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EN ALAN AR MEURVOR
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10 septembre 2009

OPTIMISME VOLONTARISTE

Je remarque en lisant un commentaire chez Lancelot et les réactions qu’il génère que mon ressenti est toujours en inadéquation avec l’expression d’un noir pessimisme sur la société humaine et son devenir. Je parle de l’existence ou non d’un progrès moral, si tant est que je puisse le définir, prisonnier que je suis de mes propres valeurs héritées de mon milieu, de la religion dans laquelle j’ai été élevé bien que délaissée depuis, des personnes (ou personnalités) qui ont pu influer ma façon de penser, fort peut-être aussi de quelques autres que je me suis appropriées en conscience. J’utilise à dessein pourtant ce pompeux terme pour exclure d’emblée de mon propos l’aspect matériel de l’évolution humaine pour laquelle mon optimisme est moins vaillant. L’homo politicus semble en effet avoir oublié les capacités de ses ancêtres à prendre des décisions à long terme dont les fruits post-scrutin ne l’intéressent pas. Certains chênes plantés sous Colbert pour la marine de l’an 2000 et arrivés à maturité sont là pour témoigner de ce changement.

Affirmer l’absence de progrès c’est au fond accréditer l’adage qui dit « rien de nouveau sous le soleil » et ferait de l’histoire un perpétuel recommencement. Si tel était le cas, nul besoin ne serait des historiens pour comprendre le passé, le risque d’anachronisme n’existerait pas. La route est étroite qui s’offre à l’historien entre l’obligation où il se trouve d’interpréter le passé à la lumière de ce que font ses contemporain – l’homme est l’homme – et le risque d’assimiler ces derniers à leur ancêtres.

Malgré les disparités qui règnent à travers le monde, je crois en une progression, tout en la sachant non linéaire et marquée des dents de scie des reculades. L’horreur du nazisme a pu faire dire que le siècle dernier fut le pire de l’histoire humaine, ce qui entame fâcheusement l’idée du progrès de l’humanité. Et la moindre image qui me parvient de cette chose innommable n’est pas loin de me le faire penser aussi. Mais mon optimisme, parfois un peu volontariste certes, me fait penser que le progrès technologique et logistique a agi en caisse de résonnance et a donné une ampleur inouïe à une monstruosité que d’autres, en d’autres temps, s’ils en avaient eu les moyens, auraient égalée. L’homme n’est pas plus fou mais sa folie est de plus en plus dangereuse.

Il me semble néanmoins que la vie humaine n’a jamais eu tant de valeur dans nos sociétés, que le meurtre est de moins en moins impuni ou considéré par la majorité comme un moyen comme un autre de parvenir à ses fins. Je crois qu’il y a là des progrès qui se sont ancrés dans les consciences et ne sont pas juste dans l’air du temps. J’imagine aussi, mais avec peine, dans le même ordre d’idées, que quand ma mère était une jeune adulte, elle n’avait pas le droit de vote.

Et, puisque le texte qui avait suscité le commentaire pessimiste parlait d’un crime potentiellement homophobe, on ne peut ignorer les progrès dans ce domaine, qui me sont cette fois contemporains – et ont presque curieusement accompagné ma propre évolution – et que je peux donc plus facilement mesurer. Je vis ouvertement en tant qu’homo, j’habite dans une bourgade de moins de 1000 âmes, et je n’ai jamais rencontré, dans aucun contexte, de réaction hostile. Qu’il y ait parfois de l’hypocrisie, nul doute. Mais le dissimulateur, en un sens, montre par là même qu’il n’est plus trop sûr de lui. On me rétorquera aussi que l’homophobie persiste, parfois très violente. Il est assez classique que la réaction s’intensifie dans les moments de progrès social. Mais surtout, y a-t-il réellement intensification ? Ne nous rapporte-t-on pas des faits qui, auparavant, passaient inaperçus, faisant ainsi un effet de loupe ? Et si on en fait les titres des journaux, n’est-ce pas parce qu’ils paraissent moins acceptables ?

Je ne rassemble là que des faits bien connus, mais, mis bout à bout, ils me portent à un certain optimiste qui ne m’aveugle nullement sur la condition humaine. L’homme a perdu son paradis en gagnant sa liberté, source du meilleur et du pire, mais le meilleur pourrait-il exister sans le pire, le blanc sans le noir. Alors, les taches d’ombre sont sans doute un mal nécessaire.

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Commentaires
K
Kitty> Eh bien la souffrance de la personne avec laquelle tu vis me trouble et je ne peux que vous souhaiter obn courage à vous 2 - Sinon, un fois de plus je n'ai pas dit que la nature humaine me semblait aller vers la perfection, mais je veux juiste croire à quelques embellies irréversibles...
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K
Très honnêtement, je ne sais pas comment tu fais pour réussir à conserver cet optimisme… Est-e le fait de vivre avec quelqu'un qui souffre énormément, est-ce de vivre dans cette grande cité folle où mendient tant de pauvres à tant de coins de rue ? Je ne sais pas… Si j'ai encore foi en l'humain, je ne sais plus espérer comme toi.<br /> <br /> http://interdits.net/interdits/
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K
Lancelot> Je m'attendais à l'objection des disparités géographiques (et elle ne vient que tardivement !). J'en ai bien conscience mais j'ose espérer que le meilleur de chaque société ou culture contaminera un jour les autres...
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L
J'arrive (comme toujours, selon ma bonne habitude) avec quelques jours de retard dans le débat, pardon !<br /> <br /> Pour en revenir au propos initial de ta note, je dirais que je suis assez d'accord avec certaines des idées que tu exprimes : notamment que l'homme n'est pas plus fou que par le passé, mais que le progrès technique a amplifié les dangers de sa folie. Oui, vrai. D'autre part, l'idée que les faits divers affreux (homophobes, puisqu'il est question de cela) nous paraissent d'autant plus horribles et insoutenables que la presse et les médias projettent une lumière sur ce qui auparavant restait tristement dans l'ombre : cela aussi, ça paraît tenir d'un raisonnement très logique.<br /> <br /> Toutefois, là où j'ai tendance à être réticent, c'est sur les notions d'optimisme ou de pessimisme, de rigueur face à l'évolution de la société, des mentalités. Ce que tu appelles 'reculades et avancées en dents de scie' je ne sais pas si nous avons assez de recul (sur l'examen de quelques siècles d'histoire humaine) pour pouvoir en juger objectivement. Oui, on pourrait penser que globalement, l'ensemble tend à s'améliorer. Mais qui peut le dire ? Nous, homos occidentaux ? Moi aussi, tout comme toi, je trouve que ma situation sociale est assez confortable et heureuse, et j'ai eu très rarement d'occasions récentes de me confronter à l'homophobie. MAIS, est-ce que, pour autant, on n'a pas tendance à envisager les choses par le petit bout de la lorgnette ? Par rapport à d'autres homos vivant sur le reste de la planète, nous sommes, je crois, très très privilégiés.<br /> <br /> Alors, admettons, malgré tout, que globalement, les choses bougent dans le bon sens, même si c'est un processus très lent, ponctuel et laborieux. Espérons que la tolérance fera petit à petit tache d'huile. Mais, quoi qu'il en soit, la plus grande vigilance reste de rigueur. Sans vouloir être pessimiste (je ne sais pas pourquoi, mais je trouve ce terme, tout comme celui d' "optimiste" dans ce débat, curieusement hors de propos) il faut sans cesse ouvrir les yeux, et être prêt aussi à ouvrir sa gueule. L'édifice reste bien fragile, et pourrait s'écrouler à tout moment, j'en suis certain. Il convient de continuer à dénoncer bien haut et fort toute forme de discrimination ou de violence (homophobe ou autre). Les projecteurs qui sensibilisent l'opinion ne doivent pas s'éteindre, jamais.
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C
Kab-Aod> Je ne voudrais pas trop en rajouter, mais comme j'ai été en partie le catalyseur involontaire de nouveaux commentaires, je précise que le "constat" dont je parlais n'était pas spécifiquement celui de Karagar, mais celui, très basique, de chacun de nous qui observe les hommes et la société. Nul besoin d'un raisonnement ou d'une réflexion très poussée pour aboutir à cette conclusion, ce qui n'empêche pas de le déplorer.
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