Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
EN ALAN AR MEURVOR
EN ALAN AR MEURVOR
Publicité
Derniers commentaires
Archives
14 septembre 2022

VACANCES NORD IBERIQUES : PULCHRA LEONINA

La raison de notre retour à León, hormis le fait que la ville nous avait déjà semblé bien sympathique à l'époque, c'était bien sûr, pour moi, de revoir la cathédrale, la belle léonaise/la belle lionne, telle qu'elle est ici surnommée par jeu de mots.

Cela fait plus de quinze ans qu’en compagnie de Vladimir je sillonne l’Europe des cathédrales et par voie de conséquence, j’ai vu certaines d’entre elles il y a fort longtemps. Et je commence à ressentir l’envie d’en revoir quelques-unes. Mes préférées, sans aucun doute, mais aussi, parmi celles-ci, certaines que j’estime avoir vu trop tôt ou trop mal. D’autres encore, et ce sont souvent les mêmes, parce que les photos prises alors me font honte. Il y avait deux noms qui surnageaient dans le lot: Lincoln et Léon.

Léon entre sans ambiguïté dans deux catégories : les mal vues et les mal photographiées. Mal vue car coupée en deux dans le sens de la hauteur par un échafaudage, qui, c’est incroyable, était toujours là, treize ans après, mais fort heureusement uniquement sur la première travée de la nef. Seule la rose ouest, et sa vitrerie ancienne, me furent confisquées. Mal photographiée pour les mêmes raisons mais aussi en raison de mon équipement d’alors (dont j’ai oublié la nature, mais le résultat n’est pas fameux, disons par euphémisme).

J'espérais surtout que, débarrassée de ses échafaudages, elle me procure le grand frisson que promet son architecture exquise et que seules quelques cathédrales m'ont donné. 

León_Cathedral_Plan

Quand on parle de la cathédrale de Léon, on met deux faits distinctifs en exergue que je vais reprendre ici :

- Question chiffres, ce n’est ni sa taille, moyenne, ni sa hauteur, moyenne, qui sont mis en avant, mais sa surface vitrée. Avec 1800 m2, elle serait la troisième d’Europe après Chartres et Metz. Cela me semblait un peu douteux. Metz « la lanterne de Dieu » est incontestablement, au vu de sa structure, la championne toute catégorie. Mais Saint Denis, Troyes, pourtant très proches en taille et fenestrage, n'étaient pas citées, d’où mon incompréhension. Alors peut-être fallait-il comprendre un peu différemment cette assertion:  l’une des plus grandes surfaces de vitraux anciens ou classés. Troyes, en effet, n’a « que » 1500 m2 de vitraux médiévaux et Saint Denis, quelques baies fort restaurées. Sous cet angle, notre espagnole est en effet bien lotie et de fait, l'ambiance de León tient beaucoup à la qualité particulière de la lumière qui la baigne.

- Le fait majeur est que la cathédrale est considérée, à juste titre, comme singulière dans son pays. Elle est la seule dont le parti est clairement français. Français, il faut bien sûr l’entendre au sens médiéval de « terres de langue d’oïl » : le domaine royal et ses zones d’influence culturelle. Alors, me direz-vous, le gothique vient de toute façon de France et à l’époque où l’on construit León, il a été introduit en Ibérie depuis assez longtemps. L’influence de la cathédrale de Bourges y avait été importante – elle qui a fait si peu d’émules dans son pays – et le gothique ibérique avait ensuite développé des caractères propres. Mais León ne ressemble en rien à ses consœurs… Alors, bien sûr, me direz-vous, tous les pays voisins de la France, après avoir développé leur propre version du gothique, ont fait quelques fanfaronnants retours aux sources de l’opus francigenum pour des édifices prestigieux (Cologne, Westminster, Aix la Chapelle…), avec plus ou moins de fidélité aux modèles. Et ces édifices, pour beaucoup, je les ai vus et regardés avec intérêt. Mais voilà, aucun d’entre eux ne m’a fait l’effet de León. La cathédrale de León n’est pas une cathédrale clin d’œil, elle est complètement, à 100 %, une cathédrale du nord de la France. Seuls, le toit plat et le mobilier intérieur trahissent sa vraie localisation. Entrer dans la cathédrale de León après avoir traversé une ville espagnole, c’est prendre un jet sans effet carbone !  C’est même plus bluffant que ça en fait: entrer dans la cathédrale de León, c’est se retrouver dans la basilique royale de Saint Denis, ni plus ni moins, car c'est elle qu'elle imite globalement. Entrer dans Saint Denis donc, mais Saint Denis qui aurait conservé ses vitraux médiévaux ! Et vous pourrez en juger: maîtrisant un peu mieux qu'avant le traitement des photos de vitraux je m'en suis donné à cœur joie. Vous êtes prévenus!

L'architecte d'origine est sans doute français, une telle orthodoxie serait sans cela peu probable, mais la copie conforme n'existe jamais dans le domaine artistique et c'est tant mieux. Là encore deux faits saillants : 

- Saint Denis est la phase finale de l'évolution gothique vers l'uniformisation/hiérarchisation de l'espace, en lien avec les conceptions théologiques et philosophiques de l'époque. Le génie de l'architecte de León est d'avoir discrètement introduit un élément "déstabilisateur" dans un schéma dont la perfection semblait interdire la fantaisie : les fenêtres hautes sont rétrécies par deux lancettes supplémentaires qui se répercutent dans le triforium qui n'est plus constitué de quatre lancettes égales mais de deux larges, légérement en retrait, et deux étroites. Légère discontinuité rythmique donc ou encore petite note discrète qui fait basculer la tonalité d'une mélodie.

- Mais l'architecte n'hésite pas à utiliser des canevas déjà surannés pour le plaisir de l'hommage et de la citation. En effet, quelle surprise de voir aux bras du transept des roses inattendues. A Saint Denis, les grandes roses sont rayonnantes, en adéquation parfaite avec le style des autres fenêtres, - elles sont peut-être les premières d'un genre promis à un succès pan-européen et durable et aussi l'exact modèle de celles, amplifiées, de Notre Dame de Paris. Or à León, que voit-on. Des roses au schéma beaucoup moins évolué : le dessin est celui (affiné) des roses de Chartres ! Et voila qui donne une clé de compréhension : les trois portails ouest et leur portique (un peu maladroit), ainsi  que la présence de six autres portails monumentaux au sud et au nord, les piles du choeur et de la nef, du style1200-1220 et non du style de Saint Denis, évoquent évidemment Chartres ou Reims, modèle dépassé alors, les tours avortées au transept évoquent la cathédrale ultime jamais menée à bien et esquissée à Laon,  Chartres et Reims. On le voit, et les exemples médiévaux sont légions, dans l'architecture à l'instar de la littérature ou de la musique, on cite, on plagie, on fait des renvois, en dépit de la mode du moment. Et l'évocation est ici claire : le domaine royal français, lieu de prestige par excellence au XIIIème siècle.

La cathédrale de León a menacé de s'écrouler. La rançon de l'évidement extrême, lit-on parfois, alors que ses modèles n'ont eu aucun souci de stabilité. Problème de conception, de fondations instables? Plusieurs facteurs sans doute. On parle aussi de la piètre qualité de la pierre. Et le fait est que, même à l'intérieur, en général peu sujet à l'usure du temps, cette mauvaise qualité saute aux yeux. La pierre y montre une surface indécise, le trait du ciseau y semble moins net. Cela n'entrave pas la beauté générale des lignes mais un regard habitué a la perfection de la modénature gothique y achoppe.

Alors le résultat de tout çà est que j'ai connu cette grâce assez rare dans le vaisseau léonin. Se croire à Saint Denis, et puis graduellement, repérer les nuances et goûter la lumière médiévale des vitraux. 

Bon je me suis un peu lâché question photos, mais comme je vous l'ai dit, j'avais une revanche à prendre. Et puis, c'est un peu toujours la même chose sous de multiples angles,  pour vous donnez un peu l'illusion d'y être. 

vue corentinienne assez rare

_O8A3674

_O8A3672 

_O8A3313

_O8A3408

_O8A3350

_O8A3343

_O8A3348

_O8A3359

_O8A3360

_O8A3363

_O8A3368

_O8A3371

_O8A3376

_O8A3379

_O8A3393

_O8A3404

 Plus tard dans la soirée

_O8A3438 

_O8A3337 Malgré une insertion des porches dans le portique pas très convainquante, quelques très belles pages de sculpture dans le style francien, couronnement de la Vierge, Christ en majesté, et bien sûr jugement dernier, avec quelques beaux démons et infortunés damnés dont les contorsions répondent jusque dans les voussures à la sérénité des élus. Hélas les grandes statues des piedroits ne sont plus en place. Vous les verrez dans le cloître.

_O8A3342

_O8A3316

_O8A3325

_O8A3331 

 _O8A3323

_O8A3324

_O8A3329 _O8A3326

Un petit montage improbable, le choeur vu du portail central.

_O8A3333

Entrons

_O8A3230

_O8A3234

 Leon                                                           Saint Denis

_O8A3088 Saint-Denis_-_Basilique_Saint-Denis_-_Nef_-2

_O8A3097

_O8A3207

Vers le transept

_O8A3103

_O8A3195

_O8A3226

_O8A3228

_O8A3219 _O8A3215 

Vers le déambulatoire

_O8A3106 _O8A3236

_O8A3130

_O8A3135

_O8A3204

Choeur et verrières

_O8A3188

_O8A3193

_O8A3158

_O8A3196

_O8A3198

_O8A3112 _O8A3139

 

_O8A3242

_O8A3116

_O8A3111

_O8A3136 _O8A3137

 Les oeuvres sculpturales ne sont pas en reste...

Tombe  de Ordoño III, roi du Leon au Xème, édificateur de la première cathédrale.

_O8A3125

_O8A3126

Tombe de l'évêque Martín "el Zamorano".

_O8A3209

_O8A3212

_O8A3213

Tombe de l 'évêque don Rodrigo Álvarez.

_O8A3241

Au nord, le bras du transept ouvre sur un vestibule qui donne sur le cloître. Un seul portail est conservé ici des trois d'origine, mais l'abri des intempéries a sans doute permis de garder les couleurs mises au XVème sur des scultures de la fin du  XIIIème. Voir un grand portail avec des couleurs médiévales n'est pas si fréquent...

_O8A3274

_O8A3268

_O8A3270

_O8A3271

 Le cloître et la face nord de la cathédrale. Ici se trouvent, comme annoncé, les statues en pied des portails ouest.

_O8A3280

_O8A3288

_O8A3296

_O8A3298

_O8A3295

_O8A3302 _O8A3305

Et pour finir, la cathédrale, version nocturne...

_O8A3125

_O8A3447

_O8A3452

_O8A3456

_O8A3460

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Karagar> Alors, difficile d'expliquer sans montrer les choses concrètement.<br /> <br /> Pour le HDR, je ne parlais pas de celui des modes automatiques qui est généralement assez nul effectivement, mais d'un autre mode avancé, mais comme je ne m'en sers pas, je ne m'y suis jamais penché. Je parle donc que du HDR fait au minimum à l'aide de deux photos (mais les appareils en font trois (ou plus possiblement, mais ce n'est pas utile en général). L'appareil gère la rafale correspondante. Bon, mais ça, difficile de t'expliquer dans le détail sans montrer (il faudrait faire un tutoriel et ça change un peu selon les modèles d'appareils).<br /> <br /> Mais sinon, avant d'en arriver là, il y a la possibilité à sortir quelque chose de potable avec une seule photo, c'est ce que j'expliquais après. Tu as raison de dire qu'on ne peut rien récupérer dans le cramé, mais cela n'est pas vrai dans le noir (ou au moins le très sombre) et c'est cela qu'il faut exploiter (c'est surtout valable en RAW, moins évident en JPEG mais néanmoins faisable). C'est la raison pour laquelle, il faut sous-exposer très fortement la photo et faire la mesure d'exposition (spot) sur des zones parmi les plus claires (pas tout à fait les plus claires). En post-traitement, tu a remonter l'exposition, surtout dans les ombres (ou basses lumières) et là, miracle, tu retrouves de la matière à récupérer. C'est très facile à faire avec Lightroom. Bon, dans les cas extrêmes, les basses lumières ne seront pas aussi belles qu'un bon HDR "naturel", mais cela peut marcher, y compris dans ton cas.<br /> <br /> Et sinon, oui, il faut utiliser un trépied pour faire les photos à 100 ISO, mais sans trépied, tu peux monter à 1600 ISO voire plus. Cela dépend aussi de l'ouverture que tu choisis et de la focale pour qu'il n'y ait pas de flou de bouger. Personnellement, dans les églises, quand j'ai beaucoup d'éléments éloignés les uns des autres (besoin de grande profondeur de champ), je règle mon diaphragme sur f/8 ou f/9 en grand-angle ou ultra-grand-angle, c'est largement suffisant. Sans trépied, on peut descendre à f/7,1. Pour des focales plus grandes, il faut fermer davantage, mais c'est rare, pour ne pas dire que cela n'arrive jamais car si tu zoom sur un élément, tu n'as plus besoin de beaucoup de profondeur de champ, alors tu peux même ouvrir un peu le diaphragme.
Répondre
K
Cornus2> Sinon, à l'intérieur je suis allé bien au dessous des isos auto pour une ouverture donnée, et presque toujours sans trépied !!
Répondre
K
Cornus> Le HDR intégré, essayé, nul ! Le bracketing je ne sais pas faire et je pensais que ça marchait pour des différences raisonnables . Mais je ne comprends rien de ceci : algré la forte dynamique de la prise initiale, il était même possible (oui oui, je ne suis pas fou) de faire une photo avec une seule prise en exposant avec mesure spot sur la partie claire, en mémorisant l'exposition et en sous exposant très fortement. Bon, après en post-traitement, tu n'échappes pas au fait d'augmenter l'exposition globalement et dans les ombres (et éventuellement baisser les hautes lumières si tu n'as pas assez sous-exposé)." Enfin si je comprends mais la différence entre les deux est telle qu'il me semble impossible de récupérer quoique ce soit entre le cramé et le trop sombre... En Raw peut-être, je ne sais pas utiliser.
Répondre
C
Je ne suis pas sûr d'être clair dans mes explications. Mais je voulais aussi dire que si on ne sait pas, on ne voir pas le montage.
Répondre
C
Karagar> OK, je n'avais pas songé à un tel montage de deux photos avec des expositions différentes car c'est le jubé qui m'intrigurait, le trouvant très proche. Tu sais que je connais bien le problème des expositions quand on a de violentes différences entre hautes et basses lumières. Le "HDR" (vrai ou faux) est justement là pour tenter de régler le problème soit directement par le boîtier par une fonction dédiée (ce que je ne fais pas), soit par un bracketing d'exposition (avec mesure spot de la lumière) puis un assemblage en post-traitement. Malgré la forte dynamique de la prise initiale, il était même possible (oui oui, je ne suis pas fou) de faire une photo avec une seule prise en exposant avec mesure spot sur la partie claire, en mémorisant l'exposition et en sous exposant très fortement. Bon, après en post-traitement, tu n'échappes pas au fait d'augmenter l'exposition globalement et dans les ombres (et éventuellement baisser les hautes lumières si tu n'as pas assez sous-exposé).
Répondre
Publicité