TOULOUSE GOTHIQUE
Malgré l'exellence de notre mission cévenole, sa sainteté considéra que nous avions bien trop peu visité d'églises et que l'élévation de nos âmes demandait à ce que nous réparassions ce manquement. Il nous laissait le choix de notre destination pourvu qu'elle fut bien pourvue... en édifices religieux.
Or, il se trouvait, qu'un ancien moine de la congrégation à laquelle frère Vladimir appartenait autrefois, nous invitait depuis un moment à venir découvrir son nouvel ermitage à Toulouse. L'occasion était rêvée.
Sur la route, je manifestai le désir d'aller tremper mes orteils dans le grand lac salé qui sépare l'Europe de l'Afrique. Ne serait-ce que pour en savourer la tiédeur au souvenir de la fraîcheur de nos eaux extrême occidentales...
Je n'arrive décidément pas à avoir un contact agréable avec cette mer. L'endroit était d'une laideur assez remarquable, l'eau était maronnasse et ses 22° à peine suffisants pour justifier le détour. Je n'ai de surcroît pas trouvé très agréable d'y nager.
Nous voici à Toulouse, où nous avions fait il y a quelques années une escale trop rapide (les Jacobins, St Sernin) pour que je garde la moindre impression de la ville.
Nous y déambulerons trois jours et ce furent les trois jours les plus chauds du voyage. Je supporte bien la chaleur mais on aimerait quelques degrés de moins. (Mon souvenir le plus extrême est Tolède).
Heureusement, les grands arbres du canal de Brienne, nous protègent le matin dans notre approche du centre ville.
Là, nous tombons sur la Garonne que je découvre. Elle me fait bonne impression, elle semble impétueuse et on imagine qu'en des saisons moins sèches, elle doit être redoutable.
Tout le monde sait que Toulouse est rouge brique et je le confirme.
De brique sont aussi les églises médiévales (comme dans le nord de l'Allemagne!). Ainsi celle du couvent des Jacobins (ex dominicains) qui aura l'honneur de notre première visite. Je sais à quoi m'attendre.): Un chef d'oeuvre d'architecture déjà vu. Son aspect actuel date de la seconde moitié du XIIIème siècle et y retourner me consolide dans l'idée qu'il s'agit là d'un de mes espaces gothiques préférés bien que n'obéissant pas aux canons de ce que j'affectionne habituellement. Bien des éléments sont habituels dans l'art gothique languedocien, mais ici il y a le génie en plus. Cette église est par ailleurs une des premières fondations de l'ordre prêcheur et abrite depuis le XIVème la dépouille de Thomas d'Aquin.
Il y a aussi une belle salle capitulaire dont les voûtes reposent sur deux très fines colonnes de marbre.
Et la chapelle Saint Antonin, peinte d'une représentation de l'Apocalypse selon St Jean. Les 24 vieillards, et, plus bas, les anges musiciens sont tous porteurs d'intruments de musiques.
Enfin, le cloître... Bref, c'est peu dire que j'ai aimé revoir tout ça.
Et puis à Toulouse, il y a... une cathédrale. Une de celles - de moins en moins nombreuses - que je n'avais encore jamais vues mais qui n'était pas très bien placée au panthéon.
Cette cathédrale, que dire qu'autre sinon que c'est un sacré - bien sûr - engin ! Une nef du premier art gothique méridional dont il semble qu'elle en soit même le prototype, à laquelle se greffe - mal -, sur un axe très décalé, un choeur rayonnant, de ce rayonnant méridional que me laisse froid. Des échafaudages dans la nef sale et sombre n'aident pas à l'apprécier. De très beaux détails décoratifs dans les chapelles rayonnantes néanmoins mais qui ne suffisent pas à m'emporter.
(je constate que je n'ai pas pris de photo du décalage, donc je vous en mets une d'Internet)
Finalement c'est la façade un peu boiteuse qui me charme le plus, notamment le contraste entre la sobriété de sa maçonnerie et la rosace, directement inspirée de la rosace ouest de N. D. de Paris.