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EN ALAN AR MEURVOR
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23 mai 2019

HISTOIRE DE FOU

Les auteurs de romans policiers doivent parfois se creuser la tête pour trouver une situation déclenchante, comme disent nos pédagogues d'aujourd'hui, et puis il arrive que la vie vous fournisse un début d'intrigue sur un plateau, des plus mystérieux, des plus insensés. A qui trouvera un développement, une suite...

Monsieur K., appelons le ainsi, n'a pas de nouvelles de sa soeur depuis deux ans, malgré un louable effort de sa part pour réamorcer la communication. On pourrait tenter de présenter ici les supputations de Monsieur K. pour tenter de comprendre les raisons profondes de ce mutisme - et il n'est pas à court d'explications plus ou moins douteuses - mais l'espace, ou du moins le temps manque et il craindrait d'ennuyer ses chers lecteurs. Bref, à part un texto pour son anniversaire - ah que la technologie est pratique pour qui ne veut pas se mouiller - il pourrait craindre que, sans un énième coup de pied dans la fourmilière de sa part, la prochaine nouvelle consistante qui lui parvienne soit celle d'une mort (celle de son beau-frère, statistiquement).  Il se prépare d'ailleurs dans sa tête à une capitulation prochaine qui le fera, une fois de plus, donner un coup de téléphone lors duquel il s'entendra dire "tu ne donnes jamais de nouvelles" et où il devra ronger son frein pour ne pas éclater d'une colère qui traumatiserait définitivement ladite soeur.

Vous comprendrez sans peine que lorsque ce soir là, après avoir décroché, Monsieur K. entendit la voix de sa soeur à l'autre bout de l'absence de fil, voix passablement empreinte d'une espèce d'indéfinissable gêne, il pensa au trépas de son beau-frère. Mais il n'en était rien. La gêne tenait à ce que sa soeur sollicitait un service de sa part, et qu'elle devait mesurer la désinvolture de sa démarche, elle maladivement incapable de décrocher son combiné et qui trouvait soudain cette force de le faire, poussée par le besoin...

Monsieur K. se trouve être l'un des détenteurs des trois exemplaires d'une clé. Celle d'un appartement situé au nord de la péninsule, à deux heures trente de route de chez lui et où il lui arrive de se rendre - rarement - pour goûter aux plaisirs de la baignade dans la douce English Channel, comprenez la mer de Bretagne. La seconde clé est aux mains de la propriétaire du modeste logis, la propre soeur de Monsieur K. et la troisième est désormais conservée par un syndic après qu'elle avait été confiée - mais Monsieur K. lui-même peine à comprendre tous les méandres de la chose - à un voisin. L'appartement est resté vide pendant deux ans du fait des mauvaises conditions de santé (mentale) du beau-frère dont Monsieur K. ignore a peu près tout...

Or, il y a une dizaine de jours, ou une quinzaine, le voisin direct de l'appartement, un locataire, est réveillé en pleine nuit par le bruit furtif de la porte du palier glissant sur le sol en ficelle. La porte est, selon lui, refermée quelques minutes à peine plus tard. Le témoin auditif est le seul résident permanent de tout l'immeuble et cette semaine là, seul un autre appartement était occupé par des touristes. L'accès à l'ensemble du bâtiment, en bas, se fait aussi par une porte verrouillée. Le voisin s'avise, quelques jours plus tard, que la porte de l'appartement lui-même de la soeur de K. est ouverte. Il y jette un coup d'oeil pour constater que tout semble en place, il n'y a eu ni effraction, ni fouille, ni vol mais il prévient son propriétaire qui prévient la soeur de Monsieur K. On en déduit que seule la troisième clé a été utilisée pour entrer dans l'appart puisque ni Monsieur K. ni sa soeur n'ont approché l'endroit depuis des lustres.

C'est donc dans ces circonstances que Monsieur K. se voit missionné de faire cinq heures de route pour aller fermer la maudite porte ! Pourquoi lui, alors que la propriétaire est retraitée? Car elle ne peut laisser son homme seul... Pourtant, leur fille d'au moins 24 ans est à demeure à jouer les Tanguyettes. Oui, mais "tu sais bien... " s'entend-il répondre... Non, il ne sait pas mais tant pis. Il y a bien longtemps qu'il ne cherche plus à savoir. Pourquoi pas le syndic? Parce que la clé du syndic est fortement soupçonnée d'avoir ouvert l'appart... Dans quel but? Cette fois encore les explications qu'on donne à Monsieur K. sont confuses, peu cohérentes... successions de bribes, de phrases allusives... Fuites, mérule, dégâts des  eaux, bisbilles entre les propriétaires, procès... rien d'éclairant ni de très réjouissant.

Une fois sur place, Monsieur K. fait son enquête, interroge le voisin, inspecte le logis. En effet, rien n'indique le vol où la fouille mais il constate des moisissures au  pied d'une fenêtre pourtant saine et en levant le nez voit  qu'un pan du plafond a été ôté et remplacé maladroitement. Il comprend que de l'eau a coulé par là, pourri le plafond et fait moisir la natte du sol. Dans l'autre pièce d'autre pans de plafond ont subi le même traitement mais sans trace de dégât des eaux cette fois, pour accéder à quelque chose sans doute.  Il appelle sa soeur qui ignore tout de ces "travaux". Comment est-ce possible? Y a-t-il plus aveugle que celui qui ne veut pas voir? Cela rappelle à Monsieur K. bien des comportement ancestraux qui se répètent...

Ayant accompli sa mission et en désespoir de cause, il va se promener ! Et là, ça va mieux !

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Commentaires
P
Moi itou de même et pareillement, d'ailleurs mes " enfin tu sais bien" ont exactement la même fonction. et des fois je ne résiste pas à "eh bien non jene sais pas", et là c'ets comme si je sortais une obscénité, ça mets comme une gêne...
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C
Karagar> Je l'avais compris ainsi.
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K
A tous> Nous avons donc tous notre petit lexique personnel des expressions horripilantes mais, Cornus, contrairement à "tu sais", quasi respiration ou tic de langage, mon "tu sais bien"é est bien plus que ça, c'est un refus d'expliquer, une refus de se mettre face à ses propres incohérences...
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C
Moi, ce que j'adore, c'est: "Il faut bien que tu comprennes.....". Je devrais me sentir petit, mais petit ! Au contraire, je hérisse mes piquants comme un hérisson en colère et suis prêt à lacher mon venin (oui, je sais, un hérisson n'a pas de venin.) !
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C
Vu de loin aussi, cela apparaît comme une histoire de fou. Que je n'aurais pas aimé : pas tant de faire l'aller-retour, mais surtout les non-dits voire les mensonges entourant tout ça. Enfin, on a des photos sympas.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est ma présidente qui est une grande adepte des "tu sais" qu'elle me balance à chaque conversation en tête-à-tête ou par téléphone. En réalité, je ne sais rien d'au moins 90 % des "tu sais". C'est une façon de parler. Bon, mais je n'ai pas de "tu comprends".
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