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EN ALAN AR MEURVOR
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27 juin 2008

LES DOIGTS D'EVE (Fin)

Eve ouvrit MSN. Entra un nouveau contact. Celui qui venait de lui être envoyé par mail. Ces échanges de courriels l’insupportaient. Le laps de temps était trop long. Y manquait l’instantanéité d’une conversation à bâtons rompus. Elle accéda donc à la demande d’Admirateur Timide d’entrer son adresse MSN dans ses contacts. Il était aux aguets. Son premier message creva l’écran à peine Eve avait-elle fait la manipulation.

            « Enfin ! »

            « Enfin quoi ? »

            « Enfin seuls ! »

            « Oui, le mot est bien choisi finalement, converser par écrans interposés exacerbe le sentiment de solitude. »

            « Je veux dire qu’Estragon est à l’autre bout du monde et il t’oubliera sans peine à son retour, ne trouvant plus de trace de ton blog. Quant à Frissonnante, elle passera plus tard, cela nous laisse du temps. »

            « Et les autres, enfin je suppose que tu parles de mes lecteurs ? »

            « Oui. Les autres ? Il ne t’a pas échappé qu’ils ne venaient plus, je suppose. »

« Non.  C’est la loi du genre j’imagine, les gens sont autant attirés par les textes que par l’agitation commentatrice qu’ils suscitent. Les défections en entraînent d’autres, c’est un cercle vicieux. »

« Tu n’es pas plus intriguée que çà ? Leur défection est un cas de force majeur ! Ils sont morts. »

« Morts de quoi ? »

« De ma main. »

« Je savais bien que tu ne m’inspirais pas confiance. »

« Pas un mot pour eux ? »

« J’ai une bite entre les jambes et un trou à la place du siège des émotions, me voilà bien fagotée ! »

« Tu es vulgaire ! »

« Non, malheureuse, comme toi. »

« J’en suis arrivé à la même conclusion. Bancals, tous les deux. »

« Au fond, c’est toi qui m’intéresse. Pourquoi les as-tu tués ? »

« Pour diverses raisons. Du moins les premiers. Boris, c’est évident. J’y suis allé pour toi, comment aurais-tu fait ?  J’ai essayé de lui expliquer que j’étais ton nègre, que par ma plume tu t’exprimais. Il n’a rien compris, ce con. Il m’a traité d’affabulateur, d’arnaqueur. Il avait investi énormément émotionnellement dans cette relation avec toi, je pense. Il a cru que tu n’existais pas ! Il s’en est pris à moi. Je me suis défendu. C’était un accident. Le meurtre m’est tombé dessus par accident. «

« LES premiers as-tu dit. »

« Oui. Pour Fag, c’est moi qui me suis emporté. J’ai fait tout çà pour toi, Eve. Une femme comme toi ne pouvait pas ne pas avoir de sexualité. Il fallait que tu connaisses le corps d’un homme, qu’il te pénètre, au travers moi. Alors, avec Fag, j’avais plus de chances que Boris, n’est-ce pas ? Je l’ai dragué. Je lui plaisais tu sais. C’en était presque excitant, de plaire à un homme. Il me plaisait aussi, enfin, je veux dire le personnage. Un mélange de timidité et d’arrogance. Un peu un alter ego, tout bien considéré. Ca aurait pu coller entre nous si… »

« Si ? »

« Si j’avais pu. Quand je me suis retrouvé au lit avec lui, ce contact, ces poils, cette barbe, cette odeur masculine… c’était plus que je n’en pouvais supporter. Je voulais fuir. Il me retenait cet imbécile. Il croyait bien faire. Je lui avais dit que c’était ma première fois avec un homme. Les meilleurs mensonges sont proches de la vérité. Il mettait mon attitude sur le compte de la timidité, il se montrait de plus en plus insistant. Je l’ai tué pour qu’il cesse. »

« Et les autres ? »

« C’est sur le bateau qui me ramenait de l’île aux Fleurs que j’ai compris que je te détestais. Tu m’avais vampirisé, tu avais fait de moi un assassin. Ah oui, j’oubliais… »

« Oui ? »

« Ma femme t’a vue, un soir. J’ai dû la tuer. Elle est toujours dans le congélateur. »

« Tu es malade ! »

« Oui, gangréné, c’est ce dont j’ai pris conscience sur le bateau.  J’ai alors décidé de t’effacer. »

« Chose aisée pour toi ! »

« Détrompe-toi. J’ai eu ce tort de te montrer à d’autres, par le biais de ce blog. Une partie de ton existence m’échappait. Tu existais dans d’autres cerveaux que le mien. Ils n’auraient pas dû être témoin de mon combat contre toi. Il fallait que je t’efface des consciences, des mémoires. Rachel, Coconuts… »

« Tu as tué Madame La Moule, n’est-ce pas ? »

« Ah, ah, tu es inquiète, tu crains que çà n’ait été toi ! Qui sait ? »

« Non, je lui ai parlé et puis soudain… c’est comme si je n’avais plus été là… »

« Tu as raison. J’ai pris ta place. Belle tentative pour la sauver que tu as faite. J’ai failli abandonner, sachant que je n’arriverais jamais à trouver Frissonnante et qu’Estragon était inaccessible pendant des mois. C’était trop long à attendre. Je n’aurais pas supporté cette vie six autres mois. Ils t’oublieront. »

« Mais j’existe en dehors de mes lecteurs, tu vois bien ! »

« En effet, je le constate. Tu ne faiblis jamais, au contraire, c’est moi qui m’amenuise. Peut-être ai-je tué tout ce monde pour rien au final, car la solution est ailleurs. »

« Je sais. »

« Forcément tu sais puisque tu es en moi ! »

« Alors ? Qui aura le dernier mot ? »

« Moi, bien sûr, puisque tu ne désires pas cette solution. »

« Toi non plus, évidemment, puisqu’elle te ferait renoncer à toi. »

« En effet. Mais renoncer à moi, ou accepter ce que tu fais de moi, où est le vrai choix ? »

« Si tu avais pu baiser avec Fag, il y aurait eu une autre voie possible. »

« Oui, sans doute, bancale, mais vivable. »

« Alors, qui ? »

« Si nous disions « nous », pour une fois, Eve ? »

« C’est sage, pour une fois, de reconnaître la réalité pour ce qu’elle est. »

« Ca va faire une fin différente des 10 petits nègres, finalement. »

« Oui, Clément, toujours cette envie d’en découdre avec Agatha ! Tu es drôle ! Oui, on va passer de deux à zéro d’un coup, bien vu. »

Eve et Clément avalèrent le poison exactement au même instant.

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Commentaires
C
Mais du coup, tu me mets un doute tout à coup avec tes pétunias. Tu parlais bien du plancher intérieur ou celui de la terrasse ? Et quelle conclusion ?
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K
Bon courage pour annoncer la nouvelle, si ce n'est déjà fait !!! J'ai du mal à comprendre qu'ils n'aient pas bien évalué le taux d'humidité... C'est leur premier chantier dans le Cap ?
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K
Sorry evit ar fent heu heu. Ne ouien ket e oa kudennoù. Evel ma laren e ti Cornus ar mintin-mañ ne c'hellfe ket bezañ ar plañchod oc'h en em ober eus an aergelc'h nevez ?
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K
Quand Eve aura fini de se curer les faux-ongles, elle donnera des nouvelles ? Même post-mortem c'est toujours intéressant !
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C
Je dois avouer que je l'avais vu arriver. C'était clair avant même que les meurtres ne surviennent. Un instant, Fromfrom et moi avions pensé à l'intervention de la femme de Clément, par jalousie, même si je n'y croyais guère.<br /> En tout cas, bravo pour cette histoire. Même si c'est horrible, on s'est beaucoup amusé.
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