LA GOMERA 2 : CASTILLO DEL MAR
Cette deuxième journée à la Gomera fut assez disparate et nous a mené du nord au sud-ouest de l'île.
Je vous avais laissé en fin de post précedent sur la plage de la la Hermiga, au bas de notre vallée de résidence.
La vallée de la Hermiga
Nous y avions vu un étrange bâtiment, fait de piliers de pierre qui n'étaient pas loin de me rappeler les stuctures abandonnées du télépherique du Nividig à Ouessant et que je n'ai pas pris en photo car il faisait presque nuit. On les aperçoit sur cette photo prise le lendemain de très haut et un peu zoomés sur la suivante.
Il se dégageait de cet endroit, à la faveur du crépuscule, quelque-chose d'inquiétant comme il peut se dégager d'une usine abandonnée. L'approche était interdite, à cause d'éboulements possibles, et puis, au pied des piliers géants, un ancien bassin du dispositif semblait faire une belle et tentante piscine, mais là encore, le danger guette, car les vagues peuvent enlever même celui qui se croit à l'abri dans le bassin et l'emporter inéluctablement au large, si elles ne lui ont pas fracassé la tête avant. Ces étranges constructions existent en plusieurs endroit sur la côte. Ce sont les vestiges de pescante ou bossoirs, à savoir des appareils de levage maritime. Ils sont liès au dévelopement de la culture de fruits comme la banane, qui se conservent mal et demandent à être expédiés très vite. La côte est si peu hospitalière que les havres sont rares, les bateaux ne peuvent accoster. Grâce à ce système on pouvait charger des navires qui restaient en mer.
De là nous montons au proche village d'Agulo qui domine la mer et est lui-même dominé de murailles naturelles.
Au dessus d'Agulo se trouve le mirador de Abrante qui a une plateforme en verre supsendue au-dessus du vide.
Hélas, il est fermé mais l'endroit est tout a fait étonnant puisque le plateau qui domine la mer de 600 mètres est entièrement rouge et semble vraiment irréel. En souvenir des pluies récentes, la terre est encore un peu collante, et redonner aux chaussures une couleurs un tant soit peu normale ne fut pas mince affaire.
De là, nous filons vers playa de Vallehermoso, car il semble qu'il y ait une piscine d'eau de mer et nous n'avons jusquà présent pas mis un orteil dans l'eau à la Gomera, la mer y semblant plus redoutable encore qu'à Ténérife. Mais la piscine est vide et l'endroit un peu abandonné et désert, peu engageant même... Néanmoins, j'aperçois quelque chose sur ma gauche que nous essayons de rejoindre en marchant sur une route à moitié effondrée et, là encore, sous la menace de chute de pierres de la falaise immense.
Ce que j'ai vu, c'est Castillo del Mar, qui donne tous les signes d'un château vaguement moyenageux sur un promontoire rocheux. C'est un improbable bric à brac mais qui, au péril de cette mer houleuse, fait courir mon imagination, sans réellement que je comprenne à quoi j'ai affaire.
Le château est séparé d'une autre construction en pierre par un goulet où les vagues s'engouffrent.
La porte est close, ou du moins semble maintenue close de l'intérieur par un lourd amoncellement. A un moment ou un autre, j'entr'aperçois des gars au style hippie (dont La Gomera est réputé être un lieu de rassemblement) qui escalade ce haut portail avec l'agilité d'un écureuil. Il y aurait donc du monde à l'intérieur? Et puis soudain, alors que nous partions, la porte de Castillo del Mar s'ouvre, comme dans un conte de fée. C'est au moment où le soleil paraît. Une des rares autres personnes à se promener là a lié contact avec les occupants et obtenu l'ouverture. Ces sont des squatters et ils vont raconter l'histoire du lieu qui n'est autre qu'un ancien pescante. Je reproduis ici ce qu'en dit le petit fûté, mais l'histoire telle qu'elle nous fut racontée par les squatters semble avoir été beaucoup plus conflictuelle. "
El Castillo est le nom d’un petit complexe portuaire édifié en 1890 à Vallehermoso, sur une avancée de rochers baignée par l’océan. Ce château était en fait un port d'embarcation des bananes cultivées dans l’île puis chargées sur des bateaux à vapeur. Pendant trente ans, le bâtiment a été coupé du continent, livré aux éléments et à l’oubli. Jusqu’au jour où Thomas K. Müller, photographe installé depuis longtemps à La Gomera, découvre le château endormi.
Nous sommes alors en 1981 et l’artiste décide de l’acheter. Il fallut encore attendre vingt ans avant que la route d’accès soit réparée. Il transforma l'endroit en une plate-forme culturelle consacrée à l’histoire vivante, au théâtre, au folklore, à la musique classique, au multimédia et à des projections cinématographiques. De nombreuses célébrités locales et internationales se sont produites au Castillo del Mar, attirant un vaste public dans la baie de Vallehermoso, avec en arrière-plan le majestueux pic du Teide sur l’île de Tenerife. Mais l'argent a manqué et le lieu, que les pouvoirs n'ont pas voulu subventionner, a dû fermer.
Vladimir est très mal à l'aise dans cet endroit. Nous quittons la belle vallée de Vallehermoso en direction de Valle Gran Rey, à l'ouest.
Descente vers la mer. Toutes ces vallées sont très encaissées.
Nous trouvons alors un ambiance fort différente. Pour la première fois, pas de signe d'abandon, il y a même du monde (relativement) sur la plage et moins de vague en mer. Nous pourrons donc enfin nous baigner.
Après notre bain, nous partons à pied jusqu'à la playa del Ingles qui, comme toutes les plages qui portent ce nom aux Canaries, est naturiste. Le noir du sable, le turquoise de la mer et les ocres de la falaise composent un beau tableau.
Ce côté là de l'île semble vraiment plus chaud, les variations sont étonnantes à la Gomera, pourtant bien petite. Et nous restons à flâner jusqu'au port, au pied de gigantesques falaises ocres, où je vois mon premier château de sable noir !