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EN ALAN AR MEURVOR
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20 septembre 2009

NETRAOUIGOU

Je dois me rendre à Dz pour acheter un sac particulier. Las que je suis de l’itinéraire quotidien, je passe par le nord du Cap. A l’issue de ma traversée sud-nord, au moment de rejoindre la route de Dz, m’apparaissent, contours et couleurs rendus indécis par un léger voile brumeux, des croupes rugueuses plongeant dans la mer. Je connais, bien sûr, cet endroit et tant d’autres. Mais passer là, juste à l’occasion d’une course, aimanté par cette beauté derrière un voile, comme dirait Verlaine, avoir des rappels incessants de l’exigüité de mon ancrage, du rempart marin qui m’enserre, tout cela m’étonne encore.


Autre course, je dois acheter le magazine Têt*u, pour une raison très précise… et secrète. Je ne l’achète ni le lis d’ordinaire. Maison de la Presse de Trebou*l. (Pas de ricanements dans la salle, mar plij !) J’ai du mal à le trouver et puis, la chose en main, je me dirige vers la caisse. Et là, me remontent par bouffées des souvenirs très anciens. Revues homos (et pas forcément informatives…) achetées à la sauvette, fiévreusement, honteusement, dans des kiosques de la gare de l’Est. Et je dois avouer que si je m’acquitte de ma tâche sans… (distroñs ?) le moindre hoquet, je ne suis pas aussi à l’aise que si j’achetais Ouest-Franc*e. Expliquer pourquoi, alors que pour le reste je n’ai aucun problème à ce que mon orientation sexuelle soit connue, dépasse le cadre d’un netraig (petit rien). Je crois que me met mal à l’aise l’idée qu’un achat renseigne sur un aspect intime de la vie.


Trois profs de breton devisent d’un ton léger lors d’une pause nicotinée. Monsieur K., jaloux, dit à Monsieur M. :

« Alors comme ça, le dernier opus de Madame K. est au programme des troisièmes cette année ! »

Le regard de l’auteur fond sur le pavé et son visage s’empourpre. Mais Monsieur K. persévère :

« Et tu n’as pas proposé le mien ? »

Eclat de rire général. Bien qu’il de soit pas raisonnablement envisageable de faire lire ce bouquin à des collégiens, imaginer la crise d’apoplexie du directeur - fortement soupçonné d’homo-allergie et de saintenitoucherie - en apprenant la chose nous amuse tous les trois, gamins que nous sommes. Et puis, plus sérieusement, Monsieur M. dit alors :

« Quoique, on pourrait étudier la nouvelle n°7. »

Du coup, le lendemain, je relis la dite nouvelle en diagonale et je bute sur la dernière phrase : Je n’avais jamais égorgé un homme laid. Les lecteurs penseront que cette phrase singulière n’a d’autre raison d’être que d’apporter une touche finale au portait de la psychologie du meurtrier. Et moi, devenu lecteur à mon tour, de saisir soudain la raison de cette phrase, tout du moins d’ôter le voile sur l’inconscient qui me l’avait faite écrire.

Durant mon service militaire, j’étais affecté à un service administratif sous l’autorité de trois gradés, chacun d’un des trois corps d’arme : terre, mer, air, centre de sélection oblige. Le terrien était sévère mais franc du collier, le marin était breton, gentil et alcoolique. L’aviateur était méridional, parlait de Brest comme l’endroit le pire de la planète (pour faire enrager son collègue sans doute), d’un niveau d’étude plus élevé (il était licencié), il crachait perpétuellement dans la soupe sur l’air de « je n’ai pas pu faire autrement que d’atterrir dans cette connerie d’institution militaire ». Il jouait les gentils, à celui qui est du côté des appelés, il était très copain-copain avec certains d’entre eux, les jolis garçons s’entend, car l’adjudant était PD comme un foc. Moi, ne pouvant répondre à l’appellation, je n’eus droit qu’à un ironique « bonjour à la Bretagne » le jour de mon départ.

Un jour, passe dans le couloir une nouvelle recrue, un aviateur. Il portait donc le même uniforme que l’adjudant, et l’armée de l’air était en minorité dans le centre de sélection. L’adjudant ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Il faut noter aussi qu’en accord avec l’image qu’il voulait donner de lui-même, il était très peu regardant sur les petits détails disciplinaires sur lesquels l’armée base toute son entreprise d’asservissement des esprits. Le jeune appelé était certes un peu débraillé, mais il était surtout gros et assez laid. C’est alors que j’ai vu l’adjudant entrer dans une colère que je ne lui avais jamais vue, terroriser le jeune homme en raison du négligé de sa tenue. Il était méconnaissable. C’est sa laideur qu’il vitupérait et cette scène m’avait beaucoup choqué. Même si la phrase conclusive de la nouvelle semble parler de l’inverse, je sais que c’est cette scène qui me l’a inspirée.


Le paparazzi Karagar a réussi à dénicher la sulfureuse écrivaine Karregwenn dans sa cuisine. Avait-il trop bu, peinait-il encore à comprendre le fonctionnement de son nouvel appareil ? Quoi qu’il en soit, Breiz*h Match a refusé son cliché !

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Karagar a pris une bonne leçon aujourd’hui et va devoir se calmer. Quinze jours de retrait de permis ! Déplacements solutionnés pour la semaine qui vient (je travaille demain à plus de 100 km de chez moi et on m’avait confié du matériel de location pour le groupe). La semaine suivante à voir…

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Commentaires
C
Lancelot> Ta signature est pléonasmique ! (je me sauve me cacher tout de suite)
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P
J'crois qu'j'ai trouvé l'aut'bout de la photo....<br /> <br /> euh!! me suis p'tête un peu emmêlé les pinceaux...<br /> <br /> scuses M'ame KarregWenn
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L
Tu as donc (ou une connaissance à toi...) eu une lettre publiée dans le courier des lecteurs. Comme c'est intéressant. J'irai feuilleter ça. Peut-être que je parviendrai à lire sans avoir à l'acheter, et tant pis pour le visage extatique du playmec devant ton "gros" zoom.<br /> <br /> Signé : un (autre) Méridional Infecte :-))
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C
Oui, c'est vrai que d'habitude ce langage me donne des boutons, mais c'est ainsi que les autres l'appelaient. Alors que moi, je n'ai jamais eu droit à ce qualificatif. Certains m'ont néanmoins copieusement emmerdé parce qu'ils s'inquiétaient que je ne sorte pas avec des filles.
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K
Kgwn> Estreget kas war-raok brud an Aotroù Kemp a ran... Un Aotroù K. a c'hall kuzhat un all !<br /> Cornus> PD, tapette !!!! QUel langage!<br /> Lancelot> Mais la partie est remise quand tu veux...<br /> Je ne sais pas écrire un article de presse. Par contre, tu n'étais pas loi, j'ai fait les photos du plymec du mois et il a trouvé mon gros zoom très efficace.<br /> Le côté infect de l'adjudant? Ses origines méridionales, sans le moindre doute, tu aurais dû le deviner !
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