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EN ALAN AR MEURVOR
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22 juin 2010

PIERRE APRES PIERRE (1)

IMG_4987_1L’angle de vue de l’article qui précède ne dévoile au fond qu’un paysage bien connu, hérissé de pinacles et de polylobes, maintes fois évoqué. Il rend assez mal compte de ce qu’ont été mes préoccupations, mon état d’esprit durant les semaines qui précédèrent. La cathédrale, bien qu’elle fût le sujet central de la pièce,  je ne l’ai vraiment prise en compte, en quelque sorte, que lors des représentations. Sa monumentalité s’est imposée à moi plus que jamais ces deux jours là, comme une comédienne dont la carrure fait craindre qu’elle laisse dans l’ombre les autres protagonistes. Ou alors comme une bête géante que je m’apprêtais à assiéger avec mes seize soldats du verbe. Je reprends une image du roman, rien que de très naturel, mon regard n’a pas changé.

En réalité, m’arque bouter sur la cathédrale, était sans doute une façon pour moi de rester en terrain connu pour cette aventure inédite, elle : le théâtre.

J’avais envisagé d’écrire un article sur la passion, sur les passions inébranlables de ma vie, phares, Bretagne, gothique, harpe, si précoces dans ma vie et que je n’ai cessé de cultiver, puis celles qui sont arrivées plus tardivement, les plantes et le jardin, l’écriture aussi, dont les racines me semblent à bien y réfléchir assez anciennes. Le mot de passion, je l’ai rarement utilisé en vérité pour parler de toutes ces choses. Je l’ai bien plus souvent entendu dans la bouche des autres qui me qualifiaient d’être passionné avec une acception laudative bien actuelle, qui n’a pas toujours eu cours puisque le vocable a pu désigner ce qu’autrui nous fait subir, comme la passion du Christ, ou ce que nos propres penchants incontrôlés nous font subir – au point de l’opposer à l’action - avant de désigner cette étincelle tant enviée qui brille dans les yeux de ceux à qui l’on prête cette désormais qualité. Quoi qu’il en soit, tous les sujets évoqués me paraissent en toute franchise avoir été moteurs dans ma vie, plus que pulsions débridées.

Néanmoins, concernant le théâtre, je perçois bien la différence. Elle est ténue, subtile et m’a obligé à y réfléchir à deux fois. Il y a dans l’intérêt que j’ai porté à cette entreprise quelque chose de plus réfléchi, de plus raisonnable, de moins instinctif. Cela ne retire rien à l’engagement qu’on peut y mettre, au plaisir qu’on peut y prendre, car j’y ai mis une belle ardeur me semble-t-il.

J’ai bien sûr cherché la source de ce nouvel engouement dont certains ont déjà oublié le caractère récent. A quelques témoignages j’ai bien compris que d’aucuns considéraient normal que je me lance dans ce projet. Pourquoi ? Ma grande gueule ? Le métier de mon mari ? Ce qui est certain est que j’ai toujours eu en moi le goût un peu enfoui pour le spectacle, pour la scène. J’avais ces dispositions enfant, vite étouffées par une adolescence et un prime âge adulte fait de timidité et de complexes. J’ai été un petit garçon assez fanfaron, ce qui n’étonnerait guère ceux qui me connaissent aujourd’hui mais aurait eu de quoi surprendre ceux qui me connurent pendant cette période intermédiaire. Ce goût latent pour le spectacle n’avait rien à voir avec un désir de midinette d’être la nouvelle star. Dans l’idée de spectacle me plaisait, et me plait encore, l’aspect moment privilégié, presque ritualisé d’une rencontre entre des artistes et une audience et dont le bâtiment théâtre me semblait l’illustration la plus parfaite. Il y eut à cet endroit une convergence avec mon goût pour l’architecture et après avoir observé des photos de salles célèbres, je concevais dans ma tête les plans d’un mini théâtre tout en bois que j’aurais construit au fond du jardin. Ces vieux rêves me traversent encore parfois.

Rêve larvé donc puisque je ne me connaissais aucuns des talents qui donne le droit de monter sur les planches. Lors de mon expérience lycéenne, alors qu’on m’avait forcé la main pour prendre quelques petits rôles, je mesurais toute mon incompétence en la matière et mes prises de parole me faisaient trembler. Mais que j’ai aimé être dans la troupe, dans les coulisses, sur les franges du spectacle !

C’est bien plus tard que cet attrait souterrain pour le public a rejailli. Franchement, quand j’y repense, je ne sais pas ce qui m’a pris. Je suis de nature prudente, les risques pris sont réfléchis, y compris la portée des éclaboussures des pavés dans la mare. Mais constituer un petit orchestre et monter sur scène (dans le chœur en réalité) avec ma harpe et ma voix est la chose la plus casse gueule que j’aie faite. (Jouer de la harpe plus que le chant était risqué). Je n’ai jamais connu ce trac des gens talentueux qui les quitte des qu’ils œuvrent. Non, le mien me tenait tout au long du concert. Folie certes mais tentative d’accomplir le rêve absolu : être harpiste et faire partager mon amour pour l’instrument.

La mise en scène, oui, ça me travaille depuis un moment. Je n’ai pris des cours de théâtre cette année que dans ce but. Le rôle de Vladimir ? Non négligeable sans doute et puis grâce à lui, je baigne un peu dans cette ambiance, je vois pas mal de pièces et je les regarde avec un œil critique.

Et puis les choses se mettent en place on ne sait plus comment. Lorsque j’ai commencé ces cours en octobre, c’était une première étape préparatoire à un futur plus ou moins lointain et hypothétique. Or, l’année de cours est à peine terminée que la pièce est prête. Ironie du calendrier même, le dernier cours est annulé car à la place j’ai l’ultime répétition. Quand il fut établi que je ne pouvais plus reculer, que je m’étais proposé pour un spectacle autour de la cathédrale, j’eus de sourdes angoisses. Je me demande parfois si ma maladie du mois de mai… Pourtant je m’entends encore préciser, à la réunion de programmation, que ça ne serait pas une simple lecture mais qu’il aurait une partie réellement théâtrale.

(À suivre)

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Commentaires
K
Lancelot> Oui, je crois assez à tout ça. J'avais été ausi curieusement malade avant mon premier concert de harpe, il y a plus de 10 ans...
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L
"Je me demande parfois si ma maladie du mois de mai…"<br /> Oui, je me demande aussi. La coïoncidence était un peu curieuse. Pourtant, je ne te connais que par le biais de ton blog. Mais j'ai déjà vu, autour de moi, très souvent, ce genre de phénomène. C'est assez courant. Le corps déconnecte pour rassembler ses forces avant le grand saut. Il y a des communications entre lui et l'esprit qui nous dépassent. De la même façon, on peut tomber malade des mois après un grand choc, de façon bizarre et mystérieuse, pour "évacuer" ce poids que l'on a mûri et dont on croyait avoir accouché dans les larmes versées. Eh non. Il faut que la maladie s'en mêle, pour la conclusion véritable.
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K
Le "fanfaron actuel" Rhooo, je suis pliée de rire à ce mot.
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C
"Quoi qu’il en soit, tous les sujets évoqués me paraissent en toute franchise avoir été moteurs dans ma vie, plus que pulsions débridées."<br /> Voilà bien une chose que je partage pour une large part et c'est sans doute un peu toi qui m'a fait prendre conscience que la "force tranquille" n'en est pas moins puissante.<br /> Ayant la chance de connaître le fanfaron actuel, j'ai quand même une idée approximative de la période dite intermédiaire. A vrai dire, je pense que si l'on ne savait pas ce qu'on sait, on aurait du mal à coire que cette période intermédiaire ait pu exister. Et en même temps, sachant ce qu'on sait, on se dit que la période actuelle ne serait pas aussi forte si la période intermédiaire n'avait pas existé. C'est peut-être du grand n'importe quoi ce que je raconte, mais je voulais dire que je suis heureux, nous sommes heureux de tout cela et des prochaines aventures.
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