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EN ALAN AR MEURVOR
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5 août 2009

FINES - HARZOU - BORDERS

Je n’avais jamais passé de frontières. Jamais vu, cette chose forcément invisible et dont l’immatérialité alimente pourtant le pire de l’histoire humaine depuis sans doute ses origines. Les frontières britanniques, quoique plus contrôlées que les autres, sont des avant-postes, à Roscoff ou à la Gare du Nord, impossible de voir l’invisible ligne. Quant à l’Allemagne, je m’y rendis par le train qui galopa sur l’arbitraire à vitesse tegévesque…

La première fois que mes pieds franchirent la frontière espagnole, qui délimite deux états, mais pas toujours deux pays, on le sait, c’était dans la configuration la plus romanesque qui soit. Sur la crête d’une montagne. On se plait alors à imaginer les contrebandiers d’autrefois, les chercheurs d’asile, franchir en ces lieux désolés, à l’abri des regards controleurs, une virtualité qui signifiait beaucoup pour eux. Le pic du Taillon n’est accessible aux marcheurs, de toute façon, que sur son flanc « espagnol ». A un moment, je m’assois sur un tas de cailloux et décrète que je suis en Espagne, alors que Vladimir, grand friand d’Ibérie, n’y est pas encore. Na !

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Une petite chose me frappe néanmoins qui ne prendra corps dans mon esprit que plus tard.

Une autre fois, une ballade nous mène de nouveau aux portes de l’Espagne, mais cette fois franchies par une vraie route, au sommet d’un col. Les installations d’autrefois sont encore là qui symbolisent le passage. Le même petit détail me frappe que j’attribue encore à mon imagination avant l’éloquente confirmation à venir. Mais l’élément le plus coquasse est ailleurs. De part et d’autre de la frontière, un bar, tout proche l’un de l’autre en somme. Mais les enseignes sont de langues différentes. Et puis surtout, les voitures garées le long de la route et sur les parkings. Du côté français les « E » dominent aux plaques d’immatriculation, du côté espagnol, ce sont les « F ». Comme si les promeneurs de l’un et l’autre côté, trouvait plus amusant d’aller prendre leur rafraîchissement en face ! Et nous faisons de même.

La troisième fois, nous franchissions un autre col, non loin de Roncevaux, pour aller séjourner réellement en Espagne. Ayant obliqué vers l’ouest, nous nous trouvions cette fois en pays basque. Habitué que je suis aux « degemer mat » à tout crin, je m’étonne que rien ne vienne nous signaler le changement de pays, si ce n’est l’apparition des panneaux bilingues. Le caractère verdoyant de l’Euskadi du Nord me surprend presque, alors que je savais qu’il connait la plus forte pluviométrie de l’hexagone. Au franchissement du col, cette vague remarque que je m’étais faite deux fois déjà, prend tout son sens. Une fois franchie la frontière de l’état espagnol, l’aridité règne en maîtresse. Je n’arrivais pas à me résoudre à ce qu’une ligne imaginaire corresponde aussi bien à un cliché et soudain mes notions de géographie climatique me reviennent en force. Il semble qu’on ait choisi pour frontière la ligne de crête des Pyrénées, massif fort linéaire par ailleurs. Or cette barrière rocheuse est orientée Est-Ouest. Les nuages du nord, forcés à prendre de l’altitude, se déversent sur le flanc septentrional sous l’effet de la diminution de la pression atmosphérique qui diminue d’autant la capacité de rétention en eau des nuages. Le flanc sud lui, reste sec. C’est ainsi que cette frontière, si on peut la contester par endroit d’un point de vue géopolitique, l’est assurément d’un point de vue climatique et donc végétal.

Dernier détail, à aucun de ces postes frontières, à l’aller comme au retour, je n’ai vu le nom du pays dans lequel on entrait ! Etonnant pour moi qui suis habitué, lorsque je rentre à la maison à cette succession qui me mène du général au particulier : Degemer mat e Breizh, degemer mat e Penn ar Bed, degemer mat er C’hab, degemer mat e P.*  Ca doit être une coutume bretonne !

*Bienvenue en Bretagne, dans le Finistère, dans le cap, à P.

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Commentaires
C
Au sujet du climat, cela me fascine également, on devinera pourquoi...
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C
Le continental central que je suis a été fort peu habitué aux frontières et à leur passage, d'autant que je me rendais (rends) fort peu dans les pays adjacents. Lorsque je suis allé en Alsace pour la première fois (dans les années 1980 avec mes parents), j'avais trouvé que le fait de vivre au niveau de la frontière était d'un exotisme fou, quelque chose en fait difficilement imaginable (comment ces gens là faisaient-ils pour vivre ça ?). Et je dois dire que je me suis souvent par la suite posé des questions de ce genre.<br /> Quand je suis arrivé dans ces contrées septentrionales, dès le départ je me suis rendu en Belgique plusieurs fois par inadvertance lors des séances de terrain sur la frontière, loin des routes. Je ne me suis rendu compte de rien, je n'ai même pas eu mal. Seul témoignage que je passais une limite : le téléphone portable qui changeait d'opérateur.<br /> Autrement oui, un peu partout en France, les conseils régionaux et généraux ne peuvent plus s'empêcher de disposer partout sur les routes leurs panneaux.
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K
iparralde = nord, eveljust
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K
Ah les stations prolongées dans les benta(k) de la frontière...souvenir, souvenir, sniffff !<br /> Dans mon souvenir justement, les gens du sud disaient "bestalde" (de l'autre côté) et les gens du nord disaient...pareil.Les uns se définissaient comme "hegoaldeak", ceux du sud, les autres comme "iparraldeak", ceux du sud.Pour les deux, un mot tabou,"muga", la frontière. Alors les panneaux de bienvenue dans ma chapelle, tu penses...<br /> Autrement, ce que tu dis de la différence brutale dans la végétation m'avait aussi frappée. Sauf en Navarre, où la forêt est dense côté sud, et où parfois les sommets sont bien ras côté nord.<br /> Tu remarqueras que je n'ai pas utilisé une seule fois les termes "français" et "espagnol", je fais pas exprès, "ils" m'ont élevée comme ça, hihihi...
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