TREUZKOMPREN
Journée plus détendue grâce à l’absence de Gaston. Pas forcément plus studieuse. A la faveur de ce répit, les digressions viennent facilement. Je ne sais plus comment les élèves en arrivent à me titiller sur le fait que je n’aie pas d’enfant. Je précise que c’était un choix, et même, pour dissiper tout malentendu, que ce non désir était au moins aussi fort chez ma compagne, et je pèse mes mots. Kollargoll a le visage qui s’assombrit à mesure que je m’explique. Cette mère sur le tard semble entièrement dévouée à la satisfaction de son fils unique et de ses vaches. Elle admet mal que je puisse prétendre ne pas regretter ce choix. Quoi que je dise de toute façon, elle cherche toujours à me contrer, bien maladroitement, sur le mode « c’est vraiment trop injuste ». Elle insinue qu’un jour je serai triste de ne pas avoir eu d’enfant, que, par exemple son frère Gaston, dont elle a dit pis que pendre le matin même, lui-même vieux garçon, adore son neveu. Je ne peux m’empêcher de rétorquer que ça n’est pas toujours vrai et que par exemple, mon ex est mariée à un homme qui a un fils et que pour autant, elle n’a pas forcément envie de jouer à la belle-mère. A ce moment, Boréalia intervient pour me dire qu’elle n’a rien compris à mon histoire. Je lui réponds que je ne vais pas m’étaler sur ma vie.
A la pause, néanmoins, Boréalia étant fumeuse, je la retrouve sur le perron. Je lui réexplique brièvement bien-sûr, la situation de mon ex. A aucun moment je ne parlais de moi. « Ah, ok, je n’avais rien compris tout à l’heure me dit-elle. » Vite fait, je fais un examen a posteriori de mes propos pour en jauger la difficulté linguistique. Je finis par lui demander ce qu’elle avait compris croyant y trouver l’indice d’un manque en breton. Mais sa réponse défia mes meilleures volontés pédagogiques :
« J’avais compris que tu vivais avec un mec » !