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EN ALAN AR MEURVOR
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14 novembre 2008

SUR LA BUTTE

w20Alors que les rues de Montmartre s’engorgent d’un grouillement polyglotte, alors que la grosse meringue bourgeonnant de dômes oblongs ingurgite et recrache visiteurs et bigots à un rythme effréné, Saint Pierre se terre dans un enclos qui semble la mettre hors d’atteinte. Il semble même qu’elle n’intéresse pas grand monde. Hélas, le jardin qui l’entoure est un havre inaccessible. Avec son clocher encore roman qui épaule l’abside et sa silhouette bonhomme, elle pourrait être l’église d’un village d’Ile-de-France. Sans doute au cœur d’une bourgade rurale eût-elle paru ambitieuse, eût-elle témoigné d’un passé relativement faste mais ici, au pied du monstre blanc, elle semble minuscule et ramassée. C’est pourtant, à mon sens, l’église de Paris au charme le plus fort, la plus dépaysante à force de paraître campagnarde. La voûte refaite au XVème siècle empâte un peu le haut de l’édifice, et empêche d’estimer réellement le parti d’origine. Dans le transept et le chœur par contre, les croisées d’ogives semblent anciennes, dépourvues de clef, à la façon de Durham, mais en l’absence de documentation précise sur les étapes de construction, la prudence reste de mise.

Puisque je suis sur place, je décide d’aller jeter un œil à l’édifice voisin qui a ce privilège de faire presque l’unanimité… quant à sa laideur. Alors que je passe au pied de la tour campanaire qui se situe à l’arrière de la basilique, précisément, les cloches se mettent en branle. Je scrute les balancements au travers des à-jours, cherchant à savoir si la Savoyarde serait de la partie. Mais j’opte pour la négative. J’imagine que la plus grosse cloche de France, avec ses 18,8 tonnes, aurait une voix plus sourde et plus puissante que ce que j’entends.

Lorsque je pénètre dans l’église, se sont les grandes orgues qui s’époumonent. Je pressens l’imminence d’un rite catholique. Alors qu’un  long flux de visiteurs coagule dans les collatéraux, des préposés s’évertuent à les détourner de l’espace central en jouant avec des cordons de velours rouge. Et voici que les cordons se déplacent de nouveau, créant une nouvelle voie d’accès. Arrive une étrange cohorte virevoltante de sœurs en blanc coiffées d’un voile noir qui traversent l’artère centrale, passent sous l’immense appel d’air de la coupole et prennent place dans les stalles d’un chœur rutilant et ruisselant d’ors, dont la puissance des spots n’aurait pas à rougir sur une scène de théâtre. Elles sont suivies de peu d’un cortège masculin, immense prêtre étique et longiligne au regard impassible et enfants de chœur à l’aube immaculée. Le rituel peut commencer. Alors que l’orgue monte encore en puissance, je m’installe dans une rangée pour assister au début du spectacle. L’architecture n’est pas pour rien dans cette impression de film hollywoodien ! L’abside et son immense et ridicule mosaïque, au lieu d’élever quelque chose en moi, m’évoque irrésistiblement le décor d’un film reconstituant un culte ancien et improbable. Les voix des sœurs, pas toutes justes, ont rejoint le grand instrument à vent. Je trouve finalement la première scène du film un peu longue et m’en vais ascensionner l’édifice. Je suis seul dans le colimaçon de pierre et par endroits, là où des portes donnent sur le tambour intérieur du dôme, sans doute, des bouffées d’orgue s’engouffrent dans l’escalier et donnent la réplique aux hululements du vent. C’est de nouveau assez surréel et cinématographique. Une fois dans la galerie supérieure, après un regard pour Saint Pierre, que je domine complètement, je jouis d’une vue impressionnante sur la conurbation parisienne dramatisée par un ciel tempétueux.

En bas, on se fait toujours tirer le portrait ou on s’attroupe pour admirer un jeune black perché sur une balustrade faire des choses inouïes avec un ballon et son corps au son saturé de son lecteur CD.

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Commentaires
K
La lectrice au nom de chat pourrait en témoigner...
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K
Kleg> ??????!!!!!! Quelle fut la première fois, vous prie-je?
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K
Comment voulez-vous qu'on fasse des comms sérieux quand on vous parle de grosse meringue !<br /> Par ailleurs je remarquerai sournoisement que c'est la 2ème fois en très peu de temps que le sieur Karagar entre dans des églises moches et peu réputées pour le progressisme de sa clientèle...Tss...
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