseau gothique, du gothique le plus aérien et ajouré qui soit, de surcroît. La grande carcasse (et c'est toujours le mot qui me vient quand je pense à cette église, tant ses arcs-boutant gigantesques et sa transparence la font ressembler à un squelette paléontologique) suggère bien sûr une cathédrale, sans la façade harmonique attendue.
Cet édifice a plus d'un titre de gloire. C'est un des plus beaux vaisseaux du gothique finissant
, sa façade est d'une exubérance rare (qui fait dire à Vladimir, on se croirait en Angleterre!)
Son clocher est l'une des plus monumentales réalisations de l'art roman dans le domaine, célèbre en outre pour être le modèle du plus grand clocher roman de France, celui de la cathédrale de Chartres - mais je préfère le modèle).
Enfin, sa chapelle axiale sert de châsse à l'une des plus vieux vitraux romans de France, inspirateur une fois de plus, dit-on, d'une oeuvre chartraine, Notre Dame de la Belle Verrière. Et pourtant, bien peu savent dire où est Vendôme et ses trésors architecturaux semblent un peu méconnus.
Pour ma part, c'est une église que j'ai arpentée, avec une assiduité que peu peuvent lui disputer. J'ai passé là bas, pas mal de petites vacances lorsque j'étais adolescent. Je me souviens de ce luxe qu'était pour moi la possibilité d'aller à pied, quand bon me semblait, voir la grand vaisseau gothique.
J'ai toujours beaucoup aimé l'extérieur de la Trinité, par dessus tout son chevet, de la fin du rayonnant, quand le raffinement frôle l'extrème. Pour moi, sans conteste, l'un des plus beaux "culs" de l'art ogival. Beaucoup de sobriété ici, rien que la beauté des volumes qui s'encastrent.
L'intérieur parvient moins à m'emporter. Le choeur rayonnant, malgré sa belle facture, ne me fait pas l'effet de Saint Denis, d'Amiens, du Mont Saint Michel, véritables orgues de lumière. Les détails sont superbes, le problème tient, selon mon goût, aux proportions.
Le transept est du premier art gothique dans sa version angevine dont je vous ai rarement montré des exemples ici. Voyez sa voûte bombée, ses nervures très complexes pour l'époque (l'origine des voûtes folles anglaises peut-être) et ses retombées interrompues par des personnages sculptés (procédé qui aura une longue descendance en Angleterre aussi).
Dans un angle, je déniche une représentation de l'architecte qui porte l'église sur son dos. On se réécrirait bien un petit roman sur le sujet...
Dans les stalles, beaucoup à voir également. Rien de grivois, mais que du trivial. Et un superbe green man !